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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 10:15

          Pour présenter ses goûts cinématographiques, rien de tel que de dire quels sont ses films favoris. En voici dix que je considère comme les meilleurs qui m'aient été donné de voir. C'est donc un classement varié (genres, réalisateurs,...) et purement subjectif.

 

 20th Century Fox

10 - Abyss de James Cameron (1989)

          Connu comme étant  l'un des tournages les plus éprouvants (un film à 95% sous l'eau et la personnalité de Cameron n'arrangeant pas les choses) et comme étant un des rares échecs public et critique de ce réalisateur, Abyss est sûrement à ce jour son projet le plus ambitieux (attendons encore la sortie d'Avatar pour le désigner comme digne successeur). Mélangeant thriller claustrophobe, drame intimiste et science-fiction, Abyss raconte la tentative de survie d'un équipage d'une station de forage sous-marine au bord d'un gigantesque abysse où aurait coulé un sous-marin militaire. Ne pouvant remonter à la surface à cause d'un ouragan, l'équipage va se retrouver confronter à la folie paranoïaque du lieutenant Hiram Colley et à des évènements étranges dû à des créatures inconnus. Chaque film de James Cameron est un évènement (Terminator 1 et 2, Aliens, Titanic et le futur Avatar sont là pour le prouver) et celui-ci ne déroge pas à la règle : scénario original doublé d'un beau message pacifiste (on était encore à l'époque de la Guerre Froide lors du tournage), photographie somptueuse, décors impressionnants et effets spéciaux novateurs pour un cocktail d'émotions réussi.  

  

 

  9 - Ed Wood de Tim Burton (1995)

          L'un des rares échecs public de Tim Burton alors qu'il s'agit objectivement de son plus beau film. Biographie du cinéaste considéré comme « le plus mauvais de tout les temps », Ed Wood marque la seconde coopération d'une longue série entre Johnny Depp et Burton. L'intérêt de ce film est qu'il n'est justement par une comédie qui se moque de son manque de talent mais qu'il se montre plutôt compatissant, attendri envers son amour démesuré pour le cinéma. Refusant d'arrêter de faire des films il ira jusqu'au bout de ses tournages au détriment de la qualité finale de l'oeuvre (il fera baptiser toute son équipe pour obtenir des fonds de l'église de Beverly Hills, il s'alliera à des petits producteurs peu scrupuleux). Mieux Burton n'a aucune honte à se comparer à Wood : le premier est fasciné par l'acteur Vincent Price, l'autre par Bela Lugosi ; tout les deux aiment les films de monstres, tout les deux sont, étaient serait plus juste, en marge du système hollywoodien... Jonglant parfaitement entre émotions et rires, d'un noir et blanc magnifique et rempli de références aux films bis, Ed Wood est un éloge à un pan non négligeable mais toujours méprisé du cinéma.

  

 

  8 - Les Affranchis de Martin Scorsese (1990)

          Si l'on veut voir en un seul film toute la quintessence du style de Scorsese alors c'est celui-là qu'il faut choisir. Débutant sur la phrase culte « As far back as I can remember, I've always wanted to be a gangster » (D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours rêvé d'être un gangster), le film raconte l'histoire vraie d'Henry Hill, un jeune homme fasciné par la mafia et qui arrivera à s'y faire une grande place aux côté de ses amis Jimmy Conway, joué par Robert de Niro dans son rôle le plus mythique, et le très lunatique et déjanté Tommy De Vito, interprété par Joe Pesci qui remportera par la même occasion l'oscar du meilleur second rôle. A travers cette histoire, Scorsese montre le plus fidèlement possible l'évolution sur trente ans de la mafia (des petits deals de rue aux casses et au trafic de drogue). Une mise en scène dynamique et inspiré (tout ceux qui ont vu ce film se souviennent du long plan séquence qui suit Henry Hill et sa fiancée Karen de la rue à une table de restaurant tout en ayant auparavant traversé les cuisines), blindé d'humour noir, d'une bande son très diversifiée, de violence, Les Affranchis est très clairement le meilleur film de gangsters ainsi que le plus réaliste, avec peut-être Le Parrain.

 

  7 - Blade Runner de Ridley Scott (1982)

          Ridley Scott réalise avec Blade Runner l'un des rares films de science-fiction à pouvoir rivaliser avec 2001 : L'Odyssée de l'espace de Kubrick. Adapté d'un roman de Philip K. Dick, Blade Runner représente un futur apocalyptique où une pluie constante s'abat sur la mégalopole de Los Angeles en 2019. Dans ce monde inquiétant, le détective Deckard, joué par Harrison Ford (dans l'un de ses plus grands rôles avec celui de Han Solo et d'Indiana Jones), traque quatre réplicants (robots identiques aux humains) qui se sont évadés d'une colonie de l'espace et qui se cachent dans L.A. Le film, d'une beauté plastique quasi parfaite, est particulièrement philosophique et s'interroge sur ce qui fait l'être humain (avec Rachel, le dernier prototype de réplicant de la Tyrell Corporation qui ignorait qu'elle était artificielle, mais aussi avec le questionnement sur la véritable nature de Deckard). Les effets spéciaux sont magnifiques, la BO de Vangelis est envoutante, mais toutes ses qualités n'ont pas empêché Blade Runner de subir un tournage éprouvant pour Ridley Scott, de recevoir les foudres de la presse et de se planter au box-office.

 

 Warner Bros.

  6 - Heat de Michael Mann (1995)

          Sans nul doute la confrontation la plus mythique de l'histoire du cinéma : Al Pacino (la trilogie du Parrain, Scarface, L'Impasse, Serpico, Cruising, Insomnia,...) qui interprète Vincent Hanna, un flic obsédé par son métier et son enquête au risque d'en faire pâtir sa vie privée, et Robert de Niro (Mean Streets, Le Parrain 2, Taxi Driver, New York, New York, Voyage au bout de l'enfer, Raging Bull, Il était une fois en Amérique, Brazil, Mission, Les Incorruptibles, Les Affranchis, Casino, Jackie Brown) qui joue un braqueur expérimenté à la tête d'une équipe. Le génie du film est la volonté de Michael Mann d'accentuer la frustration du spectateur en ne réduisant qu'à très peu de scènes les face-à-faces des deux acteurs jusqu'à un final intense. Mann mise moins sur l'action (malgré le fait qu'il y filme la plus grande fusillade jamais réalisé) que sur la psychologie en faisant le parallèle entre « le bon » et « le méchant » qui finissent par se ressembler avec cette impossibilité de mener une vie normale et de faire souffrir ceux qui les entourent. Doté d'un scénario en béton, d'une interprétation sans faille, d'une photographie sublime, d'une BO prenante, Heat demeure comme l'un des meilleurs films policier mais aussi comme le plus grand « western urbain ». 

 

 

 

  5 - Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1979)

          Connu comme l'un des pires tournages de toute l'histoire du cinéma (Coppola presque tout le temps défoncé et menaçant de se suicider, Dennis Hopper dans le même état, Martin Sheen qui fait un arrêt cardiaque, Brando qui débarque des mois en retard et qui ne sait pas son texte, un tournage prévu sur six semaine mais qui s'étalera sur près d'un an avec une explosion considérable du budget,...), Apocalypse Now c'est surtout le plus grand film sur la guerre du Vietnam, sur la guerre tout court et sur la folie qui en découle. Coppola y raconte l'histoire du colonel Willard qui, au moyen d'un patrouilleur et d'un équipage mis à sa disposition, va remonter un fleuve en pleine guerre du Vietnam pour atteindre la frontière du Cambodge où se cache le colonel Kurtz qui, devenu fou, à pris la tête d'un groupe d'indigènes et qui mène des opérations d'une extrême violence. Coppola va alors montrer l'obsession qui s'empare de Willard par rapport à cette figure mystérieuse qu'est Kurtz et va réaliser des séquences démentielles pour montrer le chaos qui règne dans les combats (la scène cultissime de l'attaque des hélicoptères, la scène nocturne du pont assiégé où les soldats semblent tous possédés sous diverses drogues...). La dernière demi-heure par son caractère monumental (Brando est brillant alors qu'il n'a que peu de scènes), psychédélique, philosophique et violent épuise le spectateur qui commence à ressentir la folie ambiante et le harassement du héros. Coppola a par la suite rajouté quelques scènes dans sa nouvelle version en 2001 dont une, captivante, dans une plantation française   

 

 

  4 - Eyes wide shut de Stanley Kubrick (1999)

          Dernier film de Stanley Kubrick, mort avant sa sortie dans les salles américaines, Eyes wide shut raconte les pérégrinations du médecin Bill Harford, joué par Tom Cruise dans l'un de ses meilleurs rôles, à travers une ville que l'on suppose être New-York après que sa femme Alice, interprété par Nicole Kidman qui était à l'époque la femme de Cruise, lui ait révélé qu'elle avait fantasmé toute une nuit sur un autre homme. Cette errance nocturne l'amènera à la rencontre de différentes tentations jusqu'à la fascinante scène qui représente une secte élitiste s'adonnant à une orgie sexuelle dans un château. Kubrick fait alors une profonde réflexion sur le fantasme, la sexualité sous presque toutes ses formes et l'adultère. Film difficile d'accès par sa lenteur, son propos et sa mise en scène (mais comme tous les films de Kubrick), Eyes wide shut demeure son oeuvre la plus fascinante, la plus mystérieuse, la plus sensuelle, la plus belle et surtout la plus déroutante.

  

 Carlotta Films

  3 - Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock (1954)

           Ce film est la quintessence du style hitchcockien. S'intéressant à l'une des principales obsessions du cinéaste, le voyeurisme, Fenêtre sur cour est un audacieux pari : faire un film de deux heures se déroulant uniquement du point de vue d'une petite pièce. James Stewart y interprète un photographe solitaire ayant une jambe cassée, qui n'a rien d'autre à faire que d'épier ses voisins et qui n'arrive pas à accepter son amour pour la « trop parfaite » Lisa Fremont joué par une Grace Kelly plus somptueuse que jamais. Tout le film sera alors soutenu par la question suivante : le voisin d'en face a-t-il tué sa femme ? Le couple de détectives amateurs mènera l'enquête dans un mélange d'humour, de romantisme, de rebondissements et surtout de suspense avec l'insupportable dernière demi-heure qui mettra vos nerfs à rude épreuve sans montrer une seule goutte de sang. Hitchcock arrive avec ce film à son apogée et va enchainer des chefs d'oeuvres tel que Sueurs Froides, La Mort aux Trousses, Psychose et Les Oiseaux.

 

 United International Pictures (UIP)

  2 - L'Impasse de Brian de Palma (1993)

           C'est très clairement le plus beau rôle d'Al Pacino (bon mis à part celui de Michael Corleone dans la grande trilogie du Parrain), l'une des interprétations les plus marquantes de Sean Penn et le film le plus abouti de Brian de Palma. L'Impasse raconte la tentative de rédemption d'un ancien caïd après sa sortie de prison, une rédemption qui risque d'être compromise par son ami avocat Kleinfeld. Brian de Palma ayant la fâcheuse habitude, mais qui lui réussissait dans la plupart des cas, de refaire à sa façon des scènes de films (surtout ceux d'Hitchcock mais aussi de Blow up pour Blow Out, du Cuirassé Potemkine dans Les Incorruptibles, plus tard avec 2001 : L'Odyssée de l'espace pour Mission to Mars, les adaptations de séries,...), il signe son film le plus personnel en s'inspirant des propres scènes qu'il avait réalisé (structure semblable à son Scarface, la poursuite dans le train qui rappelle celle de Pulsions,...). Possédant tous ses thèmes chers (le voyeurisme, la manipulation, la violence, la tentative de rédemption,...), Brian de Palma est alors au sommet de son talent, cumulant les plans séquences époustouflants et les scènes de suspense poignantes comme lors de la longue poursuite finale qui réussit l'impensable, nous faire oublier la fin qui était montré au tout début. L'Impasse est un film particulièrement sombre, dépressif, nostalgique, bouleversant, mais qui sera à sa sortie un échec public et critique injuste. Jamais de Palma n'arrivera de nouveau à un tel niveau, alignant par la suite des films corrects voire assez moyens... Mais on garde confiance pour un retour magistral.

 

 Affiche française. Universal Pictures

  1 - Munich de Steven Spielberg (2006)

           Parce que c'est le film de Spielberg le plus noir, le plus maîtrisé et le plus passionnant. C'est la seconde fois qu'il affiche sa judéité depuis La Liste de Schindler, et il s'attaque cette fois-ci au conflit entre Israël et la Palestine et au terrorisme. Faisant preuve d'une totale impartialité, il va se focaliser sur le coté humain de cette mission destinée à se venger de l'assassinat de onze athlètes israéliens par des terroristes palestiniens lors des jeux olympique de Munich. Car ce film n'est pas tant une critique politique qu'un drame centré sur un petit groupe d'espions israéliens amateurs, fragiles, faillibles qui doivent se transformer en tueur, en main vengeresse d'une cause qu'ils ne comprendront plus. Le film analyse en finesse leur doutes, leur peurs et démontre que la violence n'amène que plus de violences et de douleurs. Servi par un casting génial avec un Eric Bana tout en intériorité, un Daniel Craig excellent, un Geoffrey Rush mystérieux et inquiétant ainsi que de quelques second rôles français étonnants : Michael Lonsdale, Yvan Atal, Valeria Bruni-Tedeschi et surtout Mathieu Amalric qui est dans l'un de ses meilleurs rôles. Revisitant le film d'espionnage, et plus généralement le cinéma américain des années 70, Spielberg réalise son film le plus violent, le plus âpre, le plus beau et surtout, il arrive enfin à montrer entièrement son coté pessimiste en abandonnant l'idée d'un happy end. C'est cependant l'un des rares « échecs » public du cinéaste, le film ne dépassant pas le million de spectateurs en France par exemple.   

 

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commentaires

D
Moi je pense surtout que son échec est surtout dû au fait que ce film ne ressemble pas à ce que Spielberg "fait habituellement" (blockbuster avec happy end et tout les préjugés qu'on a sur lui). Les meilleurs films de Spielberg, selon moi, ce sont ceux qui sont les moins connus parce qu'il ne fait pas ce dans quoi on l'a enfermé : Munich mais aussi A.I. ou L'Empire du Soleil (on le réduit un peu trop souvent à E.T. et à Indiana Jones).
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D
Je ne suis pas surprise que ce soit un échec public car en effet je ne l'ai pas du tout aimé...<br /> <br /> Allez c'est reparti pour la polémique ^^<br /> <br /> En fait je crois que cela vient de l'inconnu du sujet, presque personne ne connaît les faits remis dans le film (pour tout le monde le conflit entre juifs-musulmans c'est Israël, alors le voir à Munich = nazisme etc... mauvaise association sans rapports évidemment<br /> <br /> Moi personnellement, si j'ai pas aimé c'est parce que le sujet ne me disait déjà rien au départ
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