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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 17:24

C'est ce soir que la 87ème cérémonie des Oscars se déroulera au Kodak Theatre de Los Angeles. La soirée, présentée par l'acteur Neil Patrick Harris, mettra en compétition BIRDMAN (9 nominations), THE GRAND BUDAPEST HOTEL (9 nominations), THE IMITATION GAME (8 nominations), BOYHOOD (6 nominations), AMERICAN SNIPER (6 nominations), LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (5 nominations), FOXCATCHER (5 nominations) ou encore INTERSTELLAR (5 nominations).

Comme chaque année depuis la création de ce blog, je sors ma boule de cristal afin d'essayer de deviner qui seront les vainqueurs et qui succèdera à 12 YEARS A SLAVE pour l'oscar du meilleur film.

 

MEILLEUR MONTAGE SONORE

AMERICAN SNIPER - Alan Robert Murray et Bod Asman

BIRDMAN - Martin Hernandez et Aaron Glascock

LE HOBBIT : LA BATAILLE DES CINQ ARMEES - Brent Burge et Jason Canovas

INTERSTELLAR - Richard King

INVINCIBLE - Becky Sullivan et Andrew DeCristofaro

Probabilité : INTERSTELLAR.

Mon choix : INTERSTELLAR.

 

MEILLEUR MIXAGE SONORE

AMERICAN SNIPER - John Reitz, Gregg Rudloff et Walt Martin

BIRDMAN - Jon Taylor, Frank A. Montano et Thomas Varga

INTERSTELLAR - Gary A. Rizzo, Gregg Landaker et Mark Weingarten

INVINCIBLE - Jon Taylor, Frank A. Montano et David Lee

WHIPLASH - Craig Mann, Ben Wilkins et Thomas Curley

Probabilité : INTERSTELLAR.

Mon choix : WHIPLASH.

 

MEILLEUR MONTAGE

AMERICAN SNIPER - Joel Cox et Gary D. Roach

BOYHOOD - Sandra Adair

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Barney Pilling

IMITATION GAME - William Goldenberg

WHIPLASH - Tom Cross

Probabilité : WHIPLASH, mais à défaut à cause de l'absence absurde de GONE GIRL et de EDGE OF TOMORROW parmi les nommés.

Mon choix : WHIPLASH, en partie grâce au rythme furieux qu'il instille à ses séquences musicales, notamment lors de son fabuleux final.

 

MEILLEURS EFFETS SPECIAUX

CAPTAIN AMERICA : THE WINTER SOLDIER - Dan DeLeeuw, Russell Earl, Bryan Grill et Dan Sudick

LA PLANETE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT - Joe Letteri, Dan Lemmon, Daniel Barrett et Erik Winquist

LES GARDIENS DE LA GALAXIE - Stephane Ceretti, Nicolas Aithadi, Jonathan Fawkner et Paul Corbould

INTERSTELLAR - Paul Franklin, Andrew Lockley, Ian Hunter et Scott Fisher

X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST - Richard Stammers, Lou Pecora, Tim Crosbie et Cameron Waldbauer

Probabilité : INTERSTELLAR. L'effort de Nolan pour éviter le plus possible les images de synthèse - comme à l'époque d'INCEPTION - devrait encore être salué au milieu d'une concurrence qui ne jure plus que par les CGI.

Mon choix : LA PLANETE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT, pour le boulot phénoménal accompli afin d'humaniser les singes. La performance capture a fait de tels progrès qu'elle permet dorénavant de dépasser les capacités d'expression que conférait le maquillage standard.

 

 

MEILLEURS MAQUILLAGES ET COIFFURES

FOXCATCHER - Bill Corso et Dennis Liddiard

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Frances Hannon et Mark Coulier

LES GARDIENS DE LA GALAXIE - Elizabeth Yianni Georgiou et David White

Probabilité : THE GRAND BUDAPEST HOTEL, parce qu'une production de Marvel est moins prestigieuse qu'un film de Wes Anderson du point de vue de l'Académie des Oscars.

Mon choix : LES GARDIENS DE LA GALAXIE. Malgré le fait que je ne sois pas un fan des productions Marvel, je dois reconnaitre un beau boulot accompli sur ce film-là au niveau de la direction artistique. 

 

MEILLEURS COSTUMES

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Milena Canonero

INHERENT VICE - Mark Bridges

INTO THE WOODS - Colleen Atwood

MALEFIQUE - Anna B. Sheppard

Mr. TURNER - Jacqueline Durran

Probabilité : THE GRAND BUDAPEST HOTEL, suivi d'INTO THE WOODS puisqu'il ne faut jamais sous-estimer la côte de la déjà multi-oscarisée Colleen Atwood.

Mon choix : THE GRAND BUDAPEST HOTEL, puisque sa direction artistique colorée contribue grandement au charme - dans mon cas, relatif - de ce bonbon acidulé qu'est le dernier long métrage de Wes Anderson. 

 

MEILLEURS DECORS

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Adam Stockhausen et Anna Pinnock

IMITATION GAME - Maria Djurkovic et Tatiana Macdonald

INTERSTELLAR - Nathan Crowley et Gary Fettis

INTO THE WOODS - Dennis Gassner et Anna Pinnock

Mr. TURNER - Suzie Davies et Charlotte Watts

Probabilité : THE GRAND BUDAPEST HOTEL.

Mon choix : THE GRAND BUDAPEST HOTEL, pour les raisons exposées précédemment.

 

MEILLEURES PHOTOGRAPHIES

BIRDMAN - Emmanuel Lubezki

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Robert Yeoman

IDA - Lukasz Zal et Ryszard Lenczewski

Mr TURNER - Dick Pope

INVINCIBLE - Roger Deakins

Probabilité : BIRDMAN. Choix évident vu la prouesse technique accomplie avec ce fameux faux plan séquence.

Mon choix : BIRDMAN, pour la même raison, surtout que Lubezki est actuellement le meilleur chef opérateur en activité.

 

 

MEILLEURES CHANSONS

"Everything is Awesome" de LA GRANDE AVENTURE LEGO - Shawn Patterson

"Glory" de SELMA - John Legend et Common

"Grateful" de BEYOND THE LIGHTS - Diane Warren

"I'M NOT GONNA MISS YOU" de GLEN CAMPBELL : I'LL BE ME  - Glen Campbell et Julian Raymond

"LOST STARS" de NEW YORK MELODY - Gregg Alexander et Danielle Brisebois

Probabilité : SELMA.

Mon choix : LA GRANDE AVENTURE LEGO.

 

MEILLEURES MUSIQUES

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Alexandre Desplat

IMITATION GAME - Alexandre Desplat

INTERSTELLAR - Hans Zimmer

Mr. TURNER - Gary Yershon

LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS - Johann Johannsson

Probabilité : INTERSTELLAR, même si je suis enclin à penser que le type de musique composé par Zimmer sur ce film n'est pas trop du goût des membres de l'Académie. Il n'est pas improbable que Desplat soit finalement récompensé à la place, surtout au vu de ses nombreuses nominations précédentes.

Mon choix : INTERSTELLAR, dont certains thèmes lyriques sont particulièrement entêtants et envoutants.

 

MEILLEURS FILMS ETRANGERS

IDA (Pologne) - Pawel Pawlikowski

LEVIATHAN (Russie) - Andrew Zvyagintsev

MANDARIINID (Estonie) - Zaza Urushadze

TIMBUKTU (Mauritanie) - Abderrahmane Sissako

LES NOUVEAUX SAUVAGES (Argentine) - Damian Szifron

Probabilité : IDA, car c'est le seul film qui est nommé dans une autre catégorie que celle-là.

Mon choix : Aucun, puisque je n'ai pas vu les cinq noommés.

 

MEILLEURS FILMS D'ANIMATION

LES NOUVEAUX HEROS - Don Hall, Chris Williams et Roy Conli

LES BOXTROLLS - Anthony Stacchi, Graham Annable et Travis Knight

DRAGONS 2 - Dean DeBlois et Bonnie Arnold

LE CHANT DE LA MER - Tomm Moore et Paul Young

LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA - Isao Takahata et Yoshiaki Nishimura

Probabilité : LES BOXTROLLS, grâce à l'absence scandaleuse de LA GRANDE AVENTURE LEGO parmi les nommés.

Mon choix : LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA, même s'il n'a aucune chance de l'emporter.

 

 

MEILLEURS SCENARII ADAPTES

AMERICAN SNIPER - Jason Hall

IMITATION GAME - Graham Moore

INHERENT VICE - Paul Thomas Anderson

LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS - Anthony McCarten

WHIPLASH - Damien Chazelle

Probabilité : IMITATION GAME, car adapté d'une histoire vraie, car biopic, car premier script de la "Black List" de 2011.

Mon choix : WHIPLASH, sous réserve car je n'ai pas encore vu INHERENT VICE. Au moins ça évitera le choix d'une énième "incroyablement fabuleuse et géniale histoire vraie".

 

MEILLEURS SCENARII ORIGINAUX

BIRDMAN - Alejandro Gonzalez Inarritu, Nicolas Giacobone, Alexander Dinelaris Jr. et Armando Bo

BOYHOOD - Richard Linklater

FOXCATCHER - E. Max Frye et Dan Futterman

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Wes Anderson et Hugo Guinness

NIGHT CALL - Dan Gilroy

Probabilité : BOYHOOD, l'Académie privilégiant l'ensemble du film plutôt que le fait que le scénario n'ait été composé qu'au fur et à mesure.

Mon choix : NIGHT CALL pour sa seule nomination (pourquoi ?!), suivi de BIRDMAN qui, malgré quelques scènes défonçant les portes ouvertes (critique des média, critique de la critique...), reste un bel ouvrage réservant de beaux dialogues dramatiques.

 

MEILLEURES ACTRICES DANS UN SECOND ROLE

BOYHOOD - Patricia Arquette

WILD - Laura Dern

IMITATION GAME - Keira Knightley

BIRDMAN - Emma Stone

INTO THE WOODS - Meryl Streep

Probabilité : BOYHOOD. Aucune chance que Patricia Arquette perde.

Mon choix : BOYHOOD. Mon choix depuis que j'ai vu BOYHOOD (soit il y a plus de six mois)

 

MEILLEURS ACTEURS DANS UN SECOND ROLE

LE JUGE - Robert Duvall

BOYHOOD - Ethan Hawke

BIRDMAN - Edward Norton

FOXCATCHER - Mark Ruffalo

WHIPLASH - J.K. Simmons

Probabilité : WHIPLASH. Idem, aucune chance que Simmons ne l'obtienne pas.

Mon choix : WHIPLASH, une évidence tant son personnage et son interprétation sont aussi intenses qu'inoubliables.

 

 

MEILLEURES ACTRICES DANS UN ROLE PRINCIPAL

DEUX JOURS, UNE NUIT - Marion Cotillard

LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS - Felicity Jones

STILL ALICE - Julianne Moore

GONE GIRL - Rosamund Pike

WILD  - Reese Witherspoon

Probabilité : STILL ALICE, parce qu'il est l'heure de consacrer Julianne Moore, qu'elle incarne une personnalité réelle, atteinte d'une grave maladie de surcroit, et qu'elle a déjà raflée tous les prix d'interprétation de cette année.

Mon choix : GONE GIRL, pour le portrait de femme le plus fascinant et le plus tordu vu sur un écran depuis BASIC INSTINCT.

 

MEILLEURS ACTEURS DANS UN ROLE PRINCIPAL

FOXCATCHER - Steve Carell

AMERICAN SNIPER - Bradley Cooper

IMITATION GAME - Benedict Cumberbatch

BIRDMAN - Michael Keaton

LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS - Eddie Redmayne

Probabilité : LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (combo biopic + génie + handicap + histoire d'amour bravant l'adversité). J'aurai aimé croire que l'Académie n'allait pas tomber dans un tel panneau grossier pour récompenser plutôt Keaton, mais il semble que l'on se dirige vers une situation similaire à celle qui avait vue la confrontation du Sean Penn de HARVEY MILK avec le Mickey Rourke de THE WRESTLER.

Mon choix : BIRDMAN, parce qu'il est temps de récompenser la carrière de Michael Keaton qui signe un magnifique come-back avec le rôle de sa vie - car, soyons honnêtes, aucun autre acteur n'aurait pu jouer ce personnage en lui donnant une telle résonnance tragi-comique.

 

MEILLEURS REALISATEURS

THE GRAND BUDAPEST HOTEL - Wes Anderson

BIRDMAN - Alejandro Gonzalez Inarritu

BOYHOOD - Richard Linklater

FOXCATCHER - Bennett Miller

IMITATION GAME - Morten Tyldum

Probabilité : BIRDMAN, sachant qu'il faut être un metteur en scène de génie pour orchestrer un pareil plan séquence sans que celui-ci n'apparaisse comme un artifice tapageur. On n'est évidemment toutefois pas à l'abri que les membres votent pour un réalisateur bien plus consensuel ou frileux.

Mon choix : BIRDMAN, pour la raison précédente.

 

MEILLEURS FILMS

AMERICAN SNIPER

BIRDMAN

BOYHOOD

THE GRAND BUDAPEST HOTEL

IMITATION GAME

SELMA

LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS

WHIPLASH

Probabilité : Ca se jouera entre BOYHOOD et BIRDMAN. Je penche pour le premier, vu que le duel ne sera sûrement pas tranché. On va donc se retrouver dans une situation semblable aux deux années précédentes : l'oscar du réalisateur va aller à l'un, celui du film va aller à l'autre. 

Mon choix : BIRDMAN, quitte à choisir le moins "consensuel" des deux. WHIPLASH en second choix. Néanmoins, comme l'année dernière entre GRAVITY et 12 YEARS A SLAVE, le compétiteur direct BOYHOOD est loin d'être indigne de ravir la statuette suprême.

 

 

TOTAL PROBABILITE

. INTERSTELLAR - 4 oscars (effets spéciaux, musique, mixage sonore, montage sonore)

. BOYHOOD - 3 oscars (film, actrice dans un second role, scénario original)

. THE GRAND BUDAPEST HOTEL - 3 oscars (décors, costumes, maquillages et coiffures)

. BIRDMAN - 2 oscars (réalisateur, photographie)

. WHIPLASH - 2 oscars (acteur dans un second role, montage)

. LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS - 1 oscar (acteur principal)

. STILL ALICE - 1 oscar (actrice principale)

. IMITATION GAME - 1 oscar (scénario adapté)

. LES BOXTROLLS - 1 oscar (film d'animation)

. IDA - 1 oscar (film étranger)

. SELMA - 1 oscar (chanson)

 

TOTAL PERSONNEL

. BIRDMAN - 4 oscars (film, réalisateur, acteur principal, photographie)

. WHIPLASH - 4 oscars (acteur dans un second role, scénario adapté, montage, mixage sonore)

. THE GRAND BUDAPEST HOTEL - 2 oscars (décors, costumes)

. INTERSTELLAR - 2 oscars (musique, montage sonore)

. GONE GIRL - 1 oscar (actrice principale)

. BOYHOOD - 1 oscar (actrice dans un second role) 

. NIGHT CALL - 1 oscar (scénario original)

. LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA - 1 oscar (film d'animation)

. LA PLANETE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT - 1 oscar (effets spéciaux)

. LES GARDIENS DE LA GALAXIE - 1 oscar (maquillages et coiffures)

. LA GRANDE AVENTURE LEGO - 1 oscar (chanson)

 

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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 11:59

L'année s'achève et laisse un constat cinématographique relativement mitigé. Alors que 2013 était une belle cuvée voyant le retour en très grande forme de quelques-uns des meilleurs cinéastes en activité, 2014 apparait un poil plus faible sur le strict plan qualitatif. Certes, la production n'a globalement pas été trop mauvaise, même si plusieurs longs métrages très faibles, voire carrément lamentables, ont inévitablement terni le tableau. Beaucoup de films enthousiasmants sont à noter et pas mal d'entre eux recèlent d'immenses qualités. Toujours parmi les bons côtés, on peut ajouter qu'il y a aussi eu de réjouissantes surprises de la part de cinéastes que l'on n'attendait pas.

Malheureusement, il n'y a eu que bien peu de grands chocs esthétiques par rapport aux années précédentes. Moins de claques mémorables ou inattendues et pas assez de partis pris audacieux ou avant-gardistes, comme si 2014 était le creux entre deux vagues massives. En effet, cette année passée fut le calme avant la tempête. En effet, un tourbillon va se déchainer à partir de janvier 2015 pour durer jusqu'à la sortie du prochain STAR WARS qui couronnera douze mois d'hyper-activité cinématographique.

En attendant, l'heure est au bilan. Il est temps de dresser une liste - forcément très personnelle car conditionnée par le nombre et le choix de films que j'ai vu - de ce qu'il fallait absolument voir et ce qu'il fallait impérativement éviter. Je précise enfin que, comme j'ai eu une année plus chargée que les précédentes, je n'ai pas eu le temps (ni l'envie parfois) de rédiger une critique pour chacun des longs métrages que j'ai découvert en 2014. Néanmoins, je tacherai d'écrire quelque chose sur deux ou trois films de mon 'top' dans les semaines à venir.

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Commençons par les sommets de cinéma que nous avons eu au cours de cette année. Cette liste est hétéroclite, réunissant des longs métrages abordant des genres et des styles assez variés : on y retrouve du western, du drame poignant, de la S.F. un peu bourrine, de la comédie irrévérencieuse et du thriller anxyogène. Ca et là, des noms que l'on n'attendait pas nécessairement apparaissent au milieu de quelques valeurs sures. Ce 'top 10' contient donc de quoi satisfaire tout le monde puisqu'il est à l'image de cette année plus surprenante que réellement inoubliable.

 

AU PIED DU PODIUM

12 YEARS A SLAVE DE STEVE McQUEEN

LA GRANDE AVENTURE LEGO DE CHRIS MILLER ET PHIL LORD

LAST DAYS OF SUMMER DE JASON REITMAN

LES SORCIERES DE ZUGARRAMURDI D'ALEX DE LA IGLESIA

NIGHT CALL DE DAN GILROY

THE HOMESMAN DE TOMMY LEE JONES

 

LE 'TOP 10' DE 2014

 

10. EX AEQUO. A MOST VIOLENT YEAR DE J.C. CHANDOR

L'une des surprises de cette fin d'année. Avec ce troisième long métrage, Chandor dévoile un univers de plus en plus cohérent. Encore une fois, ses protagonistes sont confrontés à l'idée que leur monde et les valeurs dans lesquelles ils croient sont sur le point de disparaitre. Ils luttent alors pour survivre en bafouant parfois les idéaux qu'ils plaçaient autrefois en porte-étendards. En plus de livrer une nouvelle peinture pessimiste de cette Amérique ultra-libérale et hypercompétitive, Chandor ausculte avec ironie les rouages d'un mariage apparemment parfait dans lequel l'amour, la plus belle des vertues, sert paradoxalement à légitimer quelques écarts par rapport à la morale afin de conserver cet ordre si laborieusement établi. 

 

10. EX AEQUO. GONE GIRL de David Fincher

De son côté, en analysant l'enfer de la vie de couple et la terrifiante incompréhension entre les sexes à travers un polar aussi sadique et mordant que profondément déprimant, GONE GIRL s'impose comme une pierre fondamentale dans l'oeuvre de Fincher. Orchestré avec une maestria phénoménale, ce film agressif et ludique apparait comme une relecture perverse et retorse des NOCES REBELLES à la sauce BASIC INSTINCT. Sur le plan formel - montage, cadrage, lumière - ce thriller met à l'amende tout ce qui est sorti cette année. Mais c'est dans son script machiavélique et la prestation proprement hypnotisante de son actrice principale Rosamund Pike que résident sa grande violence psychologique et son terrifiant cynisme.

Ma critique

 

9. WE ARE WHAT WE ARE de Jim Mickle

Commençant comme un drame austère mettant en scène une famille endeuillée, ce "remake" d'un film d'horreur mexicain se démarque de sa version originale en l'inscrivant dans un cadre religieux aussi étouffant que typiquement américain. Le mystère et le suspense, parfaitement gêrés, montent graduellement avec cette histoire monstrueuse dans laquelle le cannibalisme devient la métaphore de l'embrigadement idéologique et théologique de deux gamines, prisonnières de l'ombre imposante de leur terrifiant père-ogre. Ce troublant conte morbide, saupoudré par un délectable humour noir, s'achève sur une séquence finale aussi choquante qu'effroyablement logique qui ne laissera personne indifférent.

Ma critique

 

8. EDGE OF TOMORROW de Doug Liman

Ca a été la surprise de la saison estivale. Au milieu des reboots, des suites et des franchises super-héroïques, EDGE OF TOMORROW ne partait pas avec un grand avantage, d'autant plus que sa star n'est toujours pas en odeur de sainteté dans son pays. Adapté d'un livre japonais inconnu et maladroitement vendu, le vilain petit canard de l'été a pourtant ridiculisé la concurrence par l'utilisation intelligente de son concept fantaisiste, son humour rafraichissant, sa poignante densité émotionnelle, et la frénésie furieuse de ses scènes d'action qui renvoient à ALIENS, STARSHIP TROOPERS et IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN. Cette métaphore littérale du "reboot" que veut orchestrer Cruise depuis une décennie marque sa renaissance définitive.

Ma critique

 

7. HER de Spike Jonze

En partant d'un postulat original qui aurait pu le faire tomber du côté de la charge facile contre la technologie, Spike Jonze parvient à créer une comédie romantique aussi touchante qu'intelligente. Aidé par d'excellents comédiens - dont Joachim Phoenix qui livre la meilleure performance de sa carrière - le réalisateur de MAX ET LES MAXIMONSTRES élabore un univers futuriste d'une parfaite cohérence et d'une indéniable richesse. Mélangeant une ultra-urbanisation aseptisée avec une esthétique rétro, ce monde soutient visuellement le propos de Jonze sur la façon dont la technologie moderne impacte, résout parfois et complique souvent les problématiques de toujours (l'amour et les liens sociaux).

 

6. INTERSTELLAR de Christopher Nolan

Même si elle était prévue pour Steven Spielberg, cette épopée spatiale est avant tout un pur produit de Nolan qui lui permet de faire évoluer son style et ses obsessions vers plus d'optimisme et d'empathie. En cela, INTERSTELLAR est le film le plus compliqué qu'il ait eu à élaborer. Mais c'est aussi son plus primordial. Bien qu'encore conceptuelle et touchée par quelques menus défauts propres à son cinéaste, cette aventure à l'ancienne rappelle l'importance de l'imaginaire, du rêve, de l'émotion, du courage et de l'originalité à l'heure où le cinéma populaire s'enferme dans le cynisme et un dangereux opportunisme. Que cet appel à la découverte soit fait par un artiste que l'on disait froid, logique et terre-à-terre est assez symbolique.

Ma critique

 

5. SAINT-LAURENT de Bertrand Bonello

Deux biopics sur Yves Saint-Laurent cette année pour deux propositions de cinéma radicalement opposées. Là où Jalil Lespert a fait le choix de la sécurité et d'un académisme ronflant, Bertrand Bonello, fidèle à sa réputation, rejette les clichés du genre pour livrer un film formellement audacieux et thématiquement passionnant. Inattendu et libre comme son sujet, le long métrage refuse la voie de la facilité pour élaborer un récit exigeant, au risque de perdre une partie de son public. Avec sa mise en scène sensorielle et lyrique, Bonello parvient à nous raconter YSL en nous plongeant dans son univers mental plutôt qu'en nous détaillant minutieusement ses faits et gestes historiques. Un biopic exemplaire dont bon nombre devrait s'inspirer.

Ma critique

 

4. THE ROVER de David Michod

Moins une croisade post-apocalyptique à la MAD MAX qu'un néo-western lorgnant vers la noirceur crépusculaire de LA ROUTE et du NO COUNTRY FOR OLD MEN de l'écrivain Cormac McCarthy, le second film du jeune réalisateur australien est un envoutant "road trip". Recu de façon mitigée à Cannes, THE ROVER a probablement souffert de sa campagne marketing qui le vendait comme un thriller haletant alors qu'il est surtout un voyage mental contemplatif. Néanmoins, sa brutalité sporadique n'a d'égale que la puissance évocatrice de ses images et le désespoir de ses personnages perdus, errant dans un désert infernal afin d'y expier leurs péchés. Les jeux de Guy Pearce et Robert Pattinson sont d'une sidérante intensité.  

 

3. LE VENT SE LEVE de Hayao Miyazaki

Le mythique réalisateur japonais, d'abord connu pour ses contes et son goût pour le fabuleux, achève une carrière admirable avec un long métrage testamentaire amer, romanesque et faussement introverti. Suivant la vie d'un ingénieur dont les magnifiques avions furent détournés afin de servir d'outils de guerre meurtriers, cette fresque semi-autobiographique est effectivement traitée avec une retenue qui peut froisser les amateurs d'esbrouffe. Mais le film dégage une maîtrise formelle, une passion et une telle mélancolie qu'il emporte tout sur son passage, s'imposant comme l'un des plus beaux et exigeants de son metteur en scène. Un bouleversant appel à vivre, tantôt terriblement pessimiste, tantôt incroyablement lumineux.

 

2. LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA D'ISAO TAKAHATA

L'autre testament de l'un des plus illustres cinéastes d'animation. Ami et rival de Miyazaki, le second pilier fondateur du studio nippon Ghibli a vu les choses en grand pour son dernier tour de piste. Patiemment élaborée pendant plusieurs années afin que chacune de ses images ressemble à une estampe animée, cette adaptation d'un conte japonais bouleverse par sa puissance émotionnelle ainsi que par la délicate féérie de son intrigue qui jongle merveilleusement entre les moments de joie et les passages plus dramatiques. Le cinéaste qui avait déjà signé le film le plus triste du monde - LE TOMBEAU DES LUCIOLES - nous assomme avec un final qui fera briller les yeux de tous les spectateurs. Le mot "somptueux" a été inventé pour ce long métrage.

 

1. WHIPLASH DE DAMIEN CHAZELLE

L'électrochoc de fin d'année sous la forme d'une série ininterrompue de violents uppercuts. WHIPLASH est au film musical ce que RAGING BULL est au film de boxe. Sous la forme d'un thriller dans lequel chaque morceau de batterie est mis en scène comme une séquence d'action, le film livre une passionnante réflexion sur la nécessité de faire des sacrifices psychologiques et physiques afin de créer une oeuvre d'art immortelle. Par le biais de ce duel furieux, Chazelle s'impose comme un cinéaste de génie. Chef d'oeuvre de toute une vie ou prémices d'une carrière époustouflante ? Il est trop tôt pour le dire. Mais si le film vous met déjà K.O. au bout de soixante minutes, sachez que son dernier quart d'heure vous laissera carrément en transe sur votre siège

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Passons à une seconde partie moins réjouissante - quoique - dans laquelle je vais faire le tour des dix plus mauvais films que j'ai vu cette année. Cela va du projet prometteur qui se rate en beauté au gros "blockbuster" perdu d'avance, et du long métrage signé par un auteur surévalué au faux pas déprimant d'une ancienne gloire du septième art. Là encore, il y en a pour tous les goûts, bien que ces navets ne soient souvent même pas dignes d'être visionnés lors d'une soirée entre amis avec quelques bouteilles de bière à la main.

 

LE 'FLOP 10' DE 2014

 

10. THE CANYONS DE PAUL SCHRADER

Paul Schrader est l'une des rares grandes figures du Nouvel Hollywood à avoir sû poursuivre honorablement sa carrière après le tournant des années 1980. Néanmoins, il est difficile de nier que le bonhomme a accompli la plupart de ses meilleurs travaux en tant que scénariste plutôt qu'en tant que réalisateur. En pleine perte de vitesse depuis dix ans, il s'est retrouvé coincé sur ce projet "kick-starter" entre un script un peu honteux rédigé par un Bret Easton Ellis complètement à l'ouest et un casting aussi improbable que peu enthousiaste. Se voulant hautement provocateur et subversif, ce film creux et laid sur Hollywood et ses névrosés ne choquera bien que les vieux spectateurs qui n'ont pas été au cinéma depuis trente ans. Prétentieux et ennuyeux à mourir.

 

9. TRANSCENDANCE DE WALLY PFISTER

Parce qu'il est le chef opérateur attitré de Christopher Nolan, Wally Pfister s'est offert pour son premier film en tant que réalisateur un immense budget, un casting cinq étoiles et un scénario classé dans la "Black List" de 2012 qui regroupait les meilleurs scripts alors non produits à Hollywood. Malgré toutes ces rassurantes cartes en main, Pfister parvient à surprendre par la médiocrité et la consternante superficialité de son "blockbuster" antispectaculaire, glacial, assez moche et surtout absolument incapable de creuser en profondeur les multiples questions passionnantes qui découlaient de son sujet. Les acteurs sont aux abonnés absents et Johnny Depp livre l'une des plus mauvaises interprétations de sa carrière.

Ma critique

 

8. LA BELLE ET LA BETE DE CHRISTOPHE GANS

Difficile de dire du mal d'un film qui partait avec de si bonnes intentions. Pour une fois que des producteurs français investissaient sur un film d'aventure fantastique plutôt que sur une comédie TF1 ou sur un biopic mou du genou, il fallait que ce long métrage soit une énième relecture d'un célèbre conte qui ne parvienne jamais à la hauteur de ses illustres prédecesseurs. Malgré de jolis décors et de beaux costumes, le film ne réussit pas à faire vivre son monde imaginaire. Tout est désincarné et faux, avant de sombrer dans une surenchère visuelle aussi injustifiée que ridicule. Si cet échec vient en partie de son script bancal, des erreurs de casting fort préjudiciables annihilent aussi toute empathie et toute alchimie entre les personnages.

Ma critique

 

7. MALEFIQUE DE ROBERT STROMBERG

Projet élaboré afin de surfer sur toutes les modes qui gangrènent actuellement le cinéma populaire, cette relecture du conte de Charles Perrault en est une trahison intégrale. Quitte à ne pas faire les choses à moitié, il piétine aussi au passage le chef d'oeuvre produit par Disney en 1959. Vétu des oripeaux "convenables" d'un féminisme de pacotille, le film se vante de proposer le portrait complexe d'une sorcière (jamais) maléfique dont la puissance n'est pourtant perceptible qu'à l'aune de la faiblesse de ses opposants, tous réduits à des rôles d'ingrats et/ou de faire-valoirs. A l'image globale du long métrage, le monde magique qui y est dépeint n'est qu'un gloubi boulga d'influences trop évidentes pour lui conférer une personnalité propre.

Ma critique

 

6. THE AMAZING SPIDER-MAN 2 DE MARC WEBB

Suite du "reboot" catastrophique des aventures du super-héros Spider-man, qui avait été orchestré à la va-vite par Sony afin de ne pas perdre les droits du personnage, le nouveau film de Marc Webb copie la stratégie Marvel en élaborant un univers interconnecté afin que le studio puisse surexploiter sa licence. Raté puisque, malgré un beau résultat au box-office, Sony estime que le film n'a pas atteint ses attentes financières délirantes. On ne s'en plaindra pas. Si Webb fait illusion par son traitement de la romance liant le couple principal, et qu'il délègue les plans de haute voltige à des infographistes doués, il est incapable de mener un projet d'une telle ampleur, ignorant ce qu'il veut raconter et s'emmelant les pinceaux lors de moments embarrassants.

Ma critique

 

5. LES TROIS FRERES - LE RETOUR DE DIDIER BOURDON, PASCAL LEGITIMUS et BERNARD CAMPAN

Au tournant des années 1990, le groupe des "Inconnus" réunissait les trois comiques les plus drôles de France : pas un mauvais sketch à leur actif et tellement de répliques cultes qu'on pourrait en faire une encyclopédie. Lorsqu'ils se sont lancés dans le cinéma, cela a d'abord été pour le meilleur. Certes, LES TROIS FRERES et LE PARI ne sont pas des sommets de réalisation, mais leurs scénarii et l'interprétation de leurs acteurs en font des comédies très appréciables. Puis les choses se sont gâtées. Leurs films sont devenus moins marrants et le trio s'est séparé. Cette triste tentative de "come back" les montre peu inspirés, au bout du rouleau et déconnectés d'une société française qu'ils savaient autrefois décrypter. Que c'est moche de vieillir !

 

4. UNDER THE SKIN DE JONATHAN GLAZER

Le classique du retour d'un esthète "adulé" après plusieurs années d'absence. Ce film attendu comme le "messie" ne pouvait décevoir ceux qui ont patienté tant de temps pour le voir ! On s'extasia d'abord sur une poignée d'expérimentations visuellement pauvres et inutilement obscures, atténuant ainsi grandement leur impact dans le récit. On resta ensuite béat d'admiration devant l'interprétation stoïque d'une star de "blockbuster" venant s'encanailler dans le cinéma "art et essai". On convoqua enfin Kubrick, Lynch et Malick afin de faire hativement de Glazer leur égal. Et ce, peu importe que l'intrigue tienne sur un post-it et que la moitié des images soient sous-exposées et improvisées en caméra cachée...

Ma critique

 

3. WELCOME TO NEW YORK D'ABEL FERRARA

L'origine douteuse de ce projet opportuniste et bêtement provocateur n'incitait pas à en attendre grand chose. Mais il est désolant que Ferrara n'ait pu tirer qu'une oeuvre anecdotique à partir d'une affaire aussi juteuse et passionnante que celle de Dominique Strauss Kahn. Malgré l'investissement physique total de Depardieu - on n'en demandait pas tant ! - le film s'effondre dès le premier quart d'heure pour dévoiler sans fard une mise en scène obscène et plate se contentant d'aligner d'interminables scénettes, toutes mal improvisées dans la langue de Shakespeare et n'ayant d'intérêt que si l'on connait déjà le déroulement de ce sinistre scandale. Utilité zéro donc, mais un beau buzz médiatique à la clé.

 

2. LUCY DE LUC BESSON

L'autre surprise de la saison estivale avec EDGE OF TOMORROW. Face aux reboots, aux suites et aux franchises super-héroïques, LUCY ne partait pas gagnant. Aidé par une campagne publicitaire exemplaire, il s'est malgré tout imposé comme le plus grand triomphe de Besson. C'est pourtant son long métrage le plus naze, le plus incohérent et le plus prétentieux. Pris au premier degré, LUCY est une boursouflure repompant le moindre de ses effets chez les autres. Pris au dixième degré, ça reste un spectacle consternant, jamais "fun", vain, laborieux, moche, mal écrit et mal joué. Etrangement, il a fallu des mois au monde entier pour s'en rendre compte. Trop tard, LUCY est dorénavant devenu le plus gros succès français de tous les temps...

Ma critique

 

1. ADIEU AU LANGAGE DE JEAN-LUC GODARD

Avec ce mépris de la technologie qu'on lui connait, JLG s'empare de la 3D avec dédain et se fait congratuler par la presse. A jamais coincé dans cette image d'icône de la Nouvelle Vague, JLG voit chacun de ses travaux être jugés comme s'il était encore un cinéaste rebelle. Effet néfaste de la politique des auteurs, on persiste à croire que le JLG de 2014 est le même que celui d'A BOUT DE SOUFFLE. On doit alors crier avec la meute, de peur de paraitre idiot aux yeux de ceux qui ont compris cette oeuvre exigeante mélangeant philosophie de comptoir, misanthropie insupportable, sexisme écoeurant et crises de colique intestinale. En 1837, Hans Christian Anderson écrivait "Les Habits neufs de l'empereur". Beaucoup de critiques feraient bien de le relire.

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En route donc pour 2015 afin de découvrir un paquet de films alléchants (en voici déjà douze qu'il ne faudra pas rater !). Et en attendant de jubiler devant les cabrioles motorisées de Tom Hardy en Mad Max, de retourner en enfance avec mes espions favoris avec le prochain épisode de James Bond et le cinquième Mission : Impossible, ou encore de pleurer de honte devant les vélociraptors apprivoisés et le dinosaure mutant de Jurassic World, je vous souhaite à tous une bonne année !

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 00:31

Le Nouvel An approche, et il est déjà temps de faire le bilan de l'année passée tout en se tournant vers celle qui arrive.. Si 2014 ne nous a pas réservé beaucoup de chocs cinématographiques, c'est probablement parce que ces derniers mois ont représenté le creux entre deux importantes vagues. A l'instar de 2013, l'année 2015 est très riche en promesses avec le retour derrière la caméra d'un certain nombre de grands cinéastes, la résurrection de plusieurs fameuses franchises du 7ème art et l'annonce de projets originaux assez mystérieux. J'ai choisi de parler de douze d'entre eux - ceux qui m'intéressent le plus à l'heure actuelle - afin de dresser un rapide panorama de ce qui nous attend sur le grand écran l'année prochaine.

 

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 1. HACKER [BLACKHAT] DE MICHAEL MANN - 14 JANVIER

Après cinq années d'absence, le maître incontesté du polar au cinéma revient aux affaires avec ce Hacker porté par Chris Hemsworth (Thor, Rush), Viola Davis (La Couleur des sentiments) et Tang Wei (Lust, Caution). Le célèbre réalisateur américain, qui compte à son palmarès des chefs d'oeuvre tels que Heat, Collateral, Révélations ou encore Ali (pour n'en citer que quelques-uns !), a vu les choses en très grand pour son retour derrière la caméra. En effet, ce thriller international qui se déroulera à Los Angeles, à Hong-Kong, à Kuala Lumpur et à Jakarta dispose d'un gros budget et racontera la traque d'un "hacker" tout puissant par les services américains et chinois. Pour mener cette mission à son terme, ces derniers feront appel à un détenu - un ancien brillant pirate informatique - afin de mettre la main sur ce mystérieux homme-fantôme capable, avec son ordinateur, de contrôler n'importe quel système électronique se trouvant à l'autre bout de la planète et de déstabiliser l'ordre mondial. Le film était resté assez mystérieux au cours de son tournage et le changement de date qui avait vu sa sortie repoussée à une date peu favorable commercialement parlant n'inspirait pas confiance. Néanmoins, la bande annonce apparue sur le net il y a quelques mois a clairement rassuré les cinéphiles en promettant un thriller haletant, moderne et cinématographiquement radical. Co-écrit par Mann et par Morgan Davis Foehl, le long métrage est produit par Legendary Pictures.

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2. AMERICAN SNIPER DE CLINT EASTWOOD - 18 FEVRIER

Cela fait plusieurs années que l'acteur Bradley Cooper cherchait à produire et à jouer dans un film sur Chris Kyle, un sniper dans les Navy SEAL qui a officiellement été déclaré comme le tireur d'élite ayant tué le plus de personnes dans l'histoire militaire des Etats-Unis. S'étant vu attribué 160 tirs mortels par le Pentagone entre 1999 et 2009 (dont un "headshot" à près de 2000 mètres de distance), Kyle a activement participé au second conflit irakien. C'était un républicain convaincu qui n'éprouvait aucun remord par rapport aux actes soit-disant "démocratiques" qu'il avait eu à accomplir. Il a été abattu sur un terrain d'entrainement en 2009 par un ancien soldat souffrant de stress post-traumatique. Kyle représente ainsi parfaitement l'image ambigue que renvoie actuellement son pays sur la scène mondiale. Bien que Steven Spielberg ait flirté avec le projet, c'est Clint Eastwood qui se retrouve à la barre. Un choix évident puisque l'immense acteur-cinéaste avait longtemps été vilipendé par la critique pour ses rôles de "vigilentes" et de militaires à la gachette facile. Néanmoins, Eastwood s'est toujours montré infiniment plus subtil. Son American Sniper risque probablement de donner lieu à une analyse complexe de l'idéologie guerrière américaine, la manière dont elle fabrique ses "héros", ainsi que le goût ambivalent qu'elle entretient envers les armes à feu. Photographié par Tom Stern, collaborateur de longue date d'Eastwood, le film sera porté par Cooper et Sienna Miller.

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3. BIRDMAN D'ALEJANDRO GONZALEZ INARRITU - 25 FEVRIER

Inarritu est le troisième membre du triangle mexicain qui sévît depuis une décennie à Hollywood. S'il ne dispose pas exactement de la même popularité que ses amis Guillermo Del Toro (Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim) et Alfonso Cuaron (Les Fils de L'Homme, Gravity), le metteur en scène de Babel est malgré tout très respecté par les cinéphiles et les critique. Son dernier long métrage centré sur les tourments d'une ancienne star hollywoodienne, devenue célèbre grâce à son interprétation d'un super-héros prénommé "Birdman" et qui cherche à revenir sur le devant de la scène à l'occasion de l'adaptation théâtrale des aventures du fameux personnage, est annoncé comme son projet le plus ambitieux et a fait l'ouverture du dernier Festival de Venise. Alors qu'il aborde un genre malheureusement souvent méprisé (la comédie), que peu de cinéastes traite avec le sérieux qu'ils devraient, Inarritu a souhaité que ce Birdman soit un immense défi technologique. Appuyé par Emmanuel Lubezki, le chef opérateur absolument génial des Fils de l'Homme, le cinéaste est parvenu à relater son intrigue par le biais d'un seul faux plan séquence, à la manière d'Alfred Hitchcock pour son thriller La Corde. L'éternel "Batman" Michael Keaton, dans un rôle hautement symbolique qui marque aussi son grand retour au cinéma, mène un casting cinq étoiles composé d'Edward Norton, d'Emma Stone, de Naomi Watts, de Zach Galifianakis et d'Andrea Riseborough.

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4. INHERENT VICE DE PAUL THOMAS ANDERSON - 4 MARS

Parmi les réalisateurs américains révélés à la fin des années 1990, Paul Thomas Anderson apparait comme une indéniable figure de proue. Alliant d'impressionnantes aptitudes formelles avec un sens de l'écriture, une intelligence implacable et une capacité hors pair pour diriger ses acteurs, Anderson s'est imposé de façon fulgurante comme un "touche à tout" génial capable de se démarquer des très lourdes références auxquelles ils osaient se frotter. Après les excellents Boogie Nights et Magnolia, respectivement influencés par le cinéma de Martin Scorsese et celui de Robert Altman, le cinéaste avait terrassé les cinéphiles avec sa fresque phénoménale There Will Be Blood qui l'avait placé sur le même piédestal qu'Orson Welles, Stanley Kubrick et Terrence Malick. Anderson était revenu en 2013 avec l'étrange et ambitieux The Master, parfois imparfait mais incontestablement fascinant, qui avait marqué le dernier grand rôle du regretté Philip Seymour Holffman et le retour triomphal de Joachim Phoenix. Ce dernier s'est tellement bien entendu avec Anderson que les deux compères ont aussitôt retravaillé ensemble sur Inherent Vice, l'adaptation du roman noir éponyme (et un brin allumé) de Thomas Pynchon. Cette histoire - qui a servi d'inspiration principale pour The Big Lebowski des frères Coen - suit Doc (Phoenix), un détective privé chargé par son ex-copine de retrouver son actuel petit ami, un millionnaire marié, qui s'est mystérieusement envolé. Ce film non-sensique, lorgnant notamment du côté des films des "ZAZ", sera aussi porté par Benicio Del Toro, Josh Brolin, Owen Wilson et Reese Witherspoon.

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5. AU COEUR DE L'OCEAN [IN THE HEART OF THE SEA] DE RON HOWARD - 25 MARS

Pendant plus de deux décennies, Ron Howard était synonyme de longs métrages académiques dans ce que le terme pouvait avoir de moins enthousiasmant. Dans le meilleur des cas, cela aboutissait à un Apollo 13 gentiment sympathique ; dans le pire des cas, cela donnait naissance à des oeuvres de prestige d'une innofensivité confondante comme Un Homme d'exception. Si le bonhomme semblait avoir récemment eu tendance à se perdre dans des "blockbusters" religieux d'une rare débilité (Da Vinci Code, à peine rattrapé par Anges & Démons), il avait fait preuve d'un sursaut inattendu avec Frost/Nixon. Ce dernier était écrit par Peter Morgan, le scénariste du The Queen de Stephen Frears, ce qui n'était probablement pas pour rien dans ce soudain regain d'énergie. Le tandem Howard/Morgan confirma son excellente alchimie avec Rush, un film de formule 1 captivant qui s'imposa aisément comme un sommet dans la carrière du cinéaste. Pour son prochain film, Howard continue sur sa réjouissante lancée en ne changeant pas son équipe gagnante. A l'occasion de Au Coeur de l'Océan, le réalisateur américain retrouve l'acteur Chris Hemsworth qui mènera notamment Cillian Murphy, Ben Whishaw, Brendan Gleeson et Tom Holland. De son côté, Peter Morgan a été chargé d'adapter le livre éponyme de Nathaniel Philbrick avec l'aide d'Amanda Silver, Rick Jaffa et Charles Leavitt. Le film relatera la tragique histoire du navire "Essex" qui sombra en 1819 à cause d'une gigantesque baleine. Un évènement qui inspira par la suite Herman Melville lorsqu'il rédigea son très fameux ouvrage Moby Dick.

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6. MAD MAX : FURY ROAD DE GEORGE MILLER - 13 MAI

La concurrence en terme de grand spectacle pyrotechnique au cinéma va être extrêmement rude l'année prochaine puisqu'elle verra la resurrection en fanfare de plusieurs franchises particulièrement populaires. Certaines inquiètent grandement au regard des rumeurs entourant leurs productions et leurs intrigues (Jurassic World de Colin Trevorrow, Terminator : Genysis d'Alan Taylor), d'autres n'enthousiasment que les nostalgiques qui ne sont satisfaits que lorsqu'on leur ressert strictement la même soupe que la précédente (Avengers 2 : L'Ere d'Ultron de Josh Whedon). Néanmoins, aucune renaissance ne s'annonce aussi visuellement phénoménale et audacieuse que le dernier "bébé" du grand cinéaste australien George Miller. Découlant d'une préproduction proprement chaotique qui s'est étalée sur plus d'une dizaine d'années, tourné il y a deux ans sous des conditions infernales (dans le désert de Namibie, aux moyens d'une logistique délirante afin d'accomplir réellement la majorité des cascades motorisées) et mystérieusement trituré au cours d'une postproduction étonnement longue, cette relecture du mythique personnage immortalisé par Mel Gibson dans les années 1980 est prévue comme un film d'action démentiel quasiment dénué de dialogues (le scénario avait la forme d'un "story-board"). Tom Hardy y reprend le rôle du "guerrier de la route" et aidera la farouche Furiosa (Charlize Theron) à conduire un groupe de jeunes filles à travers un monde post-apocalyptique peuplé par des mutants cruels. Fury Road pourrait être le premier volet d'un dyptique.

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7. TOMORROWLAND DE BRAD BIRD - 20 MAI 

En 2015, le studio Disney risque de tout ravager au box-office avec les deux nouveaux Pixar (Vice Versa en été, The Good Dinosaur en hiver), le Cendrillon de Kenneth Branagh et bien entendu le "duo de la mort" Avengers 2 et Star Wars VII. Néanmoins, le long métrage le plus mystérieux et excitant que la maison de Mickey Mouse dispose dans ses cartons pour l'année prochaine est le dernier film de l'immense "entertainer" Brad Bird. Pour les deux du fond qui ne suivraient pas, le bonhomme a durablement marqué de son empreinte le domaine de l'animation au cours des années 1990 et 2000 : après avoir travaillé sur la série Les Simpson, il a mis en scène le fabuleux Géant de Fer, puis le génialissime Les Indestructibles (le meilleur film de super-héros de tous les temps) ainsi que l'excellent Ratatouille. En 2011, il a fait ses premiers pas dans le cinéma "live" en réalisant le meilleur épisode de Mission : Impossible (Protocole Fantôme), imposant celui-ci comme l'un des "blockbusters" les plus jubilatoires de ces cinq dernières années. Tomorrowland est le long métrage qui a amené Bird à refuser le poste de metteur en scène sur le prochain Star Wars. Co-écrit par lui-même et Damon Lindelof (la seule ombre au tableau), le film relatera les aventures d'une adolescente (Brittany Robertson) et d'un savant désabusé (George Clooney) afin d'empêcher le sinistre David Nix (Hugh Laurie) de corrompre Tomorrowland, une cité futuriste cachée dans un étrange univers parallèle. Le fidèle comparse de Bird, Michael Giacchino, composera la B.O. tandis que la mystérieuse Tomorrowland sera éclairée par Claudio Miranda, le chef op' de L'Odyssée de Pi.

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8. PAN DE JOE WRIGHT - 15 JUILLET

Si je m'étais contenté de son pitch et de sa bande annonce pour le juger, il n'aurait probablement pas réussi à intégrer cet liste. En effet, Pan semble s'inscrire dans cette vague de relectures (post-)modernes de contes de fée, en particulier ceux immortalisés par le studio Disney. Voici donc Peter Pan après deux Blanche Neige - une guerrière et une danseuse de Bollywood - et une Belle au bois dormant féministe avec le pitoyable Maléfique, et avant la Cendrillon de Kenneth Branagh puis La Petite Sirène de Sofia Coppola. Si Pan peut prétendre à sortir de ce lot, malgré le fait qu'il soit une énième adaptation des aventures du personnage inventé par J.M. Barrie (après le Disney, le très maladroit Hook de Steven Spielberg et le Peter Pan de P.J. Hogan), c'est grace à son approche et à son équipe. Le scénario écrit par Jason Fuchs, qui a intégré la "Black List" des meilleurs scripts non produits en 2013, prend le parti d'un prequel relatant la venue de Peter à Neverland, son parcours pour devenir le légendaire Pan, son combat contre le pirate Barbe-Noire (Hugh Jackman) et sa rencontre avec son futur ennemi juré : James Hook (Garrett Hedlund). Malgré la polémique sur le choix de l'actrice blanche Rooney Mara pour jouer l'Indienne Lily la Tigresse, et une bande annonce probablement trompeuse sur l'ambiance et l'ambition esthétique du long métrage, Pan intrigue car il est avant tout le nouveau film du meilleur cinéaste britannique à l'heure actuelle. Après les renversants Reviens-moi, Hanna et Anna Karenine, Joe Wright semble être prêt à faire son Hugo Cabret.

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9. THE WALK DE ROBERT ZEMECKIS

On cite souvent les noms de James Cameron, de Steven Spielberg et de George Lucas pour parler des pionniers des effets spéciaux mais on oublie trop souvent celui de Robert Zemeckis. Le protégé du réalisateur d'E.T. possède pourtant un pedigree des plus admirables avec ses Retour vers le futur, son Roger Rabbit qui mélangeait animation et cinéma "live", ou encore ses essais précurseurs avec la "motion capture" (La Légende de Beowulf, Le Drôle de Noël de Scrooge) qu'il dût abandonner pour cause de bides financiers regrettables et de moqueries persistantes de la part d'une presse dépassée. Il était revenu au cinéma "live" avec Flight, un drame surtout mémorable pour sa sidérante séquence de crash d'avion qui avait rappelé à quel point Zemeckis était un metteur en scène génial doublé d'un technicien aussi malin qu'avant-gardiste. Son prochain projet est très prometteur puisqu'il s'agit d'un long métrage sur Philippe Petit, un funambule français qui parvint notamment à accomplir l'exploit de passer d'un toit à un autre sur le World Trade Center. Le sportif avait déjà fait l'objet d'un brillant documentaire, Man on Wire de James Marsh, et Zemeckis entend se servir d'une mise en scène sensorielle et du procédé de la 3D afin d'amplifier la sensation de vertige. Petit sera incarné par Joseph Gordon-Levitt, et il sera accompagné de Charlotte Le Bon, Ben Kingsley et James Badge Dale.

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10. ST. JAMES PLACE DE STEVEN SPIELBERG - 4 NOVEMBRE

Fin 2012, Steven Spielberg venait d'achever une nouvelle période de suractivité qui l'avait vu enchaîner en une quinzaine de mois son Tintin survolté, son larmoyant Cheval de Guerre et son passionnant Lincoln. Après avoir passé plusieurs années à chercher de bons sujets - American Sniper, un film sur Moctezuma avec Javier Bardem, une adaptation du roman de S.F. Robopocalypse - il est enfin parvenu à se décider sur ce qu'il allait faire. Avant son adaptation du Bon Gros Géant de Roald Dalh, prévu le 20 juillet 2016 et écrit par la scénariste de E.T., Spielberg souhaite poursuivre sur une voie plus dramatique et sérieuse avec St. James Place, un thriller co-écrit par rien de moins que les frères Coen. Tom Hanks retrouve son metteur en scène fétiche plus de dix ans après leur dernière collaboration, le très émouvant Le Terminal, qui faisait déjà suite à deux précédentes époustouflantes coopérations : Il faut sauver le soldat Ryan et Arrête-moi si tu peux. Hanks y interprètera James Donovan, un avocat chargé en Pleine Guerre Froide de défendre un pilote de la CIA dont l'avion-espion a été abattu au-dessus de l'Union soviétique. Comme pour les derniers films de Spielberg, le tournage s'est fait dans une discrétion certaine, d'abord à New York, puis à Berlin et en Pologne (c'est la première fois que le cinéaste y retourne un film depuis La Liste de Schindler). Si l'équipe technique reste la même - Janusz Kaminski à la photo, John Williams à la musique, Michael Kahn au montage - le reste du casting est composé de "nouveaux venus" comme Amy Ryan, Alan Alda et Billy Magnussen.

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11. SPECTRE DE SAM MENDES - 6 NOVEMBRE

Bien qu'il ait eu à essuyer des critiques très injustes lorsqu'il fut choisi pour incarner 007, Daniel Craig a su s'imposer auprès du grand public. Après le magnifique Casino Royale et le très bancal Quantum of Solace, Craig a fait exploser les compteurs à l'occasion de SkyFall, un épisode méta et prestigieux dirigé par l'oscarisé Sam Mendes (American Beauty, Les Noces Rebelles) pour les cinquante ans de la franchise au cinéma. Un milliard de dollars plus tard, les producteurs entendent réitérer l'exploit avec un film au moins aussi grandiose. La tâche ne va pas être facile à remplir pour Craig et Mendes, d'autant plus que le chef op' Roger Deakins n'a pas rempilé alors qu'il avait élaboré les plus belles compositions de sa carrière sur SkyFall. Il est néanmoins remplacé par un directeur de la photographie très capable : Hoyte Van Hoytema (Morse, La Taupe, Her, Interstellar). Spectre emmènera James Bond à Rome, au Maroc, à Mexico-City et dans les Alpes autrichiennes. Dans ce 24ème épisode, Daniel Craig retrouvera Ralph Fiennes, Ben Whishaw et Naomie Harris, et fera face à la vénéneuse Léa Seydoux, au colossal David Bautista, à la sulfureuse Monica Bellucci et à Christoph Waltz qui, selon des rumeurs persistantes, incarnerait Blofeld, le chef de l'organisation criminelle SPECTRE et la nemesis de 007 que l'on avait plus revu depuis trente ans pour cause de droit.

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12. STAR WARS - EPISODE VII : LE REVEIL DE LA FORCE DE J.J. ABRAMS - 18 DECEMBRE

On peut prédire un an en avance que le retour de Star Wars pour une troisième trilogie sera le plus gros carton de 2015, celui qui est dors et déjà assuré de dépasser la barre du milliard de dollars. Aucun échec n'est envisageable ; d'ailleurs, dans le plus improbable des cas, cela engendrerait un choc sismique majeur au sein de l'industrie du divertissement hollywoodien. L'opus initial intitulé Le Réveil de la Force est emballé par J.J. Abrams. Si j'ai longuement expliqué mes craintes concernant ce septième épisode dans un article publié quelques mois plus tôt, je dois avouer avoir mal anticipé la fibre nostalgique que dégage ce projet et la surprise que j'ai eu devant les premières images. Si on pouvait craindre un "fan movie" si dévoué à la mythologie de la trilogie initiale qu'il se limiterait à une intrigue référencielle et craintive, la première bande annonce - vue plus de 40 millions de fois en cinq jours, un record ! - est fidèle à l'esprit de la première trilogie tout en insistant principalement sur le vent de nouveauté que J.J. Abrams et la productrice Kathleen Kennedy entendent apporter. Point de nostalgie facile pour le moment, et on retrouve la matérialité, l'ancienneté et le dépouillement qui manquaient trop à la prélogie de George Lucas. John Boyega, Daisy Riley et Oscar Isaac seront-ils les dignes successeurs de Mark Hamill, Carrie Fisher et Harrison Ford ? Adam Driver et Andy Serkis seront-ils aussi effrayants que l'illustre Dark Vador ? Abrams va-t-il réussir à se démarquer de l'ombre imposante de Lucas qui pèse encore sur l'univers Star Wars afin de l'ouvrir vers de nouvelles perspectives ? On est encore en droit d'en douter, mais si Abrams parvient effectivement à se transcender, le résultat sera tout bonnement monumental.

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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 21:52

Etant fort occupé à réviser ses examens, l'auteur de ces lignes n'a pas le temps d'aller dans son cinéma Art et Essai pour savourer le dernier blockbuster de Philippe Garrel en vue d'en faire une critique. En attendant que YSL, L'Amour est un crime parfait et bien d'autres encore passent à la casserole, voici un petit biscuit cinéphilique inutile mais rigolo comme tout pour patienter :

 

LES PREVISIONS POUR LES OSCARS 2014

 

Parce qu'en plus d'être critique amateur, L'Ecran Masqué est également oracle - il fait ça au noir. Et plutôt que de deviner les prochains numéros gagnants du loto, devinons ensemble le palmarès de cette année. Un exercice d'autant moins facile que celui de l'année dernière fût des plus surprenants.

 

Or donc :

 

Meilleurs effets spéciaux :

Gravity

Le Hobbit : la Désolation de Smaug

Iron Man 3

The Lone Ranger, Naissance d'un Héros

Star Trek Into Darkness

On commence doucement avec une catégorie facile. Aucune surprise ici, la réponse est tellement évidente que les autres nominations relèvent au mieux du gag. Rares sont en effet les films à avoir autant révolutionné le monde des effets spéciaux : une date aussi importante que The Abyss ou Avatar. Il est strictement impossible que Gravity perde.

Vainqueur : Gravity

Probabilité : 100 %

 

Meilleur mixage de son :

Capitaine Phillips

Gravity

Le Hobbit : la Désolation de Smaug

Inside Llewyn Davis

Du Sang et des Larmes

Rares sont les films à se démarquer dans cette catégorie, et il ne fait pratiquement aucun doute que l’Académie récompensera le travail époustouflant qui a été fait sur Gravity, tant ce film survole les autres nominés cette année, mélangeant différentes ambiances sonores et utilisant parfaitement le format IMAX. Reste une possibilité pour Capitaine Phillips grâce à la technique « je filme en secouant la caméra pour faire réel », technique qui a bien marché avec Démineurs, Slumdog Millionaire, La Vengeance dans la Peau, La Chute du Faucon Noir, etc…

Vainqueur : Gravity

Probabilité : 99,9 %

 

Meilleur montage sonore

All Is Lost

Capitaine Phillips

Gravity

Le Hobbit : la Désolation de Smaug

Du Sang et des Larmes

Sauf grosse surprise – comme la non-consécration de No country for old men il y a cinq ans dans cette catégorie – Gravity devrait l’emporter, pour les mêmes raisons que précédemment.

Vainqueur : Gravity

Probabilité : 99,9 %

 

Meilleure direction artistique

American Bluff

Gravity

Gatsby le Magnifique

Her

12 Years a Slave

Cela devrait se jouer entre 12 Years a Slave - c'est le genre de film conçu pour ce prix - et Gravity. Comme l'Académie a récompensé Avatar dans cette catégorie, Gravity a toutes ses chances. Reste qu'une telle consécration ne fera qu'accentuer le flou qui règne de plus en plus sur les différences entre les rôles respectifs de la direction artistique, des effets spéciaux et de la photographie...

Vainqueur : Gravity

Probabilité : 60 %

 

Meilleurs costumes

American Bluff

The Grandmaster

Gatsby Le Magnifique

The Invisible Woman

12 Years a Slave

Une catégorie délicate. Ni Coleen Atwood ni Sandy Powell n’ont travaillé sur un film sorti cette année. Cela se jouera donc entre 12 Years a Slave et l’épouvantablement vulgaire Gatsby Le Magnifique.

Vainqueur : 12 years a slave

Probabilité : 50,5 %

 

Meilleure musique

John Williams (La Voleuse de Livres)

Steven Price (Gravity)

William Butler et Owen Pallett (Her)

Alexandre Desplat (Philomena)

Thomas Newman (Dans l'ombre de Mary - La promesse de Walt Disney)

Absences regrettables – pour ne pas dire incompréhensibles – de La Vie Rêvée de Walter Mitty, All is lost et 12 years a Slave. Présence étonnante de Gravity, dont la musique est certes immersive mais peu harmonieuse. Présence exaspérante de l’éternel John Williams qui part en roue libre dans La Voleuse de Livres, mais qui a gagné suffisament de points sur sa carte de fidélité donc bon... Thomas Newman et Alexandre Desplat ont leur chance, même s’ils ne se renouvellent pas ou peu.

Vainqueur : De ce que j’ai entendu, peut-être Desplat

Probabilité : 30 %

 

Meilleur montage

American Bluff

Capitaine Phillips

Dallas Buyers Club

Gravity

12 Years a Slave

Absence surréaliste du Loup de Wall Street, alors que c’était une des seules catégories où le film pouvait décrocher une statuette. La technique « je fais bouger la caméra avec une image granuleuse pour donner un rythme » - école Démineurs - fera donc gagner Capitaine Phillips. American Bluff peut aussi avoir ses chances pour son côté "punch". Présence surprenante de Gravity, qui comporte un nombre de plan relativement faible et quasi-intégralement monté dès la pré-production.

Vainqueur : Capitaine Philipp

Probabilité : 80 % 

 

Meilleure photographie

The Grandmaster

Inside Llewyn Davis

Prisoners

Nebraska

Gravity

Si on en croit la tendance indiquée par les quatre derniers films récompensés dans cette catégorie – Avatar, Inception, Hugo Cabret et L’Odyssée de Pi – le lauréat sera un film largement modélisé numériquement, probablement en 3D et remportera également l’oscar des meilleurs effets visuels. Ce sera donc Gravity. On se réjouira pour le génial Emmanuel Lubezki – qui aurait déjà dû l’avoir pour Les Fils de l’homme, et on sera déçu qu’il obtienne la statuette pour un film en très grande partie numérique. On sera également déçu pour le génialissime Roger Deakins, qui l’a honteusement raté l’année dernière alors que Skyfall était une merveille visuellement, et qui ne l’aura peut-être jamais - en tout cas pas cette année même si son travail sur Prisoners est extraordinaire. Cela étant, comme souvent, la liste des nominés dans cette catégorie est enthousiasmante – deux français en compétition cette année tout de même.

Vainqueur : Gravity

Probabilité : 99 % 

 

Meilleur scénario original

Dallas Buyers Club

American Bluff

Her

Nebraska

Blue Jasmine

Des scénarios tellement originaux que deux d'entre eux sont inspirés de faits réels. Blue Jasmine est nominé pour son avant-gardisme et son absence total de manichéisme, contrairement à Gravity - c'est Télérama qui sera content, qu'on se le dise, un film en temps réel au plus près de ses personnages, c'est bien quand ça date de la Nouvelle Vague, mais pas ailleurs. Absence regrettable de Prisoners.

Vainqueur : Her

Probabilité : Aléatoire

 

Meilleur scénario adapté

12 Years a Slave

Le Loup de Wall Street

Before Midnight

Capitaine Phillips

Philomena

Se jouera entre Le loup de Wall Street et 12 years a slave. Ce dernier, (beaucoup) moins vulgaire, part avec un net avantage.

Vainqueur : 12 years a slave

Probabilité : 60 %

 

Meilleur acteur dans un second rôle

Barkhad Abdi (Capitaine Phillips)

Jonah Hill (Le Loup de Wall Street)

Michael Fassbender (12 Years a Slave)

Bradley Cooper ( American Bluff)

Jared Leto (Dallas Buyers Club)

Absence surprenante de Bobby Cannavale, l’acteur qui sauve le film bien bancal de Woody Allen. Il faut dire que son rôle n’est pas oscarisable : tout en subtilité, il arrive à rendre touchant un personnage minable qui fait de son mieux pour plaire. Préférons un rôle bien plus « « « extrême » » », celui de Jared Leto, peut-être touchant, mais qui ne sera malheureusement récompensé que pour le côté « oh, il joue un transexuel, oh la la ! ». 

Vainqueur : Jared Leto (Dallas Buyers Club)

Probabilité : 99 %

 

Meilleure actrice dans un second rôle

Jennifer Lawrence (American Bluff)

Julia Roberts (Un été à Osage County)

June Squibb (Nebraska)

Lupita Nyong'o (12 Years a Slave)

Sally Hawkins (Blue Jasmine)

On va pas se fatiguer, faisons confiance aux Golden Globes...

Vainqueur : Jennifer Lawrence (American Bluff) ?

Probabilité : Aléatoire

 

Meilleure acteur

Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave)

Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club)

Christian Bale (American Bluff)

Leonardo DiCaprio (Le Loup de Wall Street)

Bruce Dern (Nebraska)

The Immigrant n’étant pas encore sorti aux USA, le remplaçant de Joachim Phoenix devrait être a priori Matthew McConaughey. Parce qu’il a maigri, et que cela marche toujours pour faire croire que l’on joue extrêmement bien – coucou Christian Bale ! Parce qu’il joue bien de fait, et qu’il est sympathique. Parce que c’est un type que personne ne prenait au sérieux et qu'il est temps de l'homologuer. Parce que le combo histoire vraie/SIDA/amaigrissement marche toujours, et que le film a été fait dans le but de recevoir des prix d'interprétation. Parce que si des fois le racolage ridicule est sévèrement puni - et là c'est Forest Whitaker qui a la haine, aucune nomination pour cette croûte à Oscars mine de rien - cela marche parfois.

Vainqueur : Matthew MacConaughey (Dallas Buyers Club)

Probabilité : 99 %

 

Meilleure actrice

Cate Blanchett (Blue Jasmine)

Sandra Bullock (Gravity)

Judi Dench (Philomena)

Meryl Streep (Un été à osage County)

Amy Adams (American Bluff)

LA catégorie maudite. Car voyez-vous, depuis une dizaine d’années, l’Académie des Oscars, pas misogyne pour un sou, ne daigne considérer une performance féminine de premier plan que s’il s’agit d’un biopic ou de l’interprétation d’une hystérique. C’est ainsi que les interprétations putassières de Marion Cotillard ou de la pauvre Meryl Streep furent couronnées, et que Natalie Portman fût oscarisée pour avoir couché avec son Doppelganger, quand elle ne se doigte pas devant sa mère - heureusement, mais heureusement bon Dieu, qu'aucune actrice de La Vie d'Adèle n'a été nominée... C’est donc tout logiquement que la statuette récompensera le cabotinage de Cate Blanchett, insupportable en camée névrosée, parce que tout le monde s'est mis d'accord pour la trouver géniale. Et tant pis si c’est de loin l’interprète qui s’en tire le plus mal dans le film de Woody Allen...

Vainqueur : Cate Blanchett (Blue Jasmine)

Probabilité : 99 %  

 

Meilleur réalisateur

Alfonso Cuaron (Gravity)

Steve McQueen (12 Years a Slave)

Alexander Payne (Nebraska)

David O. Russell (American Bluff)

Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street)

Très improbable qu’Alfonso Cuaron ne l’obtienne pas, tant il a révolutionné la mise en scène. Parce que la scène d’introduction est tout simplement la scène la plus dingue de 2013. Parce qu’il le méritait déjà pour Les Fils de l’homme, et que son génie est évident.

Vainqueur : Alfonso Cuaron pour Gravity

Probabilité : 99 %

 

Meilleur film

Dallas Buyers Club

Her

Le Loup de Wall Street

American Bluff

Nebraska

Philomena

Gravity

Capitaine Phillips

12 Years a Slave

Absence regrettable de Prisoners, et de beaucoup d'autres. Il est dommage que les membres de l'Académie aient une mémoire de poisson rouge et nominent quasiment les mêmes films, tous sortis à la fin de l'année, pour chaque catégorie. Trop avant-gardiste formellement, Gravity ne sera probablement pas le récipiendaire du prix ultime, hélas. On va donc avoir droit à une victoire à la Shakespeare in Love pour un film calibré pour la cérémonie : 12 Years a Slave et American Bluff sont effectivement favoris.

Vainqueur : Je n'y crois pas trop, mais je dis Gravity parce que ça me plairait bien. Ce serait vraiment un choix audacieux.

Probabilité : Aléatoire

 

Voilà voilà...

 

Je vous l'avais bien dit que ce serait inutile.

 

 

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 00:34

Sur ce blog, j'ai souvent joué le jeu des oscars et des pronostics (parce qu'il ne faut JAMAIS considérer les oscars comme autre chose de plus qu'une sorte de compétition sportive cinématographique avec ses mérites, ses coup-bas, ses déceptions). Souvent, j'ai été frustré par les résultats qui ne venaient pas toujours couronner mes chouchous de l'année. Alors, pour une fois, je vais décerner les trophés ! Ici, cinq lauréats dans chaque catégorie, pas de favoritisme, pas de tristes perdants mais que de valeureux gagnants, en tout cas parmi ceux qui ont l'immense honneur d'être cités dans ces parages. Les films concernés sont ceux que j'ai vu cette année : je tiendrais notamment compte des dates de sortie françaises et j'y mettrais occasionnellement des longs métrages projetés dans le cadre du Festival de Deauville mais qui ne sont pas encore visibles sur les écrans de l'Hexagone (si je réitère cet exercice l'année prochaine, ils seront évidemment absents). Ayant dû réduire ma consommation de films ces dernières semaines, il n'y a pas de Capitaine Phillips ou de The Immigrant qui auraient pû se tailler une place, en particulier dans les catégories d'interprétations. Pour la catégorie MEILLEURS FILMS, je renvoie directement à mon Top 15 de 2013. A présent, lançons-nous dans cette prestigieuse cérémonie qui nous permettra de faire un ultime bilan sur les oeuvres et les artistes qui ont marqué cette année.

 

MEILLEURES DIRECTIONS ARTISTIQUES 

(décors, costumes et effets spéciaux sont inclus dans le terme "direction artistique")

Cloud Atlas : Le film-gagnant sur tous les plans qui mélange les reconstitutions historiques pointilleuses avec la fantaisie des mondes futuristes de science-fiction. Un peu comme si les styles esthétiques radicalement opposés de Lincoln, des Hommes du Président, de Blade Runner et de Mad Max étaient réunis harmonieusement dans un seul même projet.

Gravity : La direction artistique s'est faite à 90% de façon numérique mais le boulot abattu pour reproduire minutieusement les combinaisons d'astronautes et les différentes stations spatiales est si faramineux que l'on croirait qu'Alfonso Cuaron est carrément parti dans le cosmos pour filmer son survival. Accessoirement, les meilleurs images de synthèse photoréalistes de l'Histoire du cinéma.

Le Transperceneige : Intégralement construit dans un immense plateau à Prague, le train "Transperceneige" est un interminable décor longiligne censé représenter tout un "microcosme". Impossible de prédire ce que l'on va trouver dans le wagon suivant : le dernier aquarium sur Terre ? Une salle de classe ? Un sauna pour riches ? Un ghetto pour les pauvres ? Un univers foisonnant dont on ne pourra apprécier tous les moindres détails qu'après bien des revisionnages.

Pacific Rim : Un blockbuster gargantuesque empruntant aux kaiju eigas, aux japanimes, aux jeux-vidéos, au steampunk, à Goya, aux comics,... Un fourre-tout lui-aussi très riche et pourtant très cohérent qui mèle impeccablement les images de synthèse avec des maquettes et des décors en "dur". Un régal de tous les instants pour les yeux de l'enfant qui est en chacun de nous. 

The Lone Ranger : Les westerns sont des occasions en or pour les cinéastes souhaitant tourner sur des plateaux démesurés avec des acteurs vétus de costumes flamboyants. Verbinski est l'un d'eux et ne le cache plus depuis Pirates des Caraïbes. On se croirait revenu à l'époque des John Ford et des Sergio Leone tant il essaye de privilégier les reconstitutions "physiques". Cela ne l'empêche pas de jongler merveilleusement avec des CGI (Computer-generated imagery ou images de synthèse) que beaucoup de spectateurs n'ont pas dû remarquer.

Extrait de la bande originale composée par M83 pour OBLIVION de Joseph Kosinski

MEILLEURES MUSIQUES ORIGINALES

Gravity - Steven Price : Inconnu il y a six mois, Price a frappé un grand coup avec sa B.O. très chouette pour le dernier film d'Edgar Wright et sa phénoménale partition pour le chef d'oeuvre de Cuaron. Un élément capital dans l'immersion du spectateur qui enchaîne les passages déroutants, terrifiants, poétiques, minimalistes puis somptueusement emphatiques vers la fin. Un bijou dans son genre.

Only God Forgives - Cliff Martinez : Le compositeur de la B.O. magique de Drive réitère sa collaboration très fructueuse avec Nicolas Winding Refn et livre une musique aux accents extrême-orientaux à la fois inquiétante et viscérale qui accompagne adéquatement les visions cauchemardesques qu'orchestre le génial cinéaste danois.

Oblivion - M83 : Joseph Kosinski, après avoir eu l'excellente idée d'employer le duo français Daft Punk pour son cyber Tron l'héritage, réitère en demandant à M83, l'autre grand groupe de musique électronique français du moment, de se charger de la musique de son Oblivion. En résulte une B.O. faisant parfois cho avec celle, magistrale, composée par Vangelis pour le grand Blade Runner, tout en se permettant quelques jubilatoires envolées lyriques lors de la séquence de la piscine ou encore de l'émouvant final

The Lone Ranger - Hans Zimmer : Ayant une immense carrière qu'on ne présente plus, Zimmer a une nouvelle fois été très occupé cette année avec le thème bourrin mais entrainant de Man of Steel, sa partition très rythmée pour le passionnant Rush et sa redite d'Inception à l'occasion du drame sérieux de Steve McQueen intitulé 12 Years a Slave. Mais c'est avec le western fou de Gore Verbinski qu'il signe sa meilleure musique depuis des lustres. Une B.O. à l'image du film : super dynamique, un peu folle, grandiloquente et respectueuse des standards élaborés par Ennio Morricone.

Trance - Rick Smith : Danny Boyle prouve encore une fois que la musique est l'un des atouts majeurs de ses longs métrages avec cette bande son rythmée, hypnotique et entêtante qui nous plonge aisément dans un état second aux côtés de James McAvoy pour nous rendre prompt à nous faire manipuler et triturer les méninges par la vénéneuse Rosario Dawson.

 

MEILLEURES PHOTOGRAPHIES

Gravity - Emmanuel Lubezki : Le directeur de la photographie le plus talentueux au monde actuellement avec Roger Deakins se frotte à la technologie numérique et redéfinit son métier en composant des plans informatiques d'une beauté et d'une complexité infinies. Les cadrages, les éclairages sidérants et les mouvements des fabuleux plans séquences immersifs,... tout ça a été préparé par Lubezki afin que chaque image soit à jamais gravée non seulement dans la rétine du spectateur mais aussi dans l'Histoire du cinéma.

Inside Llewyn Davis - Bruno Delbonnel : Abandonnant ses filtres jaunes-oranges, le chef opérateur français chargé de remplacer Deakins construit des plans hivernaux et cotonneux tout droit sortis d'un vieux rêve et se montre digne de son prédecesseur. A la fois glaciale et étonnemment chaleureuse, à la fois sombre et lumineuse, cette photographie pleine de contrastes s'inscrit directement dans ce que Delbonnel a fait de plus admirable dans sa carrière.

Lincoln - Janusz Kaminski : L'artiste polonais continue d'élaborer des tableaux évocateurs afin d'illustrer de manière prestigieuse les histoires de Maître Spielberg. L'image est toujours granuleuse mais le duo s'aventure cette fois encore plus loin dans la noirceur et dans la composition picturale. Rarement un personnage principal aura été magnifié et filmé sous toutes ses coutûres avec autant de justesse, de respect et d'inspiration. 

Only God Forgives - Larry Smith : Celui qui a éclairé et enregistré les étranges images de Stanley Kubrick à l'occasion d'Eyes Wide Shut est retourné voir Refn après avoir travaillé avec lui sur le formellement brillant Bronson et s'adonne intégralement à la fabrications de somptueux plans surréalistes aussi fascinants que dérangeants. Une succession de tableaux infernaux virtuoses, envoutants et délirants qui parviennent en quelques instants à caractériser un personnage et à rendre palpable une ambiance bien étrange.

The Master - Mihai Malaimare Jr. : A l'instar de celles d'Inside Llewyn Davis et de Lincoln, la photographie du drame de Paul Thomas Anderson s'inspire énormément des photos et des images d'époque afin de déterminer l'esthétisme qui enveloppe cette histoire du passé. A ce titre, le dernier long métrage du réalisateur de There Will Be Blood est le summum de cette pratique tant on pourrait croire qu'il a été tourné pendant les années 1950. Si le film a des défauts, pas un de ses plans n'en a. 

Extrait de la bande originale composée par Cliff Martinez pour ONLY GOD FORGIVES de Nicolas Winding Refn

MEILLEURES ACTRICES DANS UN ROLE SECONDAIRE

Le Congrès - Robin Wright : Certes, Robin Wright incarne le personnage principal mais une petite entorse était nécessaire vu que les deux tiers de l'intrigue prennent la forme d'un film d'animation (sans perf-cap), réduisant ainsi l'extraordinaire performance de l'actrice à un travail de doublage. Reste qu'il s'agit du rôle de sa vie et le fait que le sujet du long métrage soit une immense mise-en-abime d'elle-même n'est pas pour rien dans son intensité dramatique.

Lincoln - Sally Fields : Fields est une grande actrice et elle le prouve encore une fois en prêtant ses traits à l'unique personnage féminin un tant soit peu approfondi de cette histoire. Un rôle pas forcément valorisant puisqu'elle incarne une femme brisée par la mort d'un de ses fils et broyée par le statut de son mari. Sa souffrance est remarquablement transmise à l'écran lors de ses scènes avec Daniel Day Lewis et leur alchimie, vitale au récit, est des plus palpables.

The Master - Amy Adams : La mignonne petite actrice est en train de devenir une grande. Il serait temps de comprendre qu'on ne peut plus se permettre de l'ignorer. On a le privilège d'assister au tournant de sa carrière qui devrait lui permettre de s'imposer très prochainement comme une comédienne brillante capable d'être aussi séduisante et sensible que puissante et manipulatrice. Et elle l'est particulièrement dans le film d'Anderson où elle joue le véritable "maître" de l'intrigue. 

Very Good Girls - Elizabeth Olsen : La cadette Olsen a attendu son heure pour briller devant les caméras. Cela lui a conféré une maturité que ses soeurs-stars n'avaient pas avant de se faire dévorer par le système. La très belle actrice enchaine les blockbusters (Godzilla et Avengers 2) qui feront d'elle une tête d'affiche, mais on espère aussi la revoir dans ces films dits "mineurs" où elle a plus de place pour dévoiler l'immense étendue de ses talents. Ceux qui ne tomberont pas sous son charme dans Very Good Girls seront des monstres de froideur.

We Are What We Are - Julia Garner : Etrange jeune actrice que celle-là. On avait découvert son mystérieux visage peu commun dans le bon drame Electrick Children, mais les producteurs semblent être réticents à la faire travailler sur davantage de projets. Pourtant, elle confirme les espoirs placés en elle dans ce film d'horreur éprouvant et viscéral de Jim Mickle. Faussement fragile, Garner dévoile une ambiguité fascinante. Il serait temps qu'Hollywood se réveille !

 

MEILLEURS ACTEURS DANS UN ROLE SECONDAIRE

Le Congrès - Harvey Keitel : L'un des plus grands comédiens du Nouvel Hollywood s'était un peu perdu dernièrement mais il remonte magnifiquement la pente grâce à la première demi-heure du bijou d'Ari Folman. Son rôle de mentor-ami-amant(?) touchant lui permet de livrer le plus beau monologue vu sur un grand écran cette année. Une renversante prouesse de comédien qui rappelle pourquoi des Scorsese et des Tarantino se sont disputés ses faveurs.

Le Transperceneige - Song Kang-ho : L'acteur fétiche de Bong Joon-ho écope évidemment du personnage le plus intéressant et important dans le dernier film de son ami cinéaste. Une sorte de Han Solo drogué et politiquement incorrect, aussi hilarant que féroce. Il est l'élément perturbateur du Transperceneige, que ce soit le train éponyme de l'intrigue ou le film lui-même qui a nécessité la mise en place d'une grosse machinerie hollywoodienne pour voir le jour.

Lincoln - Tommy Lee Jones : Comédien grincheux qui avait enchainé une majorité de projets bassement mercantiles ces dernières années, Jones met de nouveau (enfin !) pleinement son caractère grognon au service d'un personnage historique radical, haut en couleur et admirable, dont la motivation sans faille qui l'a conduit à mener son valeureux combat pour les droits des Afro-Américains est révélé dans une bouleversante dernière séquence.

Prisoners - Jake Gyllenhaal : Comme DiCaprio, on l'a vu se plonger très jeune dans des rôles de plus en plus noirs pour prouver qu'il était entré dans la cour des grands. Il semble avoir trouvé l'âme soeur dans sa quête avec le cinéaste canadien Denis Villeneuve qui le magnifie dans la peau de cet enquêteur prêt à sombrer dans une folie et une violence lui tendant les bras. Sa composition est fascinante tant il use avant tout de sa gestuelle et de son regard pour sous-entendre ses névroses. 

Rush - Daniel Brulh : L'interprète allemand révélé par Inglourious Basterds trouve ici le personnage de sa carrière : le pilote de formule 1 Niki Lauda. Solitaire, renfermé, brillant, calculateur et animé par une insatiable envie de vaincre. Le drame qu'il vit au milieu du film confère une densité dramatique supplémentaire à son parcours et à sa rivalité avec l'anglais James Hunt, jusqu'à cette ultime belle scène révélant toute l'ambiguité de leur relation et de sa motivation sportive.

Extrait de la bande originale composée par Hans Zimmer pour THE LONE RANGER de Gore Verbinski

MEILLEURES ACTRICES DANS UN ROLE PRINCIPAL

Alabama Monroe - Veerle Baetens : L'actrice et chanteuse flamande livre une sublime composition dans ce mélodrame larmoyant. Personnage central de l'intrigue, muse pour son mari et mère desespérée par la maladie incurable de son unique enfant, Alabama Monroe est une femme dont la complexité et la sensibilité ne peuvent laisser de marbre. Baetens s'en tire admirablement dans un rôle où il était pourtant difficile de ne pas tomber dans un surjeu tragique. 

Gravity - Sandra Bullock : La star hollywoodienne des années 1990 fait un retour triomphal ces dernières années au box-office et aux oscars. Bien que Bullock soit souvent surestimée, on est forcé d'admettre que sa prestation bouleversante dans ce film est une prouesse dont peu de comédiens sont capables. Elle alterne la fragilité, le courage, la terreur, le desespoir et la jubilation avec un aisance époustouflante dans ce rôle éprouvant qui constitue l'apogée de sa carrière.

La Vie d'Adèle - Adèle Exarchopoulos : La révélation française de l'année. On émettra des réserves sur les méthodes d'Abdelatif Kechiche qui ne nous permettent pas encore de déterminer son potentiel en tant qu'interprète et non en tant que performatrice, mais le fait est qu'elle illumine les trois heures de ce récit. On ne voit qu'elle et on ne s'en plaint pas. Le jury de Cannes a eu bien raison de l'inclure dans les lauréats de la Palme d'Or tant elle est l'élément porteur du film.

Shokuzai - Kyoko Koizumi : Elle est le fil rouge de cette oeuvre : une mère épleurée revenant hanter cinq femmes après que celles-ci aient été incapables de dénonçer l'homme qui a tué sa fille, une sorte de sorcière de mauvais augure cherchant à s'assurer que le "pacte" qu'elle a faite avec elles soit respecté, avant de se faire prendre à son propre piège... La femme la plus fascinante, inquiétante et troublante de cette année, interprétée avec brio par l'une des actrices phares du Japon.

Zero Dark Thirty - Jessica Chastain : Doit-on rappeler qui est Jessica Chastain ? On sait depuis The Tree of Life qu'elle est prédestinée à une glorieuse carrière qui n'en est qu'à ses prémices. Elle s'empare ici d'un premier rôle qui aurait été réservé à un homme si le film de Bigelow était bêtement hollywoodien. Une passionnante relecture de Jeanne d'Arc par le biais d'une espionne si obsédée par sa "mission" qu'elle se perd dans un combat n'en valant peut-être plus la peine.

 

MEILLEURS ACTEURS DANS UN ROLE PRINCIPAL

Inside Llewyn Davis - Oscar Isaac : Habitué à des seconds rôles oubliables dans des films qui le sont tout autant (Robin des BoisSucker Punch), l'acteur trouve son premier très grand rôle chez les frères Coen avec ce bon musicien à qui il manque l'étincelle pour devenir un artiste de génie. Une éclosion admirable qui s'apparente déjà à un sommet de sa carrière. Espérons que non puisque Isaac a dévoilé trop de potentiel pour que l'on accepte à présent que celui-ci soit gâché.

Le Loup de Wall Street - Leonardo DiCaprio : Le "minet" de Titanic a prouvé depuis toute sa palette d'acteur en se retranchant dans des rôles sérieux et psychologiques. Paradoxalement, son héros le plus atteint est aussi son plus drôle. Aidé par des dialogues ciselés à la perfection et prêt à toutes les folies, DiCaprio est au sommet de son art. Il aurait même pu se faufiler dans la catégorie "second rôle" pour l'un des meilleurs méchants récents dans Django Unchained

Lincoln - Daniel Day Lewis : Le mythique et trop rare comédien ne revient que pour des rôles de prestige. Après l'erreur Nine, Lewis se rattrape magistralement avec son incarnation tétanisante de vérité du plus célèbre, iconique, paradoxal et passionnant président de l'Histoire des Etats-Unis. Un homme à sa (dé)mesure avec lequel l'acteur accepte de ne pas laisser exploser sa rage pour faire parler un côté mesuré, sage et mutin qu'on ne lui connaissait pas.

Mud - Matthew McConaughey : Il est la grande redécouverte cinématographique de ces dernières années. On l'avait relégué au rang de people musclé sans intérêt. Mal nous en a pris. Depuis son tour de force dans La Défense Lincoln, le meilleur acteur américain aujourd'hui ne cesse de nous asséner des uppercuts. Mud ne déroge pas à la règle, mais il aurait aussi pu trouver sa place dans la catégorie "seconds rôle" pour sa courte prestation délirante dans Le Loup de Wall Street

The Master - Philip Seymour Hoffman : L'un des plus incroyables comédiens étasunien apparus pendant les années 1990 compose un gourou aussi inquiétant et manipulateur que pitoyable. S'il s'est fait voler la vedette par un Joaquim Phoenix cabotin aux yeux des critiques lors de la sortie du film, on ne peut s'empêcher de considérer que sa partition est infiniment plus subtile et foisonnante. Dommage qu'Anderson ne se soit pas uniquement intéressé au parcours de ce personnage.

Extrait de la bande originale composée par Rick Smith pour TRANCE de Danny Boyle

MEILLEURS SCENARIOS

Cloud Atlas - Tom Tykwer, Andy et Lana Wachowski : Tiré un film du roman choral et foissonnant de David Mitchell semblait une gageure impossible à relever. Il a fallu six mains pour parvenir à lier intrinsèquement six récits de temporalités différentes. La véritable prouesse est d'avoir sû, dès l'écriture du scénario, comment ne jamais perdre le spectateur en plaçant précisément les changements d'époque et en unissant d'un même mouvement les moments charnières de chaque histoire.

 

Le Loup de Wall Street - Terence Winter : Le showrunner de l'excellente série Broadwalk Empire se remet au service de Scorsese en adaptant les mémoires du courtier déchu Jordan Belfort. Le résultat est une longue fresque barée (rallongée par les nombreuses scènes improvisées) qui parvient à décrire précisément un milieu de la finance fou et inaccessible au commun des mortels tout en orchestrant l'un des plus puissants "rise and fall" depuis Casino. Chaque réplique y claque comme un coup de fouet.

 

Rush - Peter Morgan : L'excellent scénariste britannique à qui l'on doit The Queen dresse une magnifique rivalité qui se transforme en relation amour-haine absolument passionnante qui s'inscrit dans une description détaillée du milieu des courses automobiles. La preuve de la réussite de ce script ? Nous amener une dernière course où l'on ne peut pas arriver à déterminer lequel des deux pilotes devrait vaincre l'autre. On n'avait pas vu meilleur dilemne sportif depuis Warrior.

 

Shokuzai - Kiyoshi Kurosawa : Certes, c'est une mini-série télévisée en cinq épisodes réunis en deux films lors de son exploitation sur le sol français. Mais cette fresque sur le Japon, noire, tragique, absurde, touchante, ironique et pathétique, est un parfait portrait des malaises qui agitent cette société et des fantômes qu'elle trimbale (ou finit par créer). Jonglant avec des ruptures de ton très osées, le script tiré de l'oeuvre éponyme de Kanae Minato donne l'occasion de voir, non pas un, mais cinq portraits de femmes aussi variés et complets que passionnants.

 

Zero Dark Thirty - Mark Boal : Un travail de recherche très important (pas étonnant vu le passif de journaliste d'investigation de Boal) qui aboutit sur une chronique fascinante, certes condensée mais ne sacrifiant aucun détail et n'éludant pas les aspects peu reluisants des deux "camps" adversaires. Boal se permet au passage de placer une héroine complexe et forte dans un genre cinématographique pourtant peu habitué à accorder ce type de faveur au "sexe faible".

 

MEILLEURS REALISATEURS

Gravity - Alfonso Cuaron : Après Les Fils de l'Homme, prodige de mise en scène accompagnant une renversante histoire universelle, il ne faisait plus aucun doute que Cuaron était l'un des grands génies que comptait le cinéma. Avec son film spatial qui s'impose comme une date dans la représentation du cosmos, il prouve qu'il est en fait un cran au dessus des Fincher, des Cameron et des Spielberg dans l'emploi de technologies avant-gardistes au service de récits humains transcendants.

Inside Llewyn Davis - Joel et Ethan Coen : Les deux frangins continuent leur bonhomme de chemin en tentant (puis en renonçant) de trouver un sens à l'art, à l'existence et au hasard. Au sommet de leur art et bénéficiant à présent d'un statut qui leur confère une certaine liberté de manoeuvre, les Coen assènent des séquences percutantes d'une richesse folle qui ne cessent de hanter et de faire réfléchir le public sur ses propres croyances et idées reçues.

Le Loup de Wall Street - Martin Scorsese : L'un des plus célèbres réalisateurs au monde et l'un des rares symboles encore vivaces du Nouvel Hollywood n'a pas dit son dernier mot malgré ses 71 ans. Gardant coûte que coûte une longueur d'avance sur la (jeune) concurrence, papy Marty livre carrément son film le plus agressif, cinglé, libre et débridé. Une tragédie bling-bling potache d'une noirceur et d'une subversion admirable où chaque plan fourmille d'idées de cinéma.  

Le Transperceneige - Bong Joon-ho : Le Spielberg sud-coréen ose faire un pas dans un cinéma international l'obligeant à se frotter à des pressions qu'il n'avait pas sur ses précédents projets élaborés dans son pays natal. Il mène pourtant la barque d'une main de maitre, refuse d'abandonner son style mordant et ne se fait pas dévorer par une consensualité toute américaine (son combat acharné contre Weinstein qui souhaitait remodeler le film est admirable).

Only God Forgives - Nicolas Winding Refn : L'esthète mégalo danois ne souhaite pas se reposer sur ses acquis. Probablement tracassé par le succès de son Drive qui risquait de l'adoucir, il orchestre sciemment la destruction de l'oeuvre qui allait le standardiser avec ce film radical qui fit hurler les pseudo-admirateurs de Refn. Les vrais fans reconnaitront immédiatement sa démarche jusqu'au-boutiste et applaudiront ce geste aussi suicidaire qu'audacieux et mémorable.

Extrait de la bande originale composée par Steven Price pour GRAVITY d'Alfonso Cuaron

PRIX SPECIAL DE LA SEQUENCE QUI CLAQUE

Django Unchained - Le diner chez Calvin Candie : Lorsque le Dr. King Schultz (Christoph Waltz) et Django (Jamie Foxx) rendent visite au riche et ignoble propriétaire Calvin Candie (Leonardo DiCaprio), ils ignorent que leur véritable motivation, emporter une esclave qui n'est autre que la femme de Django, a été percée à jour. Le suspense monte pendant un interminable diner. Lorsque Candie revient avec un crane pour expliquer l'incapacité des noirs à se révolter, on est bluffé par le talent de dialoguiste de Tarantino. Quand DiCaprio écrase un verre sous sa main en se blessant réellement mais en continuant à jouer, on est sidéré. Quand la jeune esclave est à deux doigts de se faire fracasser la tête par le marteau de Candie, on est accroché à notre siège. La tension en devient si insoutenable que la dernière demi-heure du film parait bien fade en comparaison.

Evil Dead EX AEQUO We Are What We Are - Le dernier "festin" : Si Evil Dead partait mal, ce remake d'un classique de l'épouvante s'améliore grandement au cours de son récit en livrant un flot d'atrocités plus innomables et enthousiasmantes les unes que les autres. L'emploi d'une tronçonneuse lors de l'ultime combat contre le démon permet d'assister à une boucherie gore extrêmement jubilatoire, d'une barbarie sidérante, sur fond de pluie de sang et de cabane en feu au milieu d'une forêt de cauchemar. Feast on this, motherfucker ! Idem pour le film de Jim Mickle qui avait les atours d'un drame austère avant que la monstruosité de cette famille pieuse et endeuillée ne soit peu à peu révélée. L'inéluctable gradation de l'horreur mène à un acte final innommable aussi grotesque et écoeurant que tragiquement logique et poétique. Qu'on adhère ou non à cette dernière séquence outrancière, elle ne laisse pas indifférent.

Gravity - L'explosion de l'ISS : Echappant à un incendie dans la Station Spatiale Internationale (ISS), l'astronaute novice Ryan Stone sort dans le vide pour détacher le parachute de son module de sauvetage qui s'est empêtré autour de la station et qui l'empêche de partir. Pendant qu'elle s'y attèle, le nuage de débris qui avait détruit sa navette a achevé son tour en orbite et revient tout démolir sur son passage. Les choses s'aggravent encore lorsque l'ISS explose en entrainant le module de Stone dans un tour de montagnes russes où le moindre contact avec un seul des millions de débris autour d'elle suffirait à la tuer. Attention, n'oubliez pas de respirez pendant cette scène car elle dure cinq terribles minutes !

Le Loup de Wall Street -  Les quaaludes au citron : Meilleure scène de drogue de l'Histoire du cinéma. On pourrait se contenter de dire cela pour justifier sa présence dans cette catégorie. Un monument de burlesque qui renvoie tous les pétages de cable hystériques de la bande d'Apatow au rang de "séquences pour cul-bénis". Vingt minutes où DiCaprio fait face à un Jonah Hill expérimenté afin de déterminer qui sera capable d'aller le plus loin dans l'auto-humiliation pour que le spectateur puisse pleinement savourer la déchéance pitoyable des salopards qu'ils interprètent. Le "bad trip" le plus hilarant, pathétique et sidérant de ces quinze dernières années. Au moins !

Zero Dark Thirty - L'assaut final : Véritable rupture dans la narration effreinée et élliptique de cette fresque qui met soudain à l'écart son héroine, l'opération des Forces Spéciales pour infiltrer une villa protégée et tuer le leader terroriste Ben Laden qui s'y cache est un modèle d'immersion. Un boulot phénoménal sur le son et la photographie nous amène à être aux côtés de ces soldats qui prennent d'assaut cette forterresse en pleine nuit et en territoire ennemi. Un morceau de bravoure quasiment en temps réel qui nous donne l'impression de découvrir et d'assiter en même temps à une bout d'Histoire que le cinéma se chargerait de nous révéler.

 

BONUS : LES MEILLEURES BANDES ANNONCES POUR UN FILM DE 2013

Cloud Atlas

Gravity

Le Loup de Wall Street

 

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 21:17

Après une année aussi phénoménale où beaucoup de grands réalisateurs ont présenté leurs derniers bébés [voir à cette occasion le top 15 et le flop 15 de 2013], la suivante apparait un peu chiche. Il est vrai qu'elle est dépourvue du prochain Martin Scorsese, puisque ce dernier a finalement pu caser son Loup de Wall Street pour ce Noël, ou encore du nouveau thriller de Michael Mann intitulé Cyber, qui portera sur le milieu du cyber-terrorisme et qui a été reporté au premier semestre de 2015. Elle est aussi privée du film qui aurait dû l'illuminer : le mystérieux Tomorrowland de Brad Bird, le projet le plus excitant de ces prochains mois, a été repoussé à mai 2015 aux Etats-Unis. Cela signifie-t-il que la tempête est passée et que nous sommes revenus à une période de calme ? 

Peut-être, mais cela ne veut pas dire que l'année sera morne. Quelques titres alléchants se bousculent déjà sur le calendrier. Il y a d'abord les candidats aux oscars qui ne sortiront qu'en janvier-février et parmi lesquels on compte American Bluff de David O. Russell (The Fighter, Happiness Therapy) et Twelve Years a Slave de Steve McQueen (Sham​e). On verra aussi le retour de Paul Thomas Anderson avec Vice Caché, de Christophe Gans avec La Belle et la Bête, de Spike Lee avec sa version d'Old Boy, de Clint Eastwood avec le musical Jersey Boys (Christopher Walken fait partie de la distribution), du duo Denis Villeneuve/Jack Gyllenhaal après Prisoners avec Enemy, de Spike Jonze avec Her, de George Clooney avec The Monuments Men, de Lars Von Trier avec son dyptique porno The Nymphomaniac, de Michel Hazanavicius avec son premier film américain The Search, de Fred Cavayé avec Mea Culpa, de Bennett Miller avec Foxcatcher (qui annonce une prestation impressionnante de Steve Carrell), de Hayao Miyazaki avec Le Vent se lève, ou encore de Fabrice de Welz avec Colt 47. Autant de propositions de cinéma aussi intéressantes que différentes. Mais je vais me focaliser sur dix d'entre elles, classées par ordre alphabétique, car elles retiennent particulièrement mon attention.

 1 – Big Eyes de Tim Burton (date de sortie inconnue)

Cela fait quelques années que l’on a fait un trait sur Tim Burton. Son parcours est l’un des plus dramatiques dans le cadre du cinéma contemporain. Animateur brillant, il s’était imposé à la fin des années 1980 comme l’un des plus jeunes prodiges du septième art en se voyant confier les rênes de la première adaptation cinématographique de Batman. Un carton démentiel à l’époque qui lui donna les pleins pouvoirs auprès des studios afin de s’imposer comme un réalisateur de génie. En effet, Burton est l’un des très rares metteurs en scène à pouvoir se targuer d’avoir enchainé quatre chefs d’œuvre à la suite avec Edward aux mains d’argent, Batman – le défi, Ed Wood (son meilleur film à ce jour) et le très méchant pastiche Mars Attack !. Epuisé par le « development hell » de son Superman Lives ! et son très bon Sleepy Hollow, Burton fut mis aux commandes du « remake » de La Planète des Singes. Dévoré par la machine hollywoodienne, Burton ne s’en est pas remis.

Au début des années 2000, il a survécu « sous perfusion » grâce à d’intéressants films imparfaits : Big Fish, Charlie et la chocolaterie et le sinistre Sweeney Todd dont la dernière scène montrait frontalement la mise à mort du cinéaste gothique de Burbank par un enfant. Marié, rangé et père pour la première fois, Tim Burton a lentement annoncé dans ses derniers films l’inévitable obligation pour « Edward » de quitter son château afin de vivre dans la société des hommes. Ses deux derniers longs métrages sont représentatifs du désastre : l’innommable Alice au pays des merveilles, en 3D et produit par Disney, le montrait fini, broyé, vendu. C’était le sujet parfait pour Burton mais le résultat final allait à l’encontre de ses idéaux de jeunesse. Les « freaks » représentaient dorénavant l’incarnation du mal et les héros (capitalistes) se complaisaient dans une normalité victorieuse. Le dévoiement du message initial de Burton fut confirmé avec Dark Shadows où l'ultime image voyait une famille de commerçants se ressouder en regardant bruler les ruines du château d’Edward aux mains d’argent.

Autant dire qu’on n’attendait plus rien du cinéaste après une telle hérésie. Pourtant son prochain projet est de loin le plus intéressant qu’il ait eu entre les pattes depuis au moins une décennie. D’abord parce qu’il voit le retour de Burton sur un terrain plus modeste, moins surbudgété et moins englouti sous un gloubi-boulga d’effets numériques qu’il ne sait visiblement pas du tout maîtriser. Ensuite parce qu’il s’est abstenu de replacer son ami (horriblement) cabotin Johnny Depp et sa femme (horriblement) cabotine Helena Bonham Carter dans des rôles importants, et ce, pour la première fois depuis Big Fish ! De plus, le scénario de ce Big Eyes, très différent de ce que fait habituellement Burton, est écrit par Scott Alexander et Larry Karaszewski, qui ont débuté avec le script… d’Ed Wood (on leur doit aussi Man of the Moon et Larry Flint de Milos Forman). Enfin, Burton s’est libéré de l’influence du producteur Richard D. Zanuck, récemment décédé, qui paraissait le tirer vers le bas depuis qu’ils s’étaient rencontrés sur La Planète des Singes.

Certes, Burton conserve Danny Elfman, autrefois excellent compositeur qui semble avoir viré en mode automatique, et garde le directeur de la photographie français Bruno Delbonnel qui est capable du pire (Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, Dark Shadows) comme du meilleur (Un Long Dimanche de Fiançailles, Inside Llewyn Davis). Certes, le film est produit et distribué par The Weinstein Company, dirigé par un Harvey « Scissorhands » Weinstein actuellement en plein démêlé avec Olivier Dahan pour Grace de Monaco et Bong Joon-ho pour Le Transperceneige qu’il veut bêtement modifier à sa guise. Et certes, Alexander et Karaszewski ont récemment écrit les scripts de Cody Banks – agent secret et de Percy Jackson – La Mer des monstres. Mais on est en droit d’espérer que leur retour au biopic (un genre qui leur a toujours réussi) permettra à ce film cher à leurs cœurs (ils le produisent et ont failli le réaliser) de signer la renaissance de Burton. Big Eyes relatera les déconvenues judiciaires de la peintre Margaret Keane (Amy Adams), connue pour ses portraits d'enfants aux « gros yeux », avec son mari (Christoph Waltz) qui revendiquait la paternité de ses œuvres dans les années 1960.

 2 - Godzilla de Gareth Edwards (14 mai)

Pas la peine de présenter le plus fameux monstre japonais de l’Histoire du cinéma qui fit les belles heures du studio Toho dans une flopée de « kaiju eiga » comme Godzilla d’Ishiro Honda en 1954, Le Fils de Godzilla de Jun Fukuda en 1967 ou encore Le Retour de Godzilla de Koji Hashimoto en 1984. Le lézard géant, inventé pour canaliser le traumatisme de l’holocauste nucléaire après le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, avait traversé l’océan Pacifique à l’occasion du non-évènement réalisé par Roland Emmerich en 1998. Si son « blockbuster » ne lésinait pas sur la quantité de destructions massives, il repompait surtout les Jurassic Park de Spielberg en alignant tous les poncifs imaginables dans le cadre du grand spectacle hollywoodien de masse. Au final, la seule chose plaisante dans cette bête entreprise d’américanisation d’un « mythe » japonais était son tout premier « teaser » humoristique dans lequel Godzilla écrasait avec son pied le squelette du plus grand prédateur qui ait jamais foulé la Terre (le T-Rex).

Gareth Edwards, le cinéaste britannique qui a réalisé pour une bouchée de pain le très admiré Monsters avec lequel il a dévoilé une prodigieuse maîtrise des effets spéciaux, a logiquement atterri au poste de metteur en scène pour ce « reboot » étasunien. Produit encore une fois par Legendary Pictures et co-écrit par Max Borenstein, Dave Callaham, Frank Darabont et David S. Goyer, à qui l’on doit les « reboots » de Superman et de Batman avec Man of Steel et la trilogie The Dark Knight, ce nouveau Godzilla revient aux fondements du mythe au point de réemployer la silhouette originale de la bestiole. Le musicien français Alexandre Desplat va composer la bande originale et Seamus McGarvey opère à la photographie (on lui doit notamment les magnifiques images de Reviens-moi et d’Anna Karenine réalisés par Joe Wright).

Mais le plus grand argument que réserve ce « blockbuster » réside dans le casting surprenant qu’il est parvenu à réunir : Aaron Taylor-Johnson (le héros de Kick-ass), dans le rôle du personnage principal, Bryan Cranston (la série « Breaking Bad », Drive, Argo), la très jolie et talentueuse Elizabeth Olsen (Martha Marcy May Marlene, Very Good Girls, le « remake » d’Old Boy par Spike Lee), David Strathairn (Good Night and Good Luck, Lincoln), Ken Watanabe (Mémoires d’une Geisha, Inception), Akira Takarada (devenu célèbre grâce au premier Godzilla) et Juliette Binoche. La présence de cette dernière concentre l’intérêt pour ce film. L’actrice française a toujours été vue comme une comédienne privilégiant les œuvres modestes et dramatiques. Son refus de participer à Jurassic Park, alors que Spielberg la courtisait depuis quelques temps, est assez célèbre. Pourquoi a-t-elle soudain accepté de jouer dans ce nouveau Godzilla ? 

Deux explications sont possibles. La première est d’ordre financière : la production a allongé un très gros cachet ou celle-ci a besoin d’argent et a accepté un rôle « alimentaire » qu’elle n’aurait jamais daigné prendre au début des années 1990. La seconde est d’ordre artistique : le scénario et son personnage ont une densité inattendue qui démarquerait Godzilla de la totalité des « blockbusters », y compris ceux réalisés par rien de moins que Spielberg. Si la promotion est encore relativement discrète une fois sorti du cadre du Comic Con, le peu d’affiches que l’on a vu semble annoncer un film à la fois respectueux mais aussi assez sombre qui n’entend pas se moquer du mythe qu’il aborde. La bande annonce dévoile de son côté des images d’apocalypse assez poétiques et une ambiance premier degré laissant penser que l’excellent Pacific Rim de Guillermo Del Toro n’était qu’un encas.

 3 - Gone Girl de David Fincher (12 novembre)

David Fincher a eu du mal à embrayer après le « remake » américain du premier best-seller suédois « Millenium » intitulé The Girl With the Dragon Tattoo. Ses films suivants auraient logiquement dû être les adaptations des deux autres livres « Millenium », The Girl Who Played with Fire et The Girl Who Kicked the Hornets’ Nest, mais il semblerait que la production de la trilogie soit stoppée indéfiniment. Les raisons sont multiples : Daniel Craig est trop occupé avec le rôle de James Bond qu’il doit reprendre à l’occasion de deux ultimes films (le prochain est de nouveau réalisé par Sam Mendes pour novembre 2015) ; les chiffres du box-office pour le premier épisode sont loin d’être démesurés, même s’ils sont assez exceptionnels compte tenu du fait qu’il s’agissait d’une superproduction « R » (interdite aux mineurs non accompagnés aux USA) ; et Fincher lui-même ne semble pas emballé par l’idée de transposer les deux autres romans parait-il beaucoup plus faibles.

Néanmoins, Fincher a vu tous ses autres précédents projets être jetés à l’eau : l’arlésienne Rendez-vous avec Rama à partir du chef d’œuvre de la littérature science-fictionnelle écrit par Arthur C. Clarke, le film de « serial-killer » Torso tiré d’une BD et mettant en scène l’incorruptible Elliot Ness, une autre adaptation de BD avec le très sombre Black Hole, le long métrage culinaire avec Keanu Reeves intitulé Chef ou encore la réinterprétation extrêmement ambitieuse technologiquement parlant de 20.000 Lieux sous les mers. Ce n’est qu’assez récemment que l’on a appris que Fincher revenait dans son domaine de prédilection : le thriller. En effet, Fincher a acquis une grande renommée avec quelques pépites du genre comme Alien 3, Fight Club, Zodiac, Panic Room et bien sûr le mythique Se7en. Produit par la Fox, Gone Girl est adapté du roman éponyme de Gillian Flynn, traduit en français par « Les Apparences ».

Le pitch est le suivant : Amy, jeune femme au foyer, et son mari, Nick, forment en apparence un couple modèle. Victimes de la crise financière, ils ont quitté Manhattan, leur vie aisée, leur travail dans la presse, pour s'installer dans la petite ville du Missouri où Nick a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, celui-ci découvre dans leur maison un chaos indescriptible : les meubles sont renversés, les cadres aux murs sont brisés et il n’y a plus aucune trace de sa femme. Tous les soupçons portent évidemment sur Nick mais l'enquête qui s'ensuit prend vite une orientation inattendue. Développée au départ afin d’être un véhicule pour l’actrice Reese Witherspoon, qui se contente finalement du poste de productrice, Gone Girl oppose Ben Affleck dans le rôle de Nick et Rosamund Pike dans le rôle d’Amy. Tout le monde connait le premier puisqu’on le perçoit comme un acteur autrefois médiocre qui a su faire une brillante reconversion dans la mise en scène avec The Town et le récent Argo. Il est actuellement victime de l’injuste « bashing » des ayatollahs « geeks » qui ne supportent pas de le voir incarner Bruce Wayne dans la suite de Man of Steel, Batman vs. Superman de Zack Snyder.

La seconde est moins connue, a été découverte dans l'exécrable épisode de James Bond Meurs un autre jour (où elle était clairement la seule bonne surprise) et a eu depuis une carrière en dents de scie alternant le médiocre (La Colère des Titans, Clones) avec le haut du panier (Jack Reacher, Orgueil et Préjugés, The World’s End). Ce rôle pourrait la faire définitivement décoller, d’autant plus qu’elle a damné le pion à des actrices confirmées comme Charlize Theron, Natalie Portman, Emily Blunt ou encore Abby Cornish. Les habituellement comiques Neil Patrick Harris et Tyler Perry complètent le casting et incarnent des personnages secondaires assez loin de ceux qu’ils ont l’habitude d’interpréter. Le tournage est en train de s’achever et a été fait en 6K (très haute définition) par Jeff Cronenweth, le directeur de la photographie des deux derniers films de Fincher. On ignore encore si Gone Girl a le potentiel pour flirter avec Se7en et Zodiac ou s’il s’avèrera dans la veine du mineur The Game. Quoiqu’il en soit, le cinéaste perfectionniste n’a rien perdu de ses habitudes puisqu’il referait chaque scène une cinquantaine de fois. 

 4 - Interstellar de Christopher Nolan (5 novembre)

Ce film, comme tous les derniers films de Christopher Nolan,  est extrêmement attendu par la communauté des cinéphiles. Le cinéaste britannique qui avait fait d’impressionnants débuts avec le percutant Memento a grimpé les échelons très vite. D’abord en gérant de manière admirable l’envoutant Insomnia, un « remake » supérieur à sa version originale canadienne, puis en osant s’atteler au « blockbuster » avec Batman Begins. Le fait que ce dernier ait été écrit par Nolan lui-même, une anomalie en soit dans le domaine du film de divertissement actuel, n’y est pas pour rien puisqu’il a amené son auteur à développer son univers ténébreux et ses thématiques angoissées pour les inclure dans une grande production hollywoodienne. A partir de cette date, Nolan, épaulé par son jeune frère scénariste Jonathan Nolan, a enchainé les gros projets avec son chef d’œuvre Le Prestige, son polar tétanisant avec la suite Batman – The Dark Knight et son passionnant labyrinthe Inception.

Jusqu’au premier hic avec l’ultime épisode de sa trilogie sur l’homme chauve-souris en 2012, The Dark Knight Rises. Le long métrage montrait les limites du style de Nolan : ses défauts, déjà présents dans ses œuvres précédentes, tendaient à prendre le pas sur ses qualités. Face à son premier et inévitable échec artistique, Christopher Nolan s’est retrouvé à un tournant décisif de sa carrière. Deux possibilités s’offraient à lui : persister dans ses travers comme si de rien n’était ou chercher à se renouveler. Avec Interstellar, il semble heureusement avoir choisi la seconde option. C’est un projet de longue date qui n’a pas été initié par lui. Une première depuis Batman Begins. Co-écrit par Jonathan Nolan et l’astrophysicien Kip Thorne pendant les années 2006-2007, ce space-opera devait être réalisé par Steven Spielberg, afin de rendre hommage à son père, avant qu’il ne décide malheureusement de lâcher l’affaire.

Logiquement, c’est donc Christopher Nolan lui-même qui le remplace. Ce projet se démarque a priori de ce que le cinéaste anglais a fait précédemment. Connu pour son obsession envers les intrigues « réalistes », Interstellar devrait l’obliger à sortir de son terrain habituel pour aller dans l’espace et filmer des vaisseaux spatiaux voyageant dans différentes dimensions à l’aide de trous noirs. Le but de ces aventuriers, si l’on s’en fie aux rumeurs, serait de trouver les moyens de résoudre les nombreux problèmes climatiques touchant la Terre dans le futur. Le tournage en Islande et dans les studios de Los Angeles s'est achevé dans la plus grande discrétion et les photos prises à la volée n'ont rien laissé filtré sur cette épopée intersidérale. Et autant ne pas parler de cette première bande annonce ne laissant rien présager d'autre qu'une jolie montée émotionnelle que l'on espère retrouver dans le film. Si Hans Zimmer reste à la musique, Nolan a dû se séparer de son directeur de la photographie attitré, Wally Pfister, qui est parti réaliser son (premier) long métrage de S.F. conceptuelle, Transcendance, avec Johnny Depp. A sa place, Nolan a embauché Hoyte Van Hoytema, le directeur de la photographie de Tomas Alfredson à l’occasion de Morse, du sublime La Taupe et de sa prochaine aventure d’heroic-fantasy Les Frères Cœur-de-lion prévue pour 2015. 

Au casting, on retrouve l’habituel Michael Caine dans un petit rôle et Anne Hathaway, la Catwoman de The Dark Knight Rises, en premier personnage féminin. Mais pour le reste, Nolan a fait peau neuve. Matt Damon a un caméo, Casey Affleck, Topher Grace et Jessica Chastain jouent des membres de l’équipage, et l’ultra-charismatique Matthew McConaughey écope du personnage principal et confirme son « come-back » fulgurant après La Défense Lincoln, Killer Joe et Mud. Le film est produit conjointement par la Paramount et la Warner Bros. Sachant que Nolan est ce qui s’apparente le plus à un nouveau Spielberg, que ce soit en termes de réception par le public et d’autorité auprès des studios qui lui confient les pleins pouvoirs, il est facile de savoir pourquoi Interstellar sera l’un des gros morceaux de 2014 et un furieux compétiteur à la prochaine course aux oscars.

 5 - Jupiter Ascending d’Andy et Lana Wachowski (23 juillet)

Le film suivant est aussi un « space-opéra ». Mais à l’inverse d’Interstellar, on peut déjà affirmer que le prochain long métrage d’Andy et Lana Wachowski sera moins porté sur le réalisme. Les mythiques réalisateurs de Matrix et de ses deux suites controversées, Matrix Reloaded et Matrix Revolution, n’aiment pas qu’on leur dise quoi faire. Ils recherchent l’indépendance à tout prix et se livrent à fond dans chacun de leur nouveau projet, et ce, même si le public n’est pas enclin à les suivre. En 2008, ils réalisaient leur chef d’œuvre Speed Racer, un film expérimental délirant et terriblement jubilatoire qui fut la risée d’une critique dépassée avant d’être boudé par les spectateurs. Ce flop massif a rendu difficile la concrétisation de leur film suivant encore plus ambitieux : Cloud Atlas.

Là encore, le film indépendant le plus cher depuis Apocalypse Now est passé inaperçu, même si les rares ayant osé tenter le voyage en sont ressortis plus qu’enthousiastes. On pouvait penser qu'ils étaient finis, définitivement rejetés par Hollywood, mais la Warner, l’unique studio actuel à soutenir les grands cinéastes, persiste à croire en eux. Les Wachowski ont donc encore les mains libres pour cette fois. Bien qu’ils ne puissent pas mettre en scène Cobalt Neural 9, une romance gay entre un soldat américain et un Irakien lors d’un conflit irakien parallèle impliquant notamment l’assassinat du président George W. Bush, ils se sont tournés vers un projet plus énorme avec Jupiter Ascending

Le film se déroule dans un futur assez lointain où Jupiter Jones, une immigrée russe qui nettoie les toilettes pour survivre, est poursuivie par Caine, un chasseur de prime interplanétaire génétiquement modifié. Ce dernier a été envoyé par la Reine de l’Univers car le destin de Jupiter risquerait de bouleverser l’équilibre du cosmos. La raison ? La signature génétique de Jupiter serait aussi parfaite que celui de la Reine qui pourrait alors être détrônée. Jupiter est incarnée par Mila Kunis (Black Swan, Ted) et Caine a les traits de Channing Tatum (21 Jump Street, Magic Mike). Le reste de la distribution n’est pas en reste puisqu’on y trouve Sean Bean (GoldenEye, Le Seigneur des Anneaux), Eddie Redmayne (Les Misérables), Doona Bae et James D’Arcy (tous les deux dans Cloud Atlas) ainsi que le metteur en scène Terry Gilliam dans un petit rôle décrit comme vital. 

Le tournage s’est effectué en 3D, une première (toute indiquée) pour les Wachowski, dans les studios anglais puis dans la ville de Chicago. La musique est déjà composée par l’excellent Michael Giacchino, qui avait écrit la B.O. fantastique de Speed Racer, afin que les Wachowski et leur directeur de la photographie John Toll (Cloud Atlas, Tonnerres sous les Tropiques, Gone Baby Gone, Le Dernier Samouraï et La Ligne Rouge, rien que ça) puissent élaborer leurs séquences en fonction de la bande son. Récemment, Andy et Lana Wachowski ont annoncé que les effets spéciaux de ce Jupiter Ascending étaient beaucoup plus complexes que ceux de Matrix, Speed Racer et Cloud Atlas. Quand on sait leur immense complexité technologique et quand on voit la première bande annonce qui nous en met plein les mirettes, on ne peut être que rêveur devant la folie visuelle que risque d’être ce « blockbuster ».

 6 - La Grande Aventure Lego de Chris Miller et Phil Lord (19 février)

Impossible de ne pas inclure un film d’animation dans ce classement des longs métrages les plus attendus pour l’année prochaine. On aurait pu mettre l’un des deux films de Ghibli, le dernier Miyazaki intitulé Le Vent se lève ou l’ultime Takahata qui s’appelle L’histoire de la princesse Kaguya, mais j’en avais parlé l’année dernière lors d’un précédent compte-rendu. J’aurai pu parler du prochain Pixar, The Good Dinosaur, mais il a été repoussé à 2015. Ce n’est peut-être pas un mal lorsque l’on voit la précipitation avec laquelle le brillant studio tend à sortir ses derniers longs métrages, et ce, parfois en dépit de leur qualité. Alors il faut se tourner vers La Grande Aventure Lego. Il est sûr qu’un tel projet ne semble pas franchement alléchant. On ne compte pas le nombre de films ratés ayant été adaptés d’un jeu : les Transformers ou Battleship, l’adaptation à 200 millions de dollars de « Touché Coulé » (n’oublions jamais !), sont là pour en attester.

Et pourtant, ce long métrage animé a plusieurs arguments à faire valoir qui laissent penser qu’il pourrait s’agir de l’un des plus chouettes films d’aventures de ces prochains mois. Tout d’abord parce que la licence LEGO crée par la célèbre société danoise est beaucoup plus inventive et inoubliable que beaucoup d’autres jouets. L’élaboration d’un film, a fortiori d’animation, ne parait pas saugrenue. De fait, les petites figurines ont fait les grandes heures des amateurs de « stop-motion » à l’occasion de courts métrages parfois très inspirés. La surprise est que, malgré ce que la bande annonce laisse penser, La Grande Aventure Lego a été élaboré en images de synthèse. L’idée de génie est de faire croire que le film a le charme suranné des mouvements en « stop-motion » tout en bénéficiant de la liberté totale de mise en scène que confèrent les images numériques.

Ce parti pris assez audacieux n’est pas surprenant lorsque l’on se penche sur le nom des deux réalisateurs qui ont la tâche de mener ces aventures : Phil Lord et Chris Miller. Un duo peu connu à qui l’on doit pourtant deux longs métrages très réussis. Le premier était un hilarant film d’animation connu sous le titre génialement absurde de Tempêtes de boulettes géantes ; le second était l’adaptation « live » de la « teen-serie » policière ringarde « 21 Jump Street ». Dans les deux cas, ils s’agissaient de projets casse-gueule que ces cinéastes ont transcendé pour livrer des films de divertissement de très haute tenue. A l’image du prochain film des Wachowski, La Grande Aventure Lego relate une histoire d’Elu. Emmet, un lego ordinaire, est évidemment pris par erreur pour le Maître Constructeur pouvant sauver le monde. Il se retrouve entrainé contre son gré dans un périple des plus mouvementés avec pour but de mettre hors d’état de nuire un redoutable despote. 

Si en termes visuel mais aussi d’humour, le film semble assurer comme les deux précédents longs métrages de Lord et Miller, il ne met pas de côté le casting de voix. Emmet est doublé par Chris Pratt tandis que le tordant Will Ferrell donne sa voix au méchant Lord Business. Elisabeth Banks, Morgan Freeman (en éternel guide à la voix grâve) et Liam Neeson complètent la distribution. Profitant du nombre de personnages ayant eu droit à leurs figurines Lego, Lord et Miller ont incorporé au récit Batman et Superman à l’occasion de leur première rencontre cinématographique avant la suite du Man of Steel de Zack Snyder. Et histoire de compléter la Ligue des Justiciers avant l’hypothétique « blockbuster » prévu pour 2016 ou 2017, Wonder Woman et Green Lantern seront aussi de la partie. Une fois n’est pas coutume, ce film d'animation américain, qui sera surement le plus intéressant en 2014 avec Dragons 2, est produit par… la Warner. Oui, encore elle.

 7 - Maggie de Henry Hobson (date de sortie inconnue)

Il existe surement un monde parallèle dans lequel Arnold Schwarzenegger est un grand acteur et pas uniquement ce monstre de charisme qui fit le bonheur de trop rares réalisateurs brillants à l’occasion de films d’action inoubliables. Un monde où le bodybuilder d’origine autrichienne ne serait pas uniquement connu pour avoir été le Terminator ou les héros musclés de Conan le barbare, Predator, Last Action Hero et Total Recall. D’une certaine manière, Schwarzenegger est l’un des acteurs les plus malchanceux de l’Histoire du cinéma puisqu’il s’est retrouvé dans bon nombre de navets alors qu’il aurait pu tenir la vedette de quelques-uns des plus grands films jamais faits. Dans les années 1990, Paul Verhoeven le voulait dans le rôle du colossal Franc Hagen dans ce qui aurait dû être le plus incroyable film médiéval de tous les temps : Crusade. James Cameron le voulait en nouveau Charlton Heston pour le « remake » de La Planète des Singes avant que ce dernier ne soit laissé aux malencontreuses mains de Burton et d’un Mark Wahlberg paumé.

Pour son « come-back » à la fin de son mandat de gouverneur de Californie, Schwarzy devait revenir avec le drame équestre Cry Macho produit par Al Ruddy (Million Dollar Baby, Le Parrain). Malheureusement, le destin en a décidé autrement. Si son choix de tenir le premier rôle dans le divertissant Le Dernier Rempart de Kim Jee-woon était des plus honorables, le film n’a pas du tout eu le succès escompté. Au final, le retour de Schwarzy se fait par la petite porte, avec des projets faciles : des caméos dans Expendables 1 et 2, les futures suites de Terminator et de Conan, un énième « actioner » bourrin intitulé Sabotage. L’acteur est emprisonné dans ses rôles illustres, à l’instar de son ami Sylvester Stallone qui est condamné à rejouer indéfiniment Rocky et Rambo. Les deux hommes ont justement enfin droit à leur premier vrai face-à-face cinématographique avec Evasion, lui aussi passé inaperçu. Mais la donne pourrait changer avec ce drôle de projet mené par l’inconnu Henry Hobson et intitulé Maggie.

A l’origine, il y a un scénario classé dans la « Black List » annuelle des meilleurs scripts encore non produits. Le film voit la toute première confrontation de Schwarzenegger avec une invasion de zombies. Immédiatement, vous vous dites « Oh, un énième film de morts-vivants, un énième blockbuster, un énième film d’action ! ». Les sites de cinéma ont d’ailleurs largement diffusé cette idée dès que l’annonce de Schwarzenegger dans le rôle principal fut faite. Or il s’agit là d’un gigantesque malentendu puisque son personnage est à contre-emploi de ce qu’il a fait auparavant. Maggie est un petit film de dix millions de dollars, un drame indépendant aux faux-airs de « road-movie ». A priori, pas ou très peu de dézinguages de morts-vivants à la sulfateuse. Schwarzy y interprète un père de famille qui tente d’empêcher sa fille unique, contaminée par un virus, de se transformer doucement mais surement en zombie. La lente mutation de la gamine renvoie ici de manière métaphorique à la lente propagation d’une grâve maladie, un peu comme c'était le cas dans La Mouche de David Cronenberg.

C’est alors qu’un autre projet abandonné de Schwarzenegger revient en tête. Un homme barbu (un changement de look salvateur pour l’acteur qu’Evasion confirmait déjà), cigare au bec, voyant sa fille unique être infectée alors qu’ils sont seuls au milieu d’une horde de montres s’apprêtant à dominer le monde au détriment des humains, évoluant dans un récit apocalyptique sur la solitude, le deuil, la maladie,… Autant d’éléments qui semblent venir directement du phénoménal scénario que Mark Protosevich avait écrit à la fin des années 1990 pour l’adaptation de Je suis une Légende par Ridley Scott et dans lequel Schwarzenegger devait incarner Robert Neville, le dernier homme sur Terre. Un film depuis dévoyé par l’horrible Akiva Goldsman, le « yes-man » Francis Lawrence et l’acteur « cool » Will Smith qui ont transformé ce film fantastique extrêmement violent et déprimant en un « blockbuster » pour ados fans de CGI ignobles. A l’instar de Crusade, Schwarzy ne s’est jamais vraiment remis de l’abandon de ce projet qui aurait dû être l’un des plus grands chefs d’œuvre de sa carrière. Abigail Breslin incarne la jeune fille malade et remplace au pied levé Chloe Moretz, indisponible pour cause d’agenda surchargé, et Joely Richardson joue sa mère. Le tournage en Nouvelle Orléans est sur le point de s’achever et le film devrait sortir vers la fin de 2014.

 8 - Noé de Darren Aronofsky (9 avril)

Le film suivant est vraisemblablement ce qui peut se rapprocher le plus d’une version 2014 du Prometheus de Ridley Scott : un grand réalisateur, un vaste sujet, de somptueuses images évocatrices qui flattent la rétine, un casting intéressant ainsi qu’un fort potentiel pour se vautrer dans le message bigot et dans le clip de propagande « made in Bible Belt ». Il y a d‘abord le cinéaste à la barre. Darren Aronofsky a été révélé en 2000 avec Requiem for a dream, la meilleure pub antidrogue jamais faite aux effets de montage ringards et au scénario abominablement putassier. Après ce coup d’essai surestimé, Aronofsky a notamment enchainé avec l’étrange et pompeux The Fountain puis le touchant drame The Wrestler qui avait surtout comme grande qualité d’amener le « come-back » temporaire de Mickey Rourke. Le cinéaste new-yorkais à la subtilité de la Panzer Division était revenu ensuite avec le sympathique thriller Black Swan, qui repompait l’œuvre de Satoshi Kon, ce qui lui avait valu d’être dans les petits papiers des studios, des critiques et du public.

Malgré son gout pour les histoires morbides, Aronofsky a plusieurs fois failli être à la tête d’un « blockbuster » : Batman Begins, The Wolverine ou encore le « remake » de Robocop. Ses premiers pas dans la grosse production vont se faire avec ce Noé qu’il porte depuis quelques années. Et vendre à la Paramount une version sombre, adulte et écologique du célèbre épisode biblique de Noé, un homme choisi par Dieu pour construire une arche afin d’y rassembler un être vivant de chaque espèce et de chaque sexe pour recréer le monde après le Déluge, n’a pas été sans peine. Une bande dessinée a même été faite afin de donner aux producteurs potentiels une idée de l’ampleur visuelle du scénario d’Aronofsky. Après le carton de Black Swan, le cinéaste est parvenu à recevoir un budget de 120 millions de dollars et a réuni une belle distribution : Russell Crowe, qui revient au péplum après Gladiator, dans le rôle de Noé, Jennifer Connelly, Ray Winstone, Anthony Hopkins et Emma Watson.

Entendons-nous : même aux yeux d’un cinéphile athée, les films basés sur des récits religieux peuvent être intéressants : l’inoubliable Dix Commandements de Cecil B. DeMille ou encore les controversés La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese et La Passion du Christ de Mel Gibson en attestent. Et l’heure est au retour du film biblique avec des projets comme Paradise Lost d’Alex Proya ou encore le film sur Moïse que doit réaliser Ridley Scott avec Christian Bale. La question est de savoir à qui s’adresse Noé. Au public de la « Bible Belt » ? La première bande annonce « leaké » (depuis remplacée par celle-ci, plus officielle et moins polémique) le laisse penser avec sa tonalité glorieuse et sa tagline consternante : « rediscover the most important event of our history ». Mais là où l’on pourrait s’inquiéter devant la perspective d’un prêchi-prêcha chrétien, de nombreux échos de personnalités croyantes ayant mis la main sur le script laissent penser que le film ne caresserait pas le mythe dans le sens du poil.

De plus, de récentes projections-test avec des croyants ont engendré des réactions mitigées. Et la Paramount de découvrir soudainement en post-production la noirceur et la violence du film. Panique à bord ! Le studio essaye actuellement d’enlever au cinéaste la possibilité de faire son « director’s cut ». Mais le metteur en scène n’est pas réputé pour aimer les concessions, surtout quand il a précisé la teneur de son approche avant l’obtention de son feu vert. Une lutte épique s’annonce jusqu’en mars prochain et l’on ne comptera bientôt plus les articles qui vont prédire le futur naufrage du plus célèbre des bateau avec le Titanic. Difficile de dire ce que donnera ce péplum disposant des plans parmi les plus complexes que la boite d’effets spéciaux ILM ait jamais eu à traiter. Une grande fresque sur la noirceur humaine ? Un tract « new-age » ? Une baudruche pour culs-bénis ? Un succès international ou l’un des plus embarrassants flops-nanards de ces prochaines années ? Le suspense est entier.

 9 - The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson (19 mars)

De la nouvelle vague des bons réalisateurs américains apparus à partir de la fin des années 1990, Wes Anderson est l’un des plus atypiques de par son esthétisme pop. Féru de cinéma européen, et particulièrement français, Anderson déploie de film en film un univers coloré, fou et poétique qui est immédiatement reconnaissable. Pour l’instant, il est épargné par le retour de bâton qui frappe souvent les cinéastes ayant une patte et un monde si rapidement identifiable lorsqu’ils commencent à tourner en rond (Tim Burton, Jean-Pierre Jeunet,…). On peut même dire que son précédent film, le très beau Moonrise Kingdom, était l’un de ses meilleurs longs métrages. Après La Famille Tenenbaum, La Vie Aquatique, A bord du Darjeeling Limited ou encore le film d’animation Fantastic Mr. Fox, Wes Anderson s’attaque maintenant à un projet a priori dans la droite lignée de ses travaux précédents tout en bénéficiant du plus large budget de sa carrière. Son septième film, qui ouvrira la prochaine Berlinale en février, s’intitule The Grand Budapest Hotel. Il s’agit cette fois encore d’une comédie dramatique ayant des airs de film choral.

L’action se déroule pendant l’entre-deux-guerres dans le somptueux « Grand Hotel de Budapest » et suit le grand concierge du lieu, Gustave H., et son ami, le jeune groom Zero Moustafa. Si le second est joué par l’inconnu Tony Revolori, le premier est incarné par un immense acteur qui n’est pas un habitué de la comédie puisqu’on l’a souvent vu dans les rôles de méchants : Ralph Fiennes (La Liste de Schindler, Le Patient Anglais, Strange Days, The Constant Gardener, SkyFall), qui remplace Johnny Depp pour qui le personnage était originellement prévu. Qu’un acteur de sa trempe tienne le haut d’une affiche extrêmement prestigieuse alors qu’on l’a trop souvent réduit à des seconds rôles ces dernières années est déjà en soi quelque chose de réjouissant (surtout si on lui ajoute une moustache du plus bel effet). Les deux héros se retrouvent impliqués dans un vol de tableau et dans un imbroglio au sujet d’un gigantesque héritage au cours d’une période de grands changements pour l’Europe.

Mis en scène, écrit et produit par Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel est avant tout le plus beau casting qu’est parvenu à réunir le réalisateur à ce jour, ce qui n’est pas peu dire lorsque l’on voit quels acteurs ont répondu présent lors de ses précédents films. On croisera ainsi, parfois le temps d’une seule scène, rien de moins que l’excellente Saoirse Ronan (qui sera aussi dans Maintenant c’est ma vie de Kevin MacDonald), Tilda Swinton (qui figurera dans le prochain Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive), Edward Norton, Bill Murray, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum (enfin de retour !), Harvey Keitel, Judd Law, Matthieu Amalric, Léa Seydoux, les habituels Owen Wilson et Jason Schwartzman, F. Murray Abraham ou encore Tom Wilkinson. Si vous ne considérez pas cela comme le casting de l’année, voire même de la décennie, qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?!

Tourné en Allemagne dans le grand magasin Karstadt de Görlitz puis dans les studios de Babelsberg, le film ne se départit pas de quelques-uns des collaborateurs habituels d’Anderson. Parmi eux, on retrouve Alexandre Desplat, qui sera une nouvelle fois très occupé cette année et qui avait déjà composé la très chouette B.O. de Moonrise Kingdom, ou encore le très talentueux directeur de la photographie Robert D. Yeoman qui ne se lasse pas de composer ces sublimes plans symétriques caractéristiques du style du cinéaste (le film aurait d’ailleurs été tourné sous plusieurs formats). Puisqu’il est produit par Scott Rudin, l’un des producteurs les plus sensés de Hollywood qui a souvent eu le nez creux pour financer et supporter quelques-uns des plus grands films américains de ces dernières années, on peut être amené à penser que ce The Grand Budapest Hotel risque d’être l’un des plus gros morceaux de cinéma de l’année prochaine. La première bande annonce confirme tous les espoirs qu’on avait mis dans le projet et annonce un bonbon acidulé, jubilatoire, inventif et peut-être aussi un peu cruel qui sera absolument inratable en salles.

 10 - The Imitation Game de Morten Tyldun (fin de l'année)

Le dixième film de cette liste sera l'un des plus gros concurrent à abattre lors de la course aux oscars concernant les longs métrages sortis pendant l'année 2014. En effet, The Imitation Game bénéficie de plusieurs atouts de taille dans sa manche. Il s'agit d'abord d'un biopic, un genre qui a toujours eu les faveurs des cérémonies à récompenses puisqu'il permet de conjuguer le vrai parcours d'un personnage hors normes avec des interprétations admirables d'acteurs qui se livrent corps et âmes afin de leur ressembler et les comprendre. De plus, ces prestigieux castings évoluent dans de somptueux décors aussi minutieusement reconstitués que magnifiquement rétros. En bref, le biopic est un genre cinématographique qui brille non seulement par ses scénarios denses relatant des histoires bigger than life pourtant bien réelles, mais aussi par ses performances de comédiens et sa direction artistique flamboyante.

The Imitation Game dispose de tous ces valeureux attributs. Il y a d'abord le beau sujet historique : la carrière du méconnu et néanmoins capital mathématicien, informaticien et crypto-analyste anglais Alan Turing. Ce scientifique de génie a joué un rôle crucial dans le dénouement de la Seconde Guerre mondiale en parvenant à décrypter la machine Enigma et en permettant ainsi aux alliés d'intercepter et de comprendre les communications cryptées de l'armée allemande. Ses découvertes ont entrainé les prémices de la science informatique, le développement de cet outil révolutionnaire qu'allait devenir l'ordinateur et le début d'une réflexion sur l'intelligence artificielle. Comme toute figure d'exception, Turing cachait aussi une part "sombre" : il était homosexuel à une époque où l'être équivalait à un crime. Lorsque son secret fut découvert, il perdit son travail et évita la prison en "acceptant" d'être castré chimiquement en prenant des oestrogènes. Le 7 juin 1954, il se suicida en avalant une pomme pleine de cyanure (la même qui servira de logo-hommage à l'"Apple" de Steve Jobs).

Ce n'est que tout récemment que la reine Elizabeth II l'a gracié à titre posthume. Le film tombe donc à pic puisqu'il intervient en pleine phase de réhabilitation du personnage. Tiré de la biographie Alan Turing : The Enigma d'Andrew Hodges, le scénario a été écrit par l'inconnu Graham Moore. Cependant, celui-ci avait malgré tout figuré à la première place de la "Black List" de 2011, ce qui amena l'acteur-producteur Leonardo DiCaprio à se l'accaparer sur le champ pour le développer sous la houlette de l'éternel studio Warner Bros. Bien que souhaitant évidemment incarner le rôle principal, DiCaprio a fini par quitter le navire avant que le studio ne fasse de même. Mais un projet pareil ne saurait rester seul très longtemps. Le réalisateur norvégien Morten Tyldum, à qui l'on doit le thriller norvégien très apprécié Headhunters, s'est rapidement et logiquement retrouvé au poste de metteur en scène pour faire ses inévitables premiers pas dans le cinéma anglophone. 

Le spectacle devrait être assuré puisque quelques artistes renommés se sont joints à la fête. Parmi eux, on retrouve le musicien britannique Clint Mansell, qui composera la bande originale après avoir crée les thèmes souvent mémorables des films de Darren Aronofsky, ainsi que le chef opérateur espagnol Oscar Faura (The MachinistLes Yeux de Julia, et surtout les deux sublimes films de Juan Antonio Bayona L'Orphelinat et The Impossible). Mais c'est dans son casting que réside la carte maîtresse de The Imitation Game. Au milieu de Keira Knightley (Pirates des CaraïbesOrgueil & Préjugés, Reviens-moi et Anna Karenine), de Mark Strong (Kick-ass, La Taupe, John Carter et Zero Dark Thirty), de Matthew Goode (Watchmen et Stoker) et de cette sacrée trogne de Charles Dance (Alien 3 et Last Action Hero), on retrouve le génial Benedict "Sherlock" Cumberbatch (Reviens-moi, La Taupe, Cheval de Guerre, Star Trek Into Darkness et Le Hobbit) qui devrait avoir là LE personnage qui lui assurera un tremplin définitif à Hollywood.

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 09:38

Bien qu'étant en Nouvelle Zélande et n'ayant depuis qu'une disponibilité assez limitée pour mettre à jour ce blog, je publie mon flop et mon top de cette année car je ne résiste pas à l'envie de faire avec vous le bilan de 2013. Ainsi, ces deux classements seront peut-être mis à jour lorsque j'aurai vu la poignée de longs métrages qui m'intéresse et qui sont prévus jusqu'au 31 décembre (je pense notamment au The Immigrant de James Gray, au Capitaine Phillips de Paul Greengrass et au Cartel de Ridley Scott). Cette fois-ci, il est temps de s'attarder sur les quinze longs métrages, absolument inrattables à mon sens, de 2013.

1 - Gravity d’Alfonso Cuaron

Le roller coaster le plus sidérant depuis Jurassic Park doublé d’une révolution technologique digne d’Avatar. Alfonso Cuaron rentre dans la cour des très grands en livrant le plus extraordinaire film dans l’espace jamais fait et l’un des thrillers les plus intenses depuis Duel de Steven Spielberg. Une mise en scène de génie, une photographie d’une beauté sidérante, une musique magnifique, une prestation bouleversante d’une Sandra Bullock touchée par la grâce… Tout, absolument tout laisse bouche bée dans ce survival viscéral, symbolique, lyrique, contemplatif, spectaculaire, métaphysique et extrêmement immersif.

2 - Cloud Atlas de Tom Tykwer, Andy et Lana Wachowski

Le projet cinématographique le plus fou de ce début de siècle et le plus gros blockbuster indépendant depuis Apocalypse Now de Francis F. Coppola accouche d’une œuvre hors normes. On pourra lui reprocher des maquillages parfois outranciers ou une certaine mise à distance empathique, mais ces défauts ne font pas le poids face aux qualités énormes et au modernisme de ce chef d’œuvre cosmopolite, ambitieux, intelligent, mystique et révolutionnaire. Un film injustement boudé à sa sortie mais qui ne cessera de gagner en force dans les années à venir. On n’est pas près de revoir un truc pareil sur un grand écran.

3 - Le Congrès d’Ari Folman

Le projet était ambitieux et l’on craignait un échec à cause de son univers barré nécessitant une logistique folle que les grands studios frileux lui refuseraient catégoriquement. En résulte un film hybride qui réssucite le temps d’une séance le fantôme de Satoshi Kon à partir d’un postulat de S.F. mêlant la peur du temps qui passe, la disparition de la frontière entre le virtuel et le réel, la tyrannie des images, la fin de l’humanité et l’amour éternelle d’une mère pour son enfant. En pleine mise en abime ironique, Robin Wright y livre la performance de sa carrière. Folman confirme en deux films son statut de cinéaste brillant.

4 - Le Transperceneige de Bong Joon-ho

Une adaptation de longue date qui voit enfin le jour. Pour son premier film international, Bong Joon-ho tient son entreprise d’une main de maître pour livrer une aventure post-apocalyptique dans laquelle fusionnent parfaitement la maestria des morceaux de bravoure, les effets spéciaux poétiques, l’humour absurde et la noirceur jusqu’auboutiste des sud-coréens. Au sein de cette machine génialement élaborée, magnifiée par une direction artistique somptueuse et empruntant à Spielberg ou à De Palma, se dévoile un discours révolutionnaire sur l’importance du libre arbitre au sein d’un monde segmenté.

5 - Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow

Après le « buddy movie » policier, la S.F. et le film de guerre, la plus grande réalisatrice américaine s’attèle au thriller d’espionnage. D’un sujet polémique, l’interminable traque du leader terroriste Ben Laden par les services secrets U.S., elle tire une glaçante analyse des rouages de l’obsession et de la vengeance. Une grande fresque historique passionnante, contemporaine et documentée dont la dernière demi-heure laisse tout simplement pantois par sa viscéralité et son intensité. Jessica Chastain est bluffante en femme battante, charismatique, solitaire, obstinée et perdue dans un monde d’hommes.

6 - Le Dernier Pub avant la fin du monde d’Edgar Wright

Le dernier volet de la trilogie « Cornetto» est à la fois le plus fort et le plus ambitieux. Osant de folles ruptures de ton tout en gardant une bonne dose d’humour, Wright, arrivé à maturité, manie avec brio l’action et l’émotion pour offrir une métaphore S.F. reflétant l’angoisse existentielle de ses héros. Crépusculaire et parfois franchement dramatique, le long métrage fait preuve d’une sincérité désarmante et propose des personnages passionnants et très touchants. Un grand film rebelle sur la peur de grandir, la nostalgie, l’angoisse du futur, l’aspiration à la liberté, les dangers du conformisme et surtout l’amitié.

7 - Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese

A 71 ans, certains artistes s'empâtent ou partent à la retraite. Pas Marty. Après oir expérimenté des technologies et des genres qui ne lui étaient pas familiers, l'hyper-dynamique Scorsese livre son film le plus long, le plus noir, le plus cinglé, le plus outrancier et surtout le plus libéré tout en l'inscrivant de manière évidente dans sa filmographie. Une décadence à la romaine dans les locaux de la Babylone de la finance à base d'orgies trashs, d'alcools, de cocaine, de quaaludes et de lancers de nains. Le film de studio le plus méchant, suicidaire, dépravé et irrévérencieux depuis le ShowGirls de Paul Verhoeven. 

8 - Inside Llewyn Davis de Joel et Ethan Coen

Les cinéastes américains les plus talentueux du moment reviennent avec une œuvre plus modeste que leur précédent long métrage. Faux petit film, cette comédie musicale et dramatique révèle une angoisse existentielle et un spleen hivernal sublimés par la mise en scène des frangins et la photographie de Bruno Delbonnel. Derrière un humour hilarant, percutant et parfois cruel se cache le remuant chemin de croix d’un artiste raté. Un portrait bouleversant d’un looser magnifique comme les aiment les frères Coen, ainsi qu’une magistrale leçon sur la condition de l’artiste, son rapport à l’art et surtout à la vie.

9 - Prisoners de Denis Villeneuve

Vendu comme un nouveau Se7en, ce choc émotionnel physiquement épuisant est en fait bien plus proche d’un Mystic River ou d’un Gone Baby Gone même s’il partage l’ambiance poisseuse et sinistre du chef d’œuvre de David Fincher. Transcendé par des acteurs livrant des interprétations extrêmes, dont Hugh Jackman qui y trouve le meilleur rôle de sa carrière avec celui du Prestige, ce scénario machiavélique et pessimiste sur la manière dont l’on devient le bourreau d’autrui et dont l’on fait fi de la morale lors de situations désespérées est magnifié par la photographie ténébreuse de Roger Deakins.

10 - Lincoln de Steven Spielberg

Depuis Tintin, Spielberg tente de sortir de ces quinze années ayant vu la naissance de ses œuvres les plus dépressives. Avec ce faux biopic mais vrai drame procédurier, Spielberg dépeint pour une fois un monde plongé d’entrée de jeu dans le chaos. Par le biais du premier héros agé de sa filmographie, le cinéaste questionne son statut de grande figure humaniste en fin de carrière. Un long métrage réconciliateur qui masque néanmoins une angoisse et une noirceur envoutante pouvant marquer un nouveau tournant pour Spielberg. Clairement son film le plus atypique, le plus sobre mais aussi le plus crépusculaire.

11 - Passion de Brian De Palma

Brian De Palma, le plus insolent des cinéastes du Nouvel Hollywood avec William Friedkin, poursuit sa carrière loin de cette ville ayant toujours tenté de contenir sa violence baroque et son voyeurisme pervers. Pour la première fois en vingt ans, il revient avec une oeuvre supérieure à son film précédent. Moins sulfureux et violent que prévu, ce fantasme autocitationnel, sensuel et fétichiste est d’une maitrise étourdissante. Trois femmes s’y livrent une lutte sans merci pour la domination sexuelle et psychologique des deux autres au sein d’une mécanique diabolique questionnant notre rapport à l’image.

12 - Django Unchained de Quentin Tarantino

Après le puissant Inglourious Basterds, le déjanté Tarantino poursuit sa démonstration sur la façon dont le 7ème art peut rendre justice aux erreurs du passé. Après la Shoah, Tarantino s’attèle enfin frontalement, par le biais de ce western qui a influencé tous ses films, à cette délicate question noire qui traverse en filigrane sa carrière. Malgré quinze dernières minutes bancales et quelques choix musicaux regrettables, ce film de trois heures livre un règlement de compte interracial dantesque, intense et jubilatoire. Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio et Samuel L. Jackson s’y éclatent pour notre plus grand bonheur.

13 - Pain & Gain de Michael Bay

Probablement LE film de la carrière du réalisateur le plus bourrin de l’histoire du cinéma américain. Un étrange mélange entre l’ironie mordante des frères Coen, la surexcitation visuelle d’un Tony Scott, le rentre-dedans d’un Oliver Stone cocaïné et l’exacerbation d’un mauvais goût façon Brian De Palma. Bay signe une relecture moderne de Scarface et de ShowGirls à l’ère du rap et de MTV en y greffant un humour dévastateur qui rend supportable une histoire glauque aux accents de tragédie trash, bling bling et grotesque. Une démystification de l’illusion U.S. et un portrait de la décadence à l’américaine.

14 - Pacific Rim de Guillermo Del Toro

Deçu par l’abandon de The Hobbit et des Montagnes Hallucinées, Del Toro libère sa frustration et livre un blockbuster gargantuesque ayant des influences variées qui le font aller à contre-courant de toutes les grosses productions U.S. actuelles. Ce « kaiju eiga » hyper efficace vise avant tout à faire jouir son public en l’entrainant dans des bastons homériques d’une puissance phénoménale. Emouvant, bon enfant, bien écrit, ce film a une direction artistique incroyable et dispose de quelques-unes des scènes d’actions les plus étourdissantes vues depuis la création du cinéma. On en ressort le souffle coupé.

15 - Only God Forgives de Nicolas Winding Refn

Beaucoup n’attendait qu’un Drive 2, mais Refn a refusé de capitaliser sur le succès de son précédent film pour livrer un long métrage onirique, symbolique et hautement expérimental. Il revient à un cinéma moins conventionnel pour donner naissance à un « eastern » moderne et millimétré, à un néo-film noir hallucinogène et à un « revenge movie » cauchemardesque, mystique, mythologique et oedipien. Refn y prolonge son étude de l’accomplissement héroïque par des personnages maudits et l’enveloppe d’un style maniéré, charnel et ultraviolent. La photographie infernale et la bande originale sont exceptionnelles.

 

MENTION SPECIALE

Samsara de Ron Fricke

Mud de Jeff Nichols

Shokuzai de Kiyoshi Kurosawa

Lone Ranger de Gore Verbinski

La Reine des Neiges de Chris Buck et Jennifer Lee

 

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 19:22

Bien qu'étant parti en Nouvelle Zélande et n'ayant depuis qu'une disponibilité limitée pour mettre à jour ce blog, je publie malgré tout mon flop et mon top de cette année, car je ne résiste pas à l'envie de faire avec vous le bilan de 2013. Néanmoins, je n'exclue pas la possibilité de les mettre ultérieurement à jour lorsque j'aurai vu la poignée de longs métrages qui m'intéresse et qui sont prévus jusqu'au 31 décembre (je pense notamment au The Immigrant de James Gray, au Capitaine Philips de Paul Greengrass et au Cartel de Ridley Scott). Sur ce, commençons par les quinze plus vilains petits canards de 2013.

1 - Die Hard 5 : Une Belle Journée pour mourir de John Moore

Malgré l’enthousiasme de la presse lors de sa sortie, le quatrième opus de Len Wiseman avait fini par mettre tout le monde d’accord sur le fait qu’il avait détruit l’iconique héros d’action John McClane. Mais la Fox, Bruce Willis et le minable John Moore ont relevé le défi. Grâce à eux, Die Hard 4 est devenu un sympathique blockbuster. Pendant 90 minutes, ils tuent le personnage puis violent joyeusement son cadavre. Qu’une telle production à gros budget aussi mal foutue ait pu voir le jour est scandaleux. S’il a survécu aux frangins Gruber, on peut d’ores et déjà assurer que McClane ne s’en relèvera pas.

2 - Malavita de Luc Besson

Besson sort de sa retraite pour la énième fois pour notre plus grand malheur. Cette fois-ci, il entraine dans sa chute un Robert De Niro ayant déjà bien bousillé sa carrière.  Personne ne ressort indemne de l'aventure, à part le génialement je-m'en-foutiste Tommy Lee Jones. Une inepte suite indirecte des Affranchis de Martin Scorsese digne d'un téléfilm français pantouflard. Comme Besson est aigri, tous les Français y sont décrits comme des crétins-racistes-violeurs. Et comme Besson a un complexe d'infériorité, il y vénère les américains, même dans leurs travers. Une purge nauséabonde.

3 - Suspect de Scott Walker

D’un pitch prometteur tiré d’une histoire vraie, Scott Walker élabore un film catastrophique dont le montage analphabète, qui rendrait fier Marc Forster, détruit le peu d’atmosphère envoutante qui aurait pu découler des quelques panoramas de l’Alaska. On passe du coq à l’âne sans jamais prendre le temps de se poser deux minutes, on emploie des ficelles absurdes et on saupoudre ça d’une photographie ignoble. L’enquête patine perpétuellement pour aboutir à une conclusion décevante. Nicolas Cage cachetonne, John Cusack galère à composer un psychopathe et seule Vanessa Hudgens s’en tire honorablement.

4 - Machete Kills de Robert Rodriguez

Cette suite d’une parodie-hommage aux séries B/Z/films d’exploitation déjà très mollassonne tient ses (non)promesses. L’absence de blagues amène à questionner le sérieux ou le je-m’en-foutisme de l’entreprise. Entre les jets de sang numériques, la redite des moments supposés « cultes » du premier Machete, les clins d’œil vomitifs envers La Guerre des Etoiles, la tripotée de stars « has been » venant se prostituer pour un ultime éclat de gloire et la réalisation feignante, cette parodie de parodie n’est qu’un épisode devant annoncer un troisième opus a priori encore plus à la ramasse.

5 - The Bay de Barry Levinson

Encore un énième « found footage movie » ne justifiant jamais son parti pris de mise en scène qui brise toute implication émotionnelle du spectateur. Le réalisateur oscarisé de Rain Man s’extasie à l’idée de prendre un risque dans sa carrière et découvre, dix ans après tout le monde, une mode cinématographique déjà usée jusqu’à la moelle. Quand les plans daignent avoir une meilleure définition qu’une vidéo de Skype, c’est pour montrer un casting inexpressif qui n’est pas dirigé. Une heure et demie de voix off, ponctuée de trois « jumps scares », qui lorgne piteusement vers [Rec] et Les Dents de la Mer.

6 - Gangster Squad de Ruben Fleischer

Ce projet au casting prestigieux était alléchant car il ressuscitait l’ambiance sombre et glamour des années 40 devenue rare au cinéma depuis Le Dahlia Noir. Mais les « reshoots » et la sortie en février auraient dû mettre la puce à l’oreille. Ca copie à tout-va, ça n’innove en rien, ça se veut violent mais ça n’a pas de scène choc, ça se veut élégant mais ça ne ressemble qu’à un sous-Incorruptibles réalisé par un sous-Zack Snyder. Sean Penn est lamentable, Ryan Gosling joue les minets, la juvénile Emma Stone en femme fatale est un gros « miscast » et les nombreux seconds couteaux n’ont que cinq minutes pour exister.

7 - World War Z de Marc Forster

Marc Forster enchaine un nouveau blockbuster ainsi qu’un nouveau « developpment hell » destructeur pour cette adaptation d’un livre passionnant. On lorgne vers tout mais on ne réussit rien du tout : le drame familial est abandonné au bout de trente minutes, l’analyse géo-politique est effleurée et l’action est illisible. Un film d’horreur pour gamins, complètement incohérent et qui réserve son lot de fous rires involontaires. Brad Pitt y est très mauvais et le tout s’achève sur un non-climax annonçant une suite qui portera sur la guerre du titre dont on n’a évidemment pas vu une miette.

8 - Jack le chasseur de géants de Brian Singer

Une idée crétine qui débouche sur une catastrophe industrielle de grande ampleur. Des effets spéciaux ayant dix ans de retard et une direction artistique plagiaire enveloppent un scénario qui ne sait pas choisir entre le divertissement infantilisant et le film d’aventure flirtant avec l’héroic fantasy. L’interprétation est à l’ouest et la mise en scène sans inspiration peine à apporter le caractère épique souhaité par ce blockbuster de pacotille. Ponctuellement prenant, mais surtout très ennuyeux par son rythme absurde, son climax raté ainsi que par l’innofensivité et la non-inventivité incontestable de l’ensemble.

9 - Les Ames Vagabondes d’Andrew Niccol

Avec « Twilight », Stephenie Meyer avait réduit le vampire à une figure frigide à la sensiblerie mièvre. Avec Les Ames Vagabondes, elle rabaisse la S.F. à un niveau prépupère afin de faire l’apologie mormone du retour à la terre en cercle fermé. Andrew Niccol révèle que son Time Out n’était pas une erreur mais bien la première étape de sa vertigineuse décadence artistique. Après Kristen Stewart, Saoirse Ronan fait ce qu’elle peut avec un personnage de jeune fille inactive énamourée de deux tétards transparents. Vide, cucul, mal rythmé, moche et minimaliste comme un mauvais téléfilm de « SyFy ».

10 - La Chute de la Maison Blanche d’Antoine Fuqua

Un film anachronique hésitant entre hommage aux ersatz de Die Hard sortis après le classique de John McTiernan, parodie des longs métrages patriotiques des années 90 et actionner burné ne lésinant pas sur l’hémoglobine. On ne sait jamais vraiment sur quel pied danser mais le premier degré prétentieux semble malgré tout prévaloir au final. Une mise en scène efficace mais impersonnel, un casting ennuyé, un scénario plagiant trois décennies de cinéma d’action et des effets spéciaux absolument ignobles accompagnent ce spectacle amusant, complètement paranoïaque, ethnocentré et emphatique.

11 - Iron Man 3 de Shane Black

On annonçait le retour de Shane Black, les retrouvailles de Robert Downey Jr avec le cinéaste de Kiss Kiss Bang Bang, un récit plus dramatique et un méchant d’envergure. Mais malgré une promotion alléchante, il apparait que le studio Marvel n’a pas élevé ses ambitions. Le film a tous les défauts imaginables de rythme et d’écriture, mais il dispose aussi d’une facture esthétique interchangeable. Outre le cabotinage de Downey Jr, la fadeur des nombreux personnages secondaires et le manque de dynamisme des scènes d’action, ce film d’un cynisme gonflant aboutit sur un quasi-aveu d’échec de Shane Black.

12 - Les Misérables de Tom Hooper

Retranscrire le pavé de Victor Hugo en comédie musicale avait un intérêt cinégénique. Mais le surévalué Tom Hooper livre un film sans lyrisme ni souffle épique. Sur trois longues heures faites de gros plans d’acteurs immobiles en train de chanter, seules la première image et les deux dernières minutes font entrevoir ce qu’aurait pu être ce projet en des mains plus expertes. Avec sa direction artistique jamais valorisée, l’objet est si laid qu’on croirait qu’un hybride de Tim Burton et de Jean-Marie Poiré en tenait les rênes. Anne Hathaway sauve de justesse ce pompeux navet friqué handicapé par son défi technologique.

13 - Parkland de Peter Landesman

L’assassinat de JFK continue de fasciner mais cette fois-ci, cela ne donne pas une œuvre passionnante. Point de paranoïa, point de remise en question, point d’enquête mais un voyeurisme parfois mal placé. L’effritement du « rêve américain » est grossièrement exposé par les réactions décousues de personnages éparpillés. On ne sait pas trop ce que veut montrer le film ni où il veut en venir, mis à part son parallélisme lourdingue entre le président américain et son supposé meurtrier. Mais James Badge Dale a l’occasion de montrer l’étendue de son talent grâce à l’unique personnage touchant et approfondi du film.

14 - Insaisissables de Louis Leterrier

Un énième ersatz recopiant le style et les thématiques de Christopher Nolan. Au final, ce n’est qu’un banal film de braquage (Inception) avec quelques prestidigitateurs (Le Prestige). Après deux tiers décortiquant le moindre rouage des tours de magie, annihilant tout effet de surprise, le dernier tiers enchaine les « twists » absurdes qui ne sont évidemment jamais expliqués. Le casting joue très mal (mention spéciale à Mélanie Laurent) et Leterrier noie son film sous des effets de caméra pour que le spectateur ne s’aperçoive pas qu’on le prend pour un idiot. Un film sur la magie pour ceux qui n’aiment pas la magie.

15 - The Grandmaster de Wong Kar-wai

Un tournage plein d’accidents et une post-production sans fin : il n’en fallait pas plus pour créer une aura autour du dernier né du cinéaste asiatique le plus aimé par les critiques bobos. Mais la montagne a accouché d’une souris. Le projet s’est perdu en chemin et a été amputé d’un bon tiers de son histoire aux vues des multiples ellipses absurdes. Tantôt biopic superficiel, tantôt « revenge movie », tantôt romance ampoulée, ce film de kung-fu est d’une incohérence narrative délirante. Outre le fait qu’il s’embarrasse de sous-intrigues inutiles, Kar-wai ne rend pas service aux rares combats d’une illisibilité crispante.

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 20:53

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La 85ème Cérémonie des Oscars s’est déroulée en grandes pompes dimanche dernier. La Cérémonie était présentée par Seth MacFarlane, le comédien-scénariste-producteur-réalisateur humoristique des séries animées « Family Guy » et « American Dad » ainsi que de Ted, un premier long métrage réjouissant ayant remporté un très gros succès au box-office, et avait pour thème la « comédie musicale ». Une idée à double tranchant. Cela a apporté au spectacle une fraicheur et un dynamisme bienvenu, mais trop de « musical » finit par tuer le « musical ». Si certains numéros étaient réussis, d’autres se sont révélés superflus (notamment les hommages aux films oubliables que sont Chicago et Dreamgirls) et ont considérablement alourdis un « show » assez avare en humour (les seules blagues de la soirée ont été données par MacFarlane).

S’ajoute à cela l’immense pétard mouillé qu’a constitué l’hommage aux cinquante ans de James Bond, série inépuisable qui a toujours été méprisée par ces Oscars qui font dorénavant semblant de trouver cela « cool ». Au lieu de la réunion inédite des six interprètes qu’on nous avait promis, plan qui a probablement capoté à cause d’un Sean Connery refusant de sortir de sa retraite si on ne lui donne pas un très gros chèque en échange, on a eu droit à un pauvre montage à peine digne des Césars composé à 50% d’images de deux des pires épisodes (Meurs un autre Jour et Quantum of Solace), présenté par l’une des plus mauvaises Bond Girl de la série (Halle Berry) et passant à la trappe les interprètes moins « célèbres » comme George Lazenby et Timothy Dalton. Cela s’est poursuivi par une énième chanson avec la reprise de « Goldfinger » par Shirley Bassey.

 

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Si la Cérémonie a eu ses hauts et ses bas, le palmarès a fait de même. On aurait pu avoir pire, mais on aurait aussi pu avoir mieux. On sera gré à l’Académie d’avoir sauvé les meubles, à défaut d’avoir su dégager un vainqueur net. Il y a eu des prix évidents, d’agréables surprises et des déceptions. Le déplorable Les Misérables de Tom Hooper gagne quand même trois oscars : l’actrice dans un second rôle pour Anne Hathaway était inévitable ainsi que celui du meilleur son par le simple fait que les chansons aient été enregistrées pendant les prises de vue. L’oscar pour le meilleur maquillage est plus contestable. Le Hobbit pâtit de ses critiques presses, plus mitigées que pour Le Seigneur des Anneaux, et le « lobbying » pour le navet de Hooper a permis de faire croire au membre de l’Académie qu’un peu de poudre noire sur le visage et quelques dentiers crasseux étaient un travail infiniment supérieur que celui accompli par l’équipe du « blockbuster » de Peter Jackson. Néanmoins, Les Misérables a heureusement perdu deux des trophées pour lequel il était l’un des favoris, et ce, malgré sa direction artistique souvent moche et presque jamais visible à l’écran à cause de la mise en scène grotesque de son réalisateur britannique. Il s’agit de l’oscar des meilleurs costumes qui revient au plus chatoyant et flamboyant (et accessoirement bien meilleur) film de Joe Wright, Anna Karenine, et de l’oscar des meilleurs décors, qui aurait dû revenir à un SkyFall pourtant même pas nominé, et qui a finalement été décerné au Lincoln de Steven Spielberg.

Maigre récompense d’ailleurs pour le James Bond ayant obtenu le plus grand succès au box-office de l’histoire de la saga (certes pas en dollars constant, mais SkyFall est quand même le premier épisode à dépasser la barre symbolique du milliard de dollars de recette). Au final, le film de Sam Mendes ne remporte que l’oscar de la meilleure chanson (« SkyFall » d’Adele), qu’il était impossible de ne pas lui décerner, et l’oscar du meilleur montage sonore, à égalité avec Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow dont il s’agit de l’unique récompense (c’est le deuxième grand boudé de la soirée). De manière très regrettable, SkyFall perd l’oscar de la meilleure photographie qui revenait de droit à Roger Deakins (maintes fois nominé et encore bredouille, l’Académie a ses têtes de turcs) et qui est finalement attribué à L’Odyssée de Pi, bien qu’une grosse partie de ses images aient été faites en post-production (même oscar pour Avatar de James Cameron quelques années auparavant).

 

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Si l’on excepte ce couac, on peut se réjouir du succès remporté par le chef d’œuvre d’Ang Lee qui n’était pourtant pas parmi les grands favoris. Il reçoit quatre oscars, soit le plus grand nombre de la soirée. Outre la photographie, il a obtenu les oscars très mérités pour les effets spéciaux, la musique et la réalisation (meilleure surprise du palmarès tant Lee survolait toute la sélection après les oublis honteux de Ben Affleck, de Quentin Tarantino ou de Kathryn Bigelow). Tous les autres prix que l’on dit, à tort, « majeurs » ont été minutieusement répartis entre chaque film candidat. Le meilleur long métrage étranger revient sans aucune surprise au (franco-)autrichien Amour de Michael Haneke, qui était de toute façon aussi nominé pour l’oscar du meilleur film.

Ce n’est pas le cas de Rebelle, dernière production des studios Pixar et long métrage assez calamiteux qui remporte l’oscar du meilleur film d’animation au sein d’une sélection très pauvre rendue caduque par l’absence du mal-aimé et pourtant infiniment supérieur Les Cinq Légendes. Le long métrage n’a pas fini d’être pris comme un bouc émissaire puisqu’à l’instar du John Carter d’Andrew Stanton l’année dernière, il sert d’excuse au studio DreamWorks afin de justifier quelques coupes budgétaires et plus de 350 limogeages probablement prévus bien longtemps à l’avance. Django Unchained de Quentin Tarantino obtient deux lots de consolations pour avoir osé faire un grand film sur un sujet aussi polémique que l’esclavage : l’oscar du meilleur scénario original malgré ses vingt dernières minutes très bancales et l’oscar du meilleur second rôle masculin à Christoph Waltz (qui aurait dû revenir à cette autre tête de turc même pas nominée qu’est Leonardo DiCaprio). Cette dernière récompense est une surprise car il n’était pas forcément le favori parmi les cinq nominés, tous excellents. Mais on ne peut enlever à Waltz d’avoir composé un chouette personnage et ce n’est sûrement pas un hasard si le long métrage s’effondre après sa dernière apparition.

 

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Daniel Day Lewis devient le premier interprète à remporter trois oscars du meilleur acteur pour sa composition formidable d’Abraham Lincoln. C’est, au passage, le premier oscar d’interprétation accordé à un long métrage de Spielberg (qui vient d’être annoncé comme le président du jury pour le prochain festival de Cannes). La très jeune Jennifer Lawrence, une des grandes favorites de sa catégorie, remporte l’oscar de la meilleure actrice pour Happiness Therapy de David O. Russell. Partons du principe que cet oscar récompense davantage le tempérament d’une jeune actrice capable et fortement sympathique, afin de l’encourager à poursuivre dans cette voie, plutôt que le rôle lui-même qui, après réflexion, ne lui correspondait pas parfaitement (merci au passage à Harvey Weinstein). On aurait clairement préféré la consécration d’une actrice plus mature et impressionnante comme Jessica Chastain pour Zero Dark Thirty mais on a au moins évité le « paluchage » national avec la récompense pour Emmanuelle Riva et sa performance racoleuse dans Amour.

Argo complète enfin le palmarès avec l’oscar du meilleur montage, du meilleur scénario adapté et surtout du meilleur film. On ignorera encore longtemps ce qui a valu à Ben Affleck d’être écarté de la course pour le prix du meilleur réalisateur sachant qu’il a remporté six prix dans diverses compétitions et cérémonies annexes, ce qui en aurait fait le vainqueur tout désigné. S’il y avait de meilleurs films que l’excellent Argo (Zero Dark Thirty, L’Odyssée de Pi, Lincoln, Django Unchained), il demeure un choix préférable à Amour, Happiness Therapy, Les Bêtes du Sud Sauvage ou encore Les Misérables. Et il est un bien meilleur film que bon nombre de récompensés des années précédentes (Slumdog Millionaire de Danny Boyle, Le Discours d’un roi de Tom Hooper, Collision de Paul Haggis,…)

 

Bande annonce d'Argo :

 

      

 

PALMARES

Argo de Ben Affleck - 3 oscars (film, scénario adapté, montage)

L’Odyssée de Pi d’Ang Lee - 4 oscars (réalisateur, photographie, musique, effets spéciaux)

Les Misérables de Tom Hooper - 3 oscars (actrice dans un second rôle, maquillage, son)

Django Unchained de Quentin Tarantino - 2 oscars (scénario original, acteur dans un second rôle)

Lincoln de Steven Spielberg - 2 oscars (acteur principal, décors)

SkyFall de Sam Mendes - 2 oscars (chanson, montage sonore)

Happiness Therapy de David O. Russell - 1 oscar (actrice principale)

Amour de Michael Haneke - 1 oscar (film étranger)

Rebelle de Mark Andrews et Brenda Chapman - 1 oscar (film d’animation)

Anna Karenine de Joe Wright - 1 oscar (costumes)

Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow - 1 oscar (montage sonore)

 

Et histoire de rattraper l’immonde hommage projeté pendant la Cérémonie, voici un montage effectué par un jeune néerlandais de dix-neuf ans qui montre qu’il a tout compris à l’esprit de la série « 007 », à l’inverse de ceux chargés par l’Académie de monter ce clip sans inspiration qui pastichait les célèbres génériques « bondien » :

 

      
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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 14:52

Les nominations pour la 85ème Cérémonie des Oscars ont été dévoilé il y a quelques jours par Emma Stone et Seth MacFarlane (« American Dad », Ted) qui présentera la soirée du 24 février prochain. Comme d’habitude, il y a les choix très évidents (parfois prévisibles avant même la sortie officielle du film concerné) et des oublis plus ou moins regrettables. En termes de chiffre, le Lincoln de Steven Spielberg part évidemment favori avec 12 nominations. Il est cependant très peu probable qu’il ressorte comme le grand vainqueur de la soirée et celui-ci risque surtout de réitérer ce que le film de David Fincher, L’Etrange histoire de Benjamin Button, avait fait quelques années auparavant (pleins de nominations mais quasiment pas d’oscars à l’arrivée). En seconde position vient le somptueux L’Odyssée de Pi d’Ang Lee qui résiste étonnement avec 11 nominations. A égalité pour la troisième et quatrième position, on retrouve deux produits typiques des oscars, et donc des adversaires potentiellement dangereux : Les Misérables de Tom Hooper (comédie musicale adaptée d’un « show » adulé de Broadway) et Happiness Therapy de David O. Russell (fausse comédie mais vrai drame à tendance « indé »). Chacun a huit nominations et tous les deux sont des « crowd pleasure » comme le furent Le Discours d’un roi du même Hooper ou bien le Slumdog Millionaire de Danny Boyle. Vient ensuite un autre film populaire avec le très beau Argo de Ben Affleck (7 nominations). Il y a enfin un triplé pour 5 nominations avec l’absolument passionnant Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, le réussi Django Unchained de Quentin Tarantino et Amour de Michael Haneke, qui bénéficie d’un « buzz » européen et américain assez délirant. Dans les petits « derniers », on retrouve le premier beau film Les Bêtes du Sud Sauvage de Benh Zeitlin (4 nominations), SkyFall de Sam Mendes (5 nominations mais pas celle du meilleur film ; un hommage sera fait pour les 50 ans de la franchise « James Bond » avec, normalement, Adele qui chantera la chanson-titre du dernier épisode et la présence de tous les acteurs ayant porté le célèbre costard de l’agent britannique) et Le Hobbit - partie 1 : Un voyage inattendu de Peter Jackson (3 nominations).

 

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MEILLEUR COURT-METRAGE

Asad

Buzkashi Boys

Curfew

Death of a Shadow

Henry

 

MEILLEUR COURT-METRAGE D’ANIMATION

Adam and Dog

Fresh Guacamole

Head Over Heels

The Simpson - The Longest Daycare

Paperman

 

MEILLEUR COURT-METRAGE DOCUMENTAIRE

Inocente

Kings Point

Mondays at Rcine

Open Heart

Redemption

 

MEILLEUR DOCUMENTAIRE

5 Caméras Brisées

The Gatekeepers

How to Survive a Plague

The Invisible War

Sugar Man

 

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MEILLEUR EFFETS SPECIAUX

Le Hobbit - partie 1 : Un voyage inattendu

L’Odyssée de Pi

Avengers

Prometheus

Blanche Neige et le Chasseur

Probabilité : Ça se jouera entre Le Hobbit et L’Odyssée de Pi. Ce sera probablement le second qui bénéficie d’une plus grande côte de popularité (succès public et meilleure réception critique). L’effet « Seigneur des Anneaux » s’est un peu estompé depuis toutes ces années.

Mon choix : WETA ayant été de très nombreuses fois récompensé, je penche pour L’Odyssée de Pi dont le défi technique de taille (recréer numériquement un tigre) est admirablement remporté. D’autant plus qu’il faut y ajouter les nombreuses séquences oniriques et poétiques vraiment sublimes.

 

MEILLEUR SON

Argo

Les Misérables

L’Odyssée de Pi

Lincoln

SkyFall

Probabilité : Zero Dark Thirty.

Mon choix : Zero Dark Thirty.

 

MEILLEUR MONTAGE SONORE

Argo

Django Unchained

L’Odyssée de Pi

SkyFall

Zero Dark Thirty

Probabilité : Zero Dark Thirty.

Mon choix : Zero Dark Thirty.

 

MEILLEUR MONTAGE

Argo (William Goldenberg)

L’Odyssée de Pi (Tim Squyres)

Zero Dark Thirty (Dylan Tichenor, William Goldenberg

Lincoln (Michael Kahn)

Happiness Therapy (Jay Cassidy, Crispin Struthers)

Probabilité :Vraisemblablement, ce sera soit Argo ou Zero Dark Thirty. Et ce dernier part avec l’avantage d’être une longue chronique se déroulant sur une décennie et nécessitant un montage habile afin de garder un rythme, une concision et une précision parfaite.

Mon choix: Zero Dark Thirty. Rien que la dernière demi-heure est une leçon de découpage et de rythme.

 

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MEILLEURS DECORS

Anna Karenine

Le Hobbit – partie 1 : Un voyage inattendu

Les Misérables

L’Odyssée de Pi

Lincoln

Probabilité : Les Misérables devrait l’emporter vu son statut conjoint de « comédie musicale » et de « film historique ». Anna Karenine devrait souffrir de son parti-pris (un paysage parfois symbolisé par un « simple » fond peint). Néanmoins, Lincoln peut être un sérieux concurrent. Quant au Hobbit, il ne bénéficie pas d’une aussi grosse côte de popularité que ses concurrents et il utilise davantage de CGI que la trilogie du Seigneur des Anneaux.

Mon choix : SkyFall est mystérieusement absent alors qu’il s’agissait clairement de l’une des catégories les plus évidentes à son sujet (manoir recrée de toutes pièces dans la campagne anglaise tandis qu’une ville abandonnée, un casino flottant, des souterrains londoniens et des gratte-ciels chinois ont été reproduits à Pinewood). Vu que le gagnant évident est écarté pour des raisons de « lobbying » (que vient faire là L’Odyssée de Pi avec son bateau et sa piscine ?), je me tourne vers la sublime direction artistique d’Anna Karenine, d’autant plus que la Terre du Milieu a déjà été plusieurs fois primée.

 

MEILLEURE CHANSON ORIGINALE

Chasing Ice (« Before My Time »)

Ted (« Everybody Needs A Best Friend »)

L’Odyssée de Pi (« Pi’s Lullaby »)

SkyFall (« SkyFall »)

Les Misérables (« Suddenly »)

Probabilité : Puisque la chanson d’Adele a réussi à se caser parmi les nominés malgré la polémique sur la présence des quelques notes du thème de 007 composées bien antérieurement, « SkyFall » devrait l’emporter sans problème. Son gros succès la conforte dans sa position de « favorite ».

Mon choix: SkyFall évidemment, absolument magnifique, puissante et condensant à elle-seule cinquante ans de tradition « bondienne ».

 

MEILLEURE MUSIQUE

Anna Karenine (Dario Marianelli)

Argo (Alexandre Desplat)

L’Odyssée de Pi (Mychael Danna)

Lincoln (John Williams)

SkyFall (Thomas Newman)

Probabilité : Vraisemblablement l’une des pires catégories. Où est Michael Giacchino pour John Carter ? Où est Howard Shore pour Le Hobbit et surtout pour l’envoutante B.O. de Cosmopolis ? Pourquoi nominer l’une des plus plates compositions de Desplat quand celui-ci livre (pour une fois) trois excellentes compositions cette année avec Zero Dark Thirty, Moonrise Kingdom (très injustement boudé cette année) et Les Cinq Légendes (autre perdant au box-office avec le film d’Andrew Stanton, et l’Académie n’aime pas s’embarrasser de « loosers ») ? Et où est Jonny Greenwood pour la musique de The Master ? Présence inattendue de  Thomas Newman, mais on pourra regretter qu’il soit nominé alors que les compositions infiniment supérieures de feu-John Barry n’ont jamais eu le droit à la moindre considération. Mais sa B.O. pour SkyFall est toujours meilleure que les précédentes tambouilles de David Arnold. John Williams est en mode mineur et n’est nominé que pour la forme ; le gagnant devrait être Mychael Danna.

Mon choix : Par défaut donc, la B.O. assez réussie de L’Odyssée de Pi.

 

MEILLEUR MAQUILLAGE

Hitchcock (Julie Hewett, Martin Samuel, Howard Berger)

Le Hobbit - partie 1 : Un voyage inattendu (Peter Swords King, Richard Taylor, Rick Findlater)

Les Misérables (Lisa Westcott)

Probabilité : A moins que le biopic sur Hitchcock ne fasse illusion avec ses déroutants maquillages amenant Anthony Hopkins à ressembler à un piètre hybride entre lui-même et le mythique réalisateur anglais, ce devrait être Le Hobbit dont la défaite semble quasiment inenvisageable.

Mon choix: Le Hobbit.

 

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MEILLEURS COSTUMES

Anna Karenine (Jacqueline Durran)

Les Misérables (Paco Delgado)

Lincoln (Joanna Johnston)

Blanche Neige (Eiko Ishioka)

Blanche Neige et le Chasseur (Colleen Atwood)

Probabilité : Que des films « historiques » encore une fois. Toujours pas de S.F., de SkyFall ou de Hobbit. Absence encore une fois regrettable de The Master et celle, plus surprenante, de Django Unchained. L’oscar ira à celui qui a la plus grande popularité entre Lincoln ou Les Misérables. Ce devrait être le film d’Hooper, au style plus pompier et extravagant.

Mon choix : Anna Karenine. Car quitte à faire dans le « film à costumes », autant choisir le plus beau et le plus chatoyant.

 

MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

Anna Karenine (Seamus McGarvey)

Django Unchained (Robert Richardson)

L’Odyssée de Pi (Claudio Miranda)

Lincoln (Janusz Kaminski)

SkyFall (Roger Deakins)

Probabilité : Absence de The Master qui aurait dû être l’un des plus sérieux concurrents. Il faut dire que cette catégorie est très chargée et ne dispose d’aucune fausse note. Mais Roger Deakins devrait l’emporter : son sacre n’a été que trop longtemps repoussé au profit d’autres chefs opérateurs moins talentueux que lui.

Mon choix: Toute consécration autre que celle de SkyFall est grotesque. La simple séquence à Shanghai suffit déjà pour en faire le grand gagnant. Si on ajoute le passage fantasmagorique à Macao et celui, infernal, dans la lande écossaise embrasée, il parait impossible de bouder Deakins.

 

MEILLEUR FILM ETRANGER

Amour (Autriche)

Kon-Tiki (Norvège)

No (Chili)

Royal Affair (Danemark)

Rebelle (Canada)

Probabilité : Amour. Aucun doute possible vu ses nominations annexes, y compris celle, très saugrenue, dans la catégorie « meilleur film ».

Mon choix : N’en ayant vu aucun, je m’abstiens de trancher.

 

MEILLEUR FILM D’ANIMATION

Rebelle

Frankenweenie

L’Etrange Pouvoir de Norman

Pirates ! Band of Misfits

Les Mondes de Ralph

Probabilité : Les deux plus évidents sont Frankenweenie et Norman. L’un est produit par Tim Burton, l’autre dispose des mêmes influences que le réalisateur gothique. Tous les deux ont été des « flops » plus ou moins relatifs. Reste à savoir si l’Académie privilégiera la qualité ou la marque déposée. Malheureusement, cette dernière option risque de prévaloir avec le triomphe de Frankenweenie.

Mon choix : Il n’y a pas, parmi les nominés, la présence du meilleur film d’animation U.S. de l’année (et de très loin) : Les Cinq Légendes. D’avance, cette catégorie est rendue caduque par cette mise à l’écart aux profits de grands noms ayant davantage fait leurs preuves que DreamWorks (Pixar, Burton, Aardman, Disney). Et ce, même si ces quatre films sont pour le moins bancals (Rebelle étant même assez mauvais). Le seul choix valable est donc Norman.

 

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MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL

Amour (Michael Haneke)

Django Unchained (Quentin Tarantino)

Moonrise Kingdom (Wes Anderson, Roman Coppola)

Zero Dark Thirty (Mark Boal)

Flight (John Gatins)

Probabilité : Le script de Mark Boal puisqu’il dispose d’un sujet complexe nécessitant d’immenses recherches et un talent indéniable dans l’écriture scénaristique afin de ne pas perdre le spectateur.

Mon choix: J’aurai bien dit Django Unchained ou Moonrise Kingdom afin de donner un lot de consolation à Quentin Tarantino ou à Wes Anderson qui se retrouvent boutés hors de la catégorie « meilleur réalisateur ». Mais le script de Mark Boal est d’une précision et d’une clarté assez hallucinante. Il dépeint précisément le milieu de l’espionnage et les nombreux rebondissements de cette traque rocambolesque, tout en n’oubliant pas de conférer une humanité poignante à son personnage principal absolument fascinant. On peut néanmoins noter l’absence encore une fois regrettable de Paul Thomas Anderson pour The Master.

 

MEILLEUR SCENARIO ADAPTE

Argo (Chris Terrio)

Les Bêtes du Sud Sauvage (Lucy Alibar, Benh Zeitlin)

L’Odyssée de Pi (David Magee)

Lincoln (Tony Kushner)

Happiness Therapy (David O. Russell)

Probabilité : Argo bénéficie de l’avantage « Black List » dans laquelle il avait figuré en bonne position. Lincoln peut bénéficier de l’apport du dramaturge Tony Kushner qui avait écrit l’un des meilleurs films de Spielberg (Munich). Mais Happiness Therapy prendra les devants. On n’en parle pas beaucoup mais ce « crowd pleasure » pourrait bien créer la surprise dans les catégories dites « majeures ».

Mon choix: En l’état, soit le très riche L’Odyssée de Pi (film qui est cependant surtout magnifié par sa mise en scène) soit Argo, qui est un modèle d’efficacité, d’intelligence, d’originalité et de divertissement comme on en fait rarement.

 

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE

The Master (Amy Adams)

Les Misérables (Anne Hathaway)

The Sessions (Helen Hunt)

Lincoln (Sally Field)

Happiness Therapy (Jacky Weaver)

Probabilité : Difficile à prévoir, mais Anne Hathaway part avec une légère avance. Bien qu’il ne soit pas encore visible en France, on dit que son court rôle est clairement le plus marquant du film. Ce serait elle qui donnerait l’une des plus belles scènes des Misérables avec son « I Dreamed a Dream ».

Mon choix : Amy Adams par défaut, puisque l’unique autre actrice dont j’ai vu le film est Sally Fields.Et bien que son personnage soit assez beau, il n’a pas assez d’impact dans l’histoire à l’inverse du rôle incarné par l’actrice de The Master.

 

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE

Argo (Alan Arkin)

Django Unchained (Christoph Waltz)

Happiness Therapy (Robert de Niro)

The Master (Philip Seymour Hoffman)

Lincoln (Tommy Lee Jones)

Probabilité : Ici, que des acteurs confirmés ayant déjà obtenu un oscar. L’absence de Leonardo DiCaprio, encore jamais récompensé, est à pointer comme le plus gros oubli de la sélection. Sa mise à l’écart systématique est devenue si évidente qu’elle en est insultante et cela est tout sauf à l’honneur de l’Académie. Celui dont on dit qu’il est le « voleur de scènes » dans Django Unchained devra encore prendre son mal en patience. Soyons heureux de voir De Niro de retour dans, parait-il, son meilleur rôle depuis quinze ans. Mais l’affaire se jouera entre Jones et Hoffman avec un petit avantage pour la prestation fascinante de ce dernier.

Mon choix: Hoffman se démarque clairement avec son interprétation toute en subtilité, en charisme et en monstruosité masquée.

 

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MEILLEURE ACTRICE

Amour (Emmanuelle Riva)

Happiness Therapy (Jennifer Lawrence)

Zero Dark Thirty (Jessica Chastain)

Les Bêtes du Sud Sauvage (Quvenzhané Wallis)

The Impossible (Naomi Watts)

Probabilité : Nominations dans l’ensemble assez prévisibles. On pourra regretter l’emballement un peu précoce dont fait l’objet la très (trop ?) jeune Wallis qui livre néanmoins une prestation plus qu’admirable dans le film de Zeitlin. Présence surprise de Riva, à la place d’une Marion Cotillard pour De rouille et d’os. Difficile de trancher par contre. Il y a peu, les deux favorites étaient Jennifer Lawrence et Jessica Chastain. Mais l’arrivée de Riva instille le doute et il n’est pas impossible que l’on récompense une actrice en fin de carrière plutôt qu’une comédienne dans la fleur de l’âge. Ce serait alors un oscar plus pour la reconnaissance que pour un meilleur rôle.

Mon choix : Jessica Chastain. Wallis et Lawrence sont encore trop jeunes, et Watts devrait plutôt voir sa chance arriver avec ses deux prochains biopics sur Lady Diana et Marilyn Monroe. Riva dispose d’un rôle trop évident (une femme malade et mourante, un classique pour les prix d’interprétation). Chastain parce qu’elle est l’héroïne d’un thriller d’espionnage, genre pourtant très machiste. Parce que c’est un rôle pas stéréotypé « oscar » et que celui-ci nécessite un certain charisme. Chastain enfin parce qu’en plus d’être la plus belle actrice actuellement, c’est aussi et surtout la plus talentueuse de sa génération avec jusque-là un parcours sans faute. Et accessoirement parce que l’on sait tous depuis The Tree of Life qu’elle y aura droit.

 

MEILLEUR ACTEUR

Lincoln (Daniel Day Lewis)

The Master (Joachim Phoenix)

Flight (Denzel Washington)

Les Misérables (Hugh Jackman)

Happiness Therapy (Bradley Cooper)

Probabilité : Signalons l’absence scandaleuse de Liam Neeson pour le meilleur rôle de sa carrière dans Le Territoire des Loups ainsi que celle de Matthew McConaughey dont le rôle extrême de « Killer Joe » était hallucinant. Deux prestations mises automatiquement de côté par la nature des films dans lesquels ils ont œuvré. A la place, on a pris Hugh Jackman, dont le seul (très) bon rôle reste celui du Prestige, et Bradley Cooper, qui n’avait jusque-là jamais impressionné personne. Washington parvient aussi à se faire une place pour son rôle de pilote de ligne alcoolique dans le succès surprise de Zemeckis. Mais ces trois-là ne font que de la figuration car les jeux se feront entre Joachim Phoenix (autre alcoolique soumis au « Maitre » d’une secte) et Daniel Day Lewis qui ressuscite Abraham Lincoln. Weinstein ayant abandonné The Master en cours de route et Phoenix ayant fait quelques insinuations acerbes envers l’Académie, c’est Lewis qui devrait remporter la mise, bénéficiant du statut d’icône vénéré qui entoure son personnage et devenant pour le coup le premier acteur à être récompensé pour un film de Spielberg ainsi que le premier à remporter trois fois la statuette dorée.

Mon choix: Daniel Day Lewis. Je n’aime pas concéder les récompenses aux artistes en ayant déjà obtenu. Mais force est d’avouer que seuls Lewis et Phoenix se démarque. L’acteur de The Master aurait pu avoir ma préférence : c’est un grand acteur prêt à tout pour élever un film et il n’a encore que rarement été honoré par ses pairs. Mais son rôle appelle trop à une performance extrême comme adorent les oscars. De plus, Phoenix est souvent enclin à surjouer. The Master n’est clairement pas la meilleure partition de sa carrière. A l’inverse, Lewis, qui a aussi un personnage « cliché », est étonnement sobre et en retenue malgré ses antécédents. Et il parvient sans peine à entourer son personnage de cette fameuse aura quasi mythologique qui entourait son modèle historique. Difficile d’attribuer à Lewis les mêmes qualificatifs que pour les interprétations exagérées et tape-à-l’œil d’une Meryl Streep (La Dame de Fer) ou d’une Marion Cotillard (La Môme).

 

MEILLEUR REALISATEUR

L’Odyssée de Pi (Ang Lee)

Lincoln (Steven Spielberg)

Amour (Michael Haneke)

Happiness Therapy (David O. Russell)

Les Bêtes du Sud Sauvage (Benh Zeitlin)

Probabilité : De loin la pire catégorie. Les deux gros favoris l’ont déjà eu (une fois pour Ang Lee et deux fois pour Spielberg). Et les trois autres sont de loin les moins intéressants. Quid de Paul Thomas Anderson dont The Master aurait dû marquer le triomphe ? Quid de Quentin Tarantino qui aurait pu faire un second choix tout aussi appréciable ? Quid de Wes Anderson ? Quid de Ben Affleck ? Quid de Joe Carnahan ? L’Académie a refusé de renominer Kathryn Bigelow après le bug de 2009 qui avait vu la consécration de la première réalisatrice de la compétition après plus de 80 cérémonies misogynes. La présence de Michael Haneke semble relever de la vaste blague tant elle apparait décalée. Et celle du sympathique Zeitlin sidère tant son film est entouré d’une « hype » excessive (surtout quand on sait le nombre de grands réalisateurs infiniment plus confirmés ayant patienté des décennies pour être ne serait-ce que nominés). Là aussi, difficile de prévoir ce qui prévaudra entre la sureté ou la nouveauté tant aucun n’est satisfaisant. David O. Russell apparait comme le choix le plus probable.

Mon choix : Par principe, j’aurai dit David O. Russell afin de récompenser quelqu’un qui n’a encore jamais reçu d’oscar. Mais Ang Lee survole toute la sélection à mes yeux. Et de très loin.

 

MEILLEUR FILM

Amour

Argo

Django Unchained

Les Misérables

L’Odyssée de Pi

Lincoln

Zero Dark Thirty

Les Bêtes du Sud Sauvage

Happiness Therapy

Probabilité : Il est très difficile de trancher contrairement aux années précédentes où seuls deux longs métrages se démarquaient clairement (Slumdog Millionnaire/L’Etrange Histoire de Benjamin Button ; Avatar/Démineurs ; The Social Network/Le Discours d’un Roi ; The Artist/Hugo Cabret). On peut déjà essayer de faire un peu de place en écartant les films qui ne bénéficient ni d’une nomination dans la catégorie « meilleur réalisateur », ni d’une flopée de nominations dans les prix d’interprétations. Ne reste donc comme sérieux candidat que Lincoln pouvant titiller la fibre patriotique (mais Spielberg a déjà été de nombreuses fois récompensées), L’Odyssée de Pi (le fait qu’il soit un conte technologique comme Avatar ou Hugo Cabret ne l’avantage pas), Amour (peu probable, d’autant plus que la présence de ce film francophone dans une catégorie censée être réservée aux films anglophones laisse perplexe), Les Bêtes du Sud Sauvage (qui peut souffrir de son statut de « premier film à très petit budget »). Il ne reste donc, et c’est a priori l’option la plus probable, que le sacre de Happiness Therapy.

Mon choix : Zero Dark Thirty car c’est une fresque passionnante et contemporaine qui bénéficie d’un scénario, d’une réalisation et d’un casting absolument parfait. En deuxième choix, je me reporterai bien entendu sur le merveilleuxL’Odyssée de Pi.

 

Récompenses en fonction de la probabilité :

Happiness Therapy : 3 oscars [film, réalisateur, scénario adapté]

Les Misérables : 3 oscars [actrice dans un second rôle, costumes, décors]

Zero Dark Thirty : 4 oscars [scénario original, montage, son, montage sonore]

SkyFall : 2 oscars [photographie, chanson originale]

Amour : 2 oscars [film étranger, actrice principale]

L’Odyssée de Pi : 2 oscars [effets visuels, musique]

Lincoln : 1 oscar [acteur principal]

The Master : 1 oscar [acteur dans un second rôle]

Frankenweenie : 1 oscar [film d’animation]

Le Hobbit - partie 1 : Un voyage inattendu : 1 oscar [maquillage]

 

Récompenses en fonction de mes choix :

Zero Dark Thirty : 6 oscars [film, actrice principale, scénario original, montage, son, montage sonore]

L’Odyssée de Pi : 3 oscars [réalisateur, effets visuels, musique]

The Master : 2 oscars [acteur principal, actrice dans un second rôle]

SkyFall : 2 oscars [photographie, chanson originale]

Anna Karenine : 2 oscars [décors, costumes]

Lincoln : 1 oscar [acteur principal]

Argo : 1 oscars [scénario adapté]

L’Etrange Pouvoir de Norman : 1 oscar [film d’animation]

Le Hobbit - partie 1 : Un voyage inattendu : 1 oscar [maquillage]

 

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