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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 01:11

Une année s’achève ; une autre commence. Alors que l’on fait un bilan assez mitigé de l’année 2012, sauvée de justesse par trois derniers mois assez généreux, il est déjà temps de se tourner vers ce que le cinéma nous fait miroiter pour 2013. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça s’annonce très prometteur. Et cette fois-ci, pas question de refaire le coup de 2012 qui vit la plupart des films alléchants être annoncés pour la fin de l’année avant d’être inévitablement repoussés pour cause d’embouteillage. De 2013, on retiendra surtout un premier semestre assez intense voyant la sortie d’une grande partie des compétiteurs à la prochaine Cérémonie des Oscars. On y compte les très anticipés Django Unchained de Quentin Tarantino et The Master de Paul Thomas Anderson. Bien que je les attende énormément, je n’ai pas développé leurs cas dans cet article pour deux raisons : je m’y étais déjà étendu dans l’article de l’année dernière mais aussi parce qu’ils sortent au cours des deux premières semaines de l’année. S’ajoutent à cette compétition l’étrange projet Hitchcock de Sacha Gervasi et la comédie musicale Les Misérables de Tom Hooper (BA enthousiasmante mais le surestimé metteur en scène britannique n’aurait pas accompli un « home run »).

Dans les films assez attendus de ce début d’année, il y a évidemment le nouveau long métrage de Robert Zemeckis intitulé Flight ; le longtemps repoussé A la merveille de Terrence Malick ; le thriller-hommage Passion de Brian de Palma ; 40 ans : mode d’emploi de Judd Apatow ; Happiness Therapy de David O. Russell ; Mud de Jeff Nichols ; Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann ou encore L’Ecume des jours de Michel Gondry. 2013 sera aussi riche en films d’animation avec Hôtel Transylvannie du génial Genndy Tartakovsky à qui l’on doit les trois premières saisons brillantes de « Clone Wars » ; un nouveau DreamWorks original avec Les Croods ; la dernière production de Sony Animation intitulée Epic : la bataille du royaume secret ; le prochain Disney avec Frozen - La Reine des Neiges et évidemment le dernier Pixar avec Monstres Academy, la « prequel » de l’hilarant Monstres et compagnie. Toujours dans le domaine de l’animation, deux surprises sur lesquelles je vais revenir se sont aussi ajoutées à la dernière minute.

Il y aura aussi du « blockbuster ». Comme toujours, on aura droit au fond du panier avec Die Hard 5 de John Moore ; The Host d’Andrew Niccol (comment ce brillant réalisateur a-t-il pu tomber si bas) ; Jack le tueur de géants de Brian Singer ; le (parait-il catastrophique) World Ward Z de Marc Forster et le G.I. Joe 2. Il y aura aussi de la grosse production plus prestigieuse et intéressante, bien que la garantie de la réussite soit assez faible vu les noms ou les compétences de leurs réalisateurs : l’escroquerie Zack Snyder et son Superman - Man of Steel (doublé d’une caution nolanienne pour tenter de rassurer les puristes) ; le copiste J.J. Abrams et son Star Trek 2 - Into Darkness (avec Benedict Cumberbatch, ce qui est certes un argument de poids) ; M. Night Shyamalan et son After Earth (BA intrigante à laquelle vient malheureusement se greffer la présence de toute la famille Smith et le fait que Shyamalan n’ait plus fait un bon film depuis Le Village) ou encore Oblivion de Joseph Kosinski (dont le premier essai, Tron l’héritage, était joli mais froid et bancal). Il y aura aussi, et pour la première fois depuis quelques temps, des projets très enthousiasmants comme Le Monde fantastique d’Oz de Sam Raimi ; The Lone Ranger de Gore Verbinski ; Elysium de Neill Blompkamp ; Le Hobbit - partie 2 : La Désolation de Smaug de Peter Jackson et quelques autres titres sur lesquels je vais m’attarder.

Enfin, quelques autres noms connus devraient revenir pour cette année : Michael Bay et son étonnement attirant Pain and Gain ; Ron Howard et son Rush ; Martin Scorsese et son The Wolf of Wall Street avec DiCaprio, Jonah Hill et Jean Dujardin (bien que la sortie puisse être repoussée au début de 2014) ; Jose Padhilla et son remake de Robocop (sait-on jamais, histoire de voir si la licence aura un second « incident industriel » après la venue de Paul Verhoeven sur le premier épisode) ; Jean Pierre Jeunet et son Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet ; Olivier Hirschbiegel et son biopic sur Lady Diana ; Paul Greengrass et son Captain Philips ; Johnnie To et son Drug War ou encore Wong Kar-wai et son très longtemps retardé The Grandmaster. Sans compter les deux inratables suivants : Inside Llewyn Davies, le prochain film des frères Coen et le nouveau film d’Edgar Wright (et dernier opus de la « Blood and Ice Cream trilogy » comprenant déjà Shaun of the Dead et Hot Fuzz) intitulé The World’s End.

Mais voici maintenant les dix films que j’attends le plus pour l’année à venir :

 

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/94/54/11/20365978.jpg1 – Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow (23 janvier)

Le premier très gros film de 2013 est le nouveau long métrage de la meilleure réalisatrice au monde : Kathryn Bigelow. La particularité de cette dernière ? Refuser les conventions voulant que les femmes ne fassent que des drames féminins tandis que les hommes auraient l’apanage du thriller, du film d’action, en bref, du film de genre. Après avoir battu la gente masculine sur son propre terrain avec le film de vampires Aux Frontières de l’Aube, le cultissime « buddy movie » policier Point Break, le très brillant long métrage d’anticipation Strange Days, le bouleversant huis clos K-19 : le piège des profondeurs ou encore le percutant film de guerre Démineurs, Bigelow s’attaque désormais au thriller d’espionnage avec Zero Dark Thirty.

D’abord censé relater l’échec de la traque d’Oussama Ben Laden par le biais des Forces Spéciales, le film fut diamétralement remanié lorsque la mort du plus célèbre des terroristes intervint en plein milieu de la préproduction. D’un film pessimiste, Zero Dark Thirty devint une œuvre sur une grande victoire américain. Mais n’espérez pas un tract de propagande. Malgré son sujet très sensible, le film, écrit par Mark Boal (Démineurs), parviendrait toujours à rester impartial et à ne pas masquer les points peu glorieux de l’affaire comme l’usage de la torture.

Si l’on en croit les échos qui nous parviennent d’outre-Atlantique, le film serait brillant, intense et captivant de bout en bout. L’avalanche de récompenses et de prix qu’il reçoit laisse supposer qu’il sera l’un des plus redoutables concurrents à la course aux oscars de cette année. Outre un scénario très riche et une réalisation qu’on imagine déjà hallucinante (c’est le minimum pour une artiste de la trempe de Bigelow), Zero Dark Thirty dispose d’un casting alléchant. On y retrouvera Mark Strong (Kick-ass, La Taupe), Joel Edgerton (Animal Kingdom, Warrior), Kyle Chandler (King Kong, Super 8, Argo) ou encore Edgar Ramirez (Carlos).

Mais c’est Jessica Chastain (Tree of Life, Take Shelter, Des Hommes sans loi), la plus belle et la plus talentueuse des actrices actuellement, qui risque bien de tirer la couverture. Pourtant plus habituée à des portraits de mecs éminemment complexes, Bigelow raconte cette chasse à l’homme étendue sur une décennie du point de vue d’une femme. Un choix audacieux sachant à quel point l’univers de l’espionnage mais aussi le monde hollywoodien sont encore machistes. Le fait d’avoir une héroïne dans un long métrage de ce type suffit déjà à faire la différence. Si on ajoute que les trois bandes annonces sont des modèles du genre, on sait qu’il est peu probable d’en ressortir déçu.

 

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/83/85/20244611.jpg2 – Lincoln de Steven Spielberg (30 janvier)

Le film précédent confirmait déjà que l’Amérique souhaitait de nouveau s’attaquer à de grands sujets. Steven Spielberg, très prolifique après son jubilatoire Tintin et le Secret de la Licorne et son très émouvant Cheval de Guerre, revient avec un biopic sur le plus célèbre des Présidents américains, Abraham Lincoln. L’icône de toute une nation dont Spielberg relate les trois derniers mois. Trois mois au cours de son second mandat qui virent sa lutte acharnée pour changer la Constitution afin d’abolir l’esclavage tout en permettant l’impensable : maintenir l’Union malgré la Guerre de Sécession ayant justement pour origine cette question de l’esclavage.

C’est, avec Django Unchained, le second film de la course aux oscars ayant pour sujet hautement sensible celui de la traite des noirs. Mais Spielberg l’a abordé avec moins d’iconoclasme et plus de classicisme et de « retenue solennelle ». Au point que certaines critiques U.S., pour la plupart excellentes, regrettèrent la froideur de l’ensemble jugé un peu bavard et trop pointu historiquement parlant. En gros, on condamne Spielberg de ne pas avoir fait ce pour quoi on l’aurait cloué au pilori : du sentimentalisme et du patriotisme ronflant.

Scénarisé par Tony Kushner (auteur de théâtre loin d’être médiocre puisqu’on lui doit le script de l’un des films de Spielberg les plus complexes, Munich), Lincoln peut compter sur l’équipe habituelle du plus connu des réalisateurs américains : Janusz Kaminski à la photographie, Michael Kahn au montage ou encore John Williams à la musique. Mais, une fois n’est pas coutume chez Spielberg, c’est le casting qui est particulièrement étourdissant. On retrouve Sally Fields (Forrest Gump) James Spader (Crash), Joseph Gordon-Levitt (Inception, Looper), Hal Holbrook (Into the Wild), David Strathairn (Good Night and Good Luck) et un Tommy Lee Jones parait-il absolument formidable (Men in Black, No Country for Old Men).

Mais la vedette est le très rare mais toujours effroyablement minutieux Daniel Day Lewis (Gangs of New York, There Will Be Blood). Après l’abandon de Liam Neeson, dû à une préproduction qui n’en voyait alors pas le bout (Spielberg porte le projet depuis bientôt dix ans), c’est lui qui a été choisi pour incarner Lincoln. D’après les avis outre-Atlantique, la ressemblance est si frappante que l’on croirait que Spielberg a réellement fait revenir d’outre-tombe le vrai président. Il est déjà le favori pour l’oscar du meilleur acteur (ce qui en ferait son troisième). Inutile d’ajouter que ce Lincoln s’annonce comme l’un des films les plus adultes et ambitieux de Spielberg. Reste à savoir comment celui-ci s’intègrera à sa filmographie et à ses thématiques si spécifiques. Mais après une dizaine d’années ayant vue l’éclosion de ses œuvres les plus pessimistes et angoissées, Spielberg semble vouloir revenir vers quelque chose de résolument plus optimiste et réconciliateur.

 

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/29/61/20245603.jpg3 – Cloud Atlas de Tom Tykwer, Andy et Lana Wachowski (13 mars)

Ce troisième film est déjà sorti depuis quelques temps aux Etats-Unis et n’arrivera sur les écrans français que cinq mois après. Un choix de distribution suicidaire puisque le délai est trop large : le film sera déjà commercialisé outre Atlantique et donc aisément disponible par Internet. Une politique dommageable ayant notamment eu la peau en Europe du Scott Pilgrim vs. The World d’Edgar Wright à la fin de 2010. Malheureusement, le parcours de Cloud Atlas annonce un sort similaire sur le territoire français. C’est un film très ambitieux à plus d’un titre. D’abord parce qu’il marque le retour d’Andy et Lana Wachowski, internationalement connus pour avoir mis en scène le chef d’œuvre de S.F. que fut Matrix, ainsi que ses deux suites plus controversées (Matrix Reloaded et Matrix Revolution).

En 2008, ils sortirent un autre chef d’œuvre, Speed Racer, terriblement mal compris à sa sortie bien qu’il commence à être doucement réévalué. Adaptation du manga éponyme, le film fut un énorme four déroutant la majorité des spectateurs par son esthétisme très expérimental. Plusieurs années après ce délirant film de divertissement post-moderne, ils se sont alliés à Tom Tykwer (Cours Lola cours, Le Parfum, L’Enquête) pour adapter « La Cartographie des Nuages » de David Mitchell. Un projet infinançable par Hollywood tant le livre ne correspond en rien à ses critères formatés. Le film fut monté par un complexe système de co-financements qui en fit, avec l’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola en 1979, l’un des rares films à gros budgets (100 millions de dollars) entièrement indépendants. Cela a permis au film d’avoir un casting quatre étoiles devant aider à sa vente sur le marché international. Tom Hanks, Halle Berry, Jim Sturgess, Ben Whishaw, Hugh Grant ou encore Hugo Weaving y interprètent tous plusieurs rôles d’origines et de sexes différents.

Si Cloud Atlas est aussi ambitieux, c’est qu’il est un film choral mêlant six histoires de temporalités différentes mais possédant d’indéfectibles liens entre elles. La première suit un homme de loi anglais voyageant en 1850 sur un navire dans les îles néo-zélandaise. La seconde se déroule dans les années 30 et dévoile la relation entre un grand compositeur et le jeune musicien qui lui sert d’élève et qui souhaite composer une pièce pour sextuor intitulé « Cartographie des nuages ». La troisième est l’enquête d’une journaliste à l’encontre d’un puissant homme d’affaire œuvrant dans le nucléaire en 1975. La quatrième se déroule de nos jours et relate l’incarcération d’un éditeur criblé de dettes par quelques gangsters dans une maison de retraite. La cinquième dévoile la révolte d’un clone dans un Séoul futuriste. La dernière se déroule dans un Hawaï post-apocalyptique et suit un guerrier prenant la dernière survivante d’une ancienne civilisation avancée sous sa protection.

Le propos est très dense car il entend parler de thèmes universels comme l’espoir, l’amour et la mort par le biais de l’interconnectivité. Chaque acte ou choix a des répercussions dans le futur qui sont amplifiées par le temps qui passe. De façon générale, Cloud Atlas veut parler de l’Humanité tout en nous faisant toucher à quelque chose d’intime et de fondamental. La forme aussi est complexe puisqu’elle mélange les styles et les genres cinématographiques en fonction de l’histoire traitée. Le tout est relaté par un montage alambiqué dans lequel les récits s’imbriquent et se mélangent afin de rendre leurs connections évidentes. Les critiques et les spectateurs ont été très divisés face à ce « flop » au box-office U.S. mais les convaincus parlent carrément de « chef d’œuvre ». Voyons-y le signe que les Wachowski ont enchainé un second grand film incompris. Au moins nous auront-ils fait rêver avec cette fabuleuse bande annonce de cinq minutes.

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/80/77/20368465.jpg4 – Stoker de Park Chan-wook (20 mars)

Cette année 2013 voit le baptême hollywoodien du trio sud-coréen. Trois artistes sévissant dans leur pays depuis quelques années et ayant acquis de tels C.V.s qu’Hollywood ne pouvait plus davantage les ignorer. Kim Jee-woon (A Bittersweet Life, J’ai rencontré le diable) fera ses débuts américains avec Le Dernier Rempart, film d’action marquant le retour d’Arnold Schwarzenegger dans son premier rôle-titre depuis la fin de son double mandat de gouverneur de Californie. Mais c’est en premier lieu le nouveau long métrage de Park Chan-wook qui attise ma curiosité (je reviendrai sur le film de Bong Joon-ho).

Le réalisateur du célèbre Old Boy et du très beau Thirst semble être celui des trois réalisateurs coréens à s’être le mieux inséré dans le milieu hollywoodien en assumant à la fois un poste de réalisateur mais aussi de producteur (pour le Transperceneige de Bong Joon-ho). Cela fait quelques années qu’on lui propose des projets anglophones comme The Revenant, un « revenge movie » sur un homme se vengeant de ses anciens amis qui l’ont laissé pour mort après l’attaque d’un grizzly. Et son mystérieux Stoker parait avoir suffisamment impressionné le studio pour qu’on lui propose déjà de poursuivre sa carrière hollywoodienne avec Corsica 72, un film sur le milieu mafieux corse.

De quoi parle Stoker ? Difficile de le savoir clairement. Ecrit par un Wentworth Miller surtout connu pour avoir été l’acteur principal de la série « Prison Break », le scénario de Stoker avait été placé assez haut dans la « Black List » de l’époque réunissant les meilleurs scripts encore non-produits. Le film suit la jeune India (Mia Wasikowska) dont le père vient de mourir. Peu de temps après, le mystérieux oncle Charlie Stoker (Matthew Goode) arrive en ville et entretient une étrange relation avec la mère d’India (Nicole Kidman, dont on espère un retour en grâce après un paquet de rôles embarrassants ces dernières années). C’est avec son arrivée que de drôles de meurtres commencent à intervenir dans la ville où le trio réside. On n’en sait pas beaucoup plus que ça si ce n’est que Stoker pourrait faire intervenir des vampires, créatures que Park Chan-wook avait déjà convoqué dans Thirst.

Les quelques affiches et bandes annonces qui sont sorties annoncent un film à l’esthétisme léchée et sensorielle. Difficile de ne pas y voir l’influence d’un Dario Argento de la belle époque ou d’un Brian de Palma au cours des « seventies » (ce dernier revient à ses premiers amours avec ce Passion qui, même si je l’attends beaucoup, parait être une pâle copie de ses précédents travaux). Stoker pourrait bien être ce véritable hommage abouti à tout un pan du thriller fantastique à l’imagerie graphique percutante. Le film, qui s’annonce ténébreux, est prometteur en frissons et est déjà assuré d’avoir une direction artistique suffisamment brillante pour en faire l’une des œuvres cinématographiques les plus attendues de ce début de 2013.

 

http://img15.hostingpics.net/pics/313380onlygodforgives1.jpg5 – Only God Forgives de Nicolas Winding Refn (courant mai)

Je l’avais rapidement mentionné dans mon article de l’année dernière, pensant encore qu’il pouvait sortir à temps pour la fin de 2012. Mais comme prévu, le nouveau film de Nicolas Winding Refn (la trilogie Pusher, Bronson, Valhalla Rising et Drive), pourtant terminé depuis quelques temps, a vu sa sortie repoussée à mai prochain. La raison est évidente puisqu’il s’agit de faciliter sa sélection au prochain Festival de Cannes. Il est donc prévu pour mai au Danemark et devrait vraisemblablement sortir dans la même période en France.

Il s’agit encore une fois d’un petit budget pour Refn, moitié moins que celui de Drive qui était de 10 millions de dollars ; un vrai miracle quand on voit le sidérant résultat à l’écran paraissant en avoir couté le quadruple. Celui d’Only God Forgives tournerait autour d’un « dérisoire » 4 millions de dollars. Dans un très intéressant article de Libération écrit par Bruno Icher, Refn décrivait le projet selon ces termes : « un polar réalisé comme un western, le tout dans le Far East, et avec un cow-boy moderne pour héros ». L’histoire suit un malfrat réfugié à Bangkok. Lorsque son frère se fait tuer par la police, sa mère réclame qu’il se venge. Cela se fera sur le terrain du club de « boxe thaï » qu’il possède et qui sert de couverture à son trafic de drogue. Only God Forgives sera alors un « revenge movie » sous les néons d’un Bangkok que Refn se plait à comparer à la mégalopole de Blade Runner.

Il retrouve à cette occasion Ryan Gosling dans un rôle au départ prévu pour Lukas Evans. D’après les quelques rares photos ayant filtrées sur le net, on peut déjà certifier qu’il aura très mal et que le film ne lésinera pas sur cette violence que Refn adore magnifier ; le réalisateur d’Irréversible et d’Enter the Void, Gaspar Noé, qui avait déjà donné quelques conseils en matière d’éclatement de crâne sur Drive, a même passé quelques jours sur le tournage. On peut d’ailleurs supposer qu’il y aura des similitudes entre Drive et Only God Forgives, et notamment au niveau du personnage principal. Mais n’y voyons pas tout de suite une redite mais plutôt la possible relecture d’un personnage dans un univers différent ; un peu comme ce que faisait Sergio Leone avec « l’homme sans nom ».

On retrouvera aussi au casting Kristin Scott Thomas dans le rôle de la mère, Tom Burke ou encore la « gueule » Vithaya Pansringarm qui incarne un flic aux méthodes brutales que l’on surnomme « l’Ange de la Vengeance ». Refn a activement travaillé sur le choix de la bande sonore comme il en a l’habitude (des choix musicaux dans Pusher, Drive ou Bronson qui parvenaient même à faire croire que les œuvres d’autres artistes avaient été composées exprès pour ses films). Le metteur en scène danois entendrait réunir une B.O. à base de chansons locales tandis que Cliff Martinez s’occupera encore une fois de la partie instrumentale. Refn s’est aussi associé avec son chef opérateur habituel, Larry Smith, qui avait travaillé sur Bronson mais aussi Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick.

 

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/25/30/20188755.jpg6 – Low Life de James Gray (courant mai)

Le film suivant sera, à n’en point douter, un autre participant à la prochaine Compétition officielle du Festival de Cannes. La sortie probable du film en mai confirme déjà l’intention du réalisateur et de ses producteurs. De plus, James Gray est très apprécié par les organisateurs. Une appréciation à juste titre puisque Gray figure comme l’un des plus importants réalisateurs américains apparus pendant la décennie précédente. Son œuvre de quatre films se déroulant à New York (Little Odessa, The Yard, La Nuit nous appartient et Two Lovers) est déjà marquée par une forte empreinte esthétique. Sombres et nocturnes, ces tragédies shakespeariennes montrent des protagonistes face à de terribles dilemmes moraux.

Après l’abandon temporaire de son grand film d’aventure The Lost City of Z, qui devait retracer le parcours de l’aventurier Percy Harrison Fawcett qui disparut dans la forêt amazonienne en 1925, Gray était resté assez discret et avait surtout travaillé en tant que scénariste. Il a collaboré avec Guillaume Canet dans l’écriture de Blood Ties, remake hollywoodien réalisé par Canet lui-même du film Les Liens du Sang de Jacques Maillot. Il a aussi rédigé le script d’un biopic sur Steve McQueen produit, et peut-être interprété, par Jeremy Renner. Il s’est ensuite tourné vers Low Life, depuis retitré The Nightingale pour des raisons de droit bien que le titre original risquerait de revenir officiellement selon Gray.

Si le film se passe encore une fois à New York, il s’agira du premier « film à costumes » de James Gray qui avait toujours fait des longs métrages relativement contemporains. Low Life se déroulera en 1921 et suivra le parcours d’Ewa, une jeune immigrée Polonaise dont la sœur est retenue en quarantaine dans la fameuse Ellis Island après qu’on lui ait diagnostiqué la tuberculose. Ewa arrive seule à New York, complètement démunie, et rencontre un proxénète, Bruno, qui l’engage en échange de l’obtention de médicaments pour sa sœur malade. Par la même occasion, Ewa fait la connaissance du cousin de Bruno, Orlando, un magicien qui pourrait être sa voie de sortie.

James Gray retrouve à cette occasion, et pour la quatrième fois, son acteur fétiche Joaquim Phoenix. Celui-ci interprète Bruno et fait, conjointement avec son premier rôle dans The Master, un retour fracassant sur le devant de la scène après quelques années d’absence dues au tournage du documenteur I’m Still Here. Ewa sera jouée par une Marion Cotillard que l’on espère plus du côté de De rouille et d’os de Jacques Audiard que du The Dark Knight Rises de Christopher Nolan. Sachant ses talents de directeur d’acteurs et d’actrices, Gray devrait heureusement faire pencher la balance du bon côté. Jeremy Renner clôt ce trio en incarnant Orlando. La reconstitution s’annonce très documentée et Gray a révélé s’être notamment rapproché du Parrain - partie 2 de Coppola. Le fait que Darius Khondji soit le directeur de la photographie (il a éclairé le mythique et ténébreux Se7en de David Fincher) ne constitue pas le moindre des attraits pour ce film.

 

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/34/54/20289031.jpg7 – Pacific Rim de Guillermo Del Toro (17 juillet)

De prime abord, ce film a tout du « blockbuster » décérébré et rien ne pourrait le différencier d’un Transformers de Michael Bay. Pourquoi le placer dans cette liste ? Parce que si l’on se penche un peu plus sur son cas, on réalise que Pacific Rim a beaucoup d’atouts dans sa poche. La trame parait assez bête et basique : des monstres de cent mètres de haut venus d’un autre monde ont trouvé un moyen d’arriver sur Terre et mettent l’humanité en déroute, prenant peu à peu le contrôle de cette nouvelle planète. Pour affronter ces « kaijus » (terme japonais désignant les monstres gargantuesques dont fait partie le célèbre Godzilla), l’humanité a décidé de créer ses propres monstres : des robots-mecha de la taille d’un immeuble (les « jaegers ») qui auront la tâche ardue de leur botter les fesses et de les faire disparaitre dans les tréfonds de l’océan Pacifique d’où ils sont apparus.

On sent le film subtil à base de délirants combats apocalyptiques faisant passer la trilogie de Michael Bay pour des films français à tendance « bobo chiant ». Mais de multiples entourloupes viennent se greffer sur ce concept. D’abord, le script écrit par Travis Beacham (le scénario original du Choc des Titans qui fut très remanié) a été jugé assez excellent par ceux qui l’ont lu. Il ne se limiterait pas à une succession de combats et s’amuserait à élaborer un univers cohérent en montrant les mutations sociales qu’engendrerait l’apparition d’une telle menace (l’acteur Ron Perlman interprète par exemple un vendeur de viande de « kaiju »). Le film rend directement hommage au genre cinématographique typiquement japonais et assez peu connu en Occident qu’est le « kaiju eiga ». Un genre popularisé par la Toho qui produisit un paquet de longs métrages mettant en scène les destructions titanesques causées par des monstres gigantesques et faisant souvent écho au traumatisme nucléaire.

A cet hommage visiblement peu vendeur pour un public occidental, le studio Warner n’a pas hésité à allonger un chèque de 200 millions de dollars alors que le casting du film est majoritairement composé d’acteurs peu connus : Charlie Hunnam, la sud-coréenne Rinko Kikuchi (Babel) et Idris Elba (la série « Sur Ecoute », Prometheus) dans un rôle prévu au départ pour Tom Cruise. Enfin, « last but not least », la surprise de taille est que le réalisateur n’est pas américain mais mexicain : Guillermo Del Toro (Mimic, L’Echine du Diable, Hellboy, Le Labyrinthe de Pan). Déprimé après les abandons successifs des deux plus gros projets de sa carrière, Le Hobbit finalement réalisé par Peter Jackson et Les Montagnes Hallucinées, c’est sur ce film qu’il s’est rabattu afin d’exprimer pleinement son amour des monstres (9 « kaijus » différents selon ses dires) et de la culture japonaise.

Mais que serait un « blockbuster » sans le spectacle qu’il nous promet ? A ce titre, Pacific Rim est pour l’instant, de loin, l’un des « blockbusters » les plus excitants de l’été prochain. La très intense bande annonce promet du gigantisme, de la mandale en pleine figure, de la destruction massive, du combat épique,… Visiblement doté d’une direction artistique très riche tentant de rendre palpable cet univers fantastique, Pacific Rim s’annonce surtout comme un « show » indépassable enchainant les séquences hallucinantes mais aussi les images évocatrices. Le tout dans le refus d’un pessimisme absolu et d’un ternissement complet de l’ambiance très à la mode dans les films à gros budget post-The Dark Knight. Pacific Rim, ça devrait être du fun par paquet de douze comme on n’en avait plus fait aussi copieusement depuis plusieurs années. Le film de divertissement ultime en somme.

 

http://i.imgur.com/qpcZ0.jpg8 – Kaze Tachinu de Hayao Miyazaki (courant de l’été)

On ne connait pas beaucoup de détails sur ce huitième film. Et pour cause puisqu’il est écrit et réalisé par le très secret Hayao Miyazaki. D’autant plus que l’officialisation de la date de sortie japonaise, le 17 juillet prochain, n’a été que très récente. Mais il s’agit d’un nouveau venu de taille qui s’ajoute à une année déjà bien chargée. Et il n’est pas tout seul : Ghibli sortira ce même été le nouveau film de l’autre pilier du studio d’animation, Isao Takahata, à qui l’on doit le film lacrymal définitif Le Tombeau des Lucioles qu’il faut impérativement avoir vu. Ce dernier, qui s’annonce lui-aussi magnifique, est intitulé Le Conte du coupeur de bambou et est adapté d’un triste conte éponyme.

A 71 ans, Miyazaki n’en est pas à sa première menace de retraite. A l’époque de Princesse Mononoke (le plus beau dessin animé de tous les temps), il annonçait déjà sa volonté d’arrêter les projets ambitieux pour ne se consacrer qu’à de petits films. Il a cependant eu du mal à tenir parole puisqu’il enchaina Le Voyage de Chihiro et Le Château Ambulant. Mais après le très beau Ponyo sur la falaise, le réalisateur de Nausicaa, de Mon Voisin Totoro ainsi que du Château dans le Ciel l’avait de nouveau publiquement certifié en faisant miroiter l’arrêt d’une carrière très remplie. Une politique de succession, élaborée depuis quelques temps au sein de Ghibli, vise d’ailleurs à permettre l’émergence d’une nouvelle génération d’animateurs (dont le fils de Miyazaki, Goro) devant prendre la relève de ces deux grands mastodontes. Néanmoins, il semblerait que Miyazaki ait encore cédé à la tentation.

Cela fait près d’un an que l’on sait que l’on aura au moins un nouveau long métrage de Miyazaki. Et pas un petit. Intitulé officiellement Kaze Tachinu, le film a le même titre qu’un manga sur lequel Miyazaki a travaillé ces dernières années. Ce dernier retraçait la vie de Jiro Horikoshi, un concepteur d’avions militaires pendant la Guerre du Pacifique. Comme on le voit, le sujet s’annonce déjà assez fendard. Mais une récente affiche en rajoute une couche puisque la « tagline » ferait aussi référence à Tatsuo Hori. Cet auteur a écrit à la fin des années 30 un roman intitulé « Le Vent se lève », titre qui pourrait être la traduction française du film de Miyazaki. Le roman relate l’histoire d’un homme accompagnant sa fiancée atteinte de tuberculose (encore !) dans un sanatorium se trouvant dans les « Alpes japonaises ». Après le décès de celle-ci, le fiancé part en pèlerinage sur les lieux de leur rencontre afin de pouvoir faire son deuil.

Le film de Miyazaki pourrait être un mélange de ces deux destins, faisant du fiancé un concepteur d’avions militaires à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. On sent l’histoire très joyeuse, mais ce n’est pas tout puisque l’une des premières informations divulguées sur le film révélait que le tremblement de terre de Kantô, qui eut lieu en 1923 et qui fit près de 140.000 morts, allait figurer dans le récit. Une tragédie qui pourrait avoir une certaine résonnance avec la récente catastrophe de Fukushima. Si on ajoute que Joe Hisaishi s’occupera évidemment de la musique et le fait que cela puisse être le dernier film de Miyazaki vu son âge et sa vitesse de production (et c’est aussi le cas pour le prochain long métrage de Takahata), il est évident que Kaze Tachinu est l’évènement cinématographique absolument inratable de 2013.

 

http://idata.over-blog.com/0/02/98/75/couvertures-bd/le-transperceneige.jpg9 – Le Transperceneige de Bong Joon-ho (fin août)

Et voici le dernier membre du trio sud-coréen. Et non des moindres puisqu’il est, à mon sens, le meilleur des trois mais aussi l’un des plus importants réalisateurs du début de ce siècle. En 2003, il a réalisé Memories of Murder, qui est l’un des plus grands films de « serial killer » de l’histoire du cinéma au côté du Zodiac de David Fincher. Un très grand film mélangeant enquête, drame, suspense et ironie mordante. Trois ans plus tard, le réalisateur faisait encore plus fort avec un film de monstre absolument brillant intitulé The Host. Un véritable « hit » local flirtant avec les cinémas de Steven Spielberg, de James Cameron et de M. Night Shyamalan. Un chef d’œuvre, osons le mot, combinant scènes d’actions impressionnantes, séquences horrifiques intenses, effets spéciaux très crédibles, moments poignants et instants plus légers,…

Début 2010, Bong Joon-ho réalisa un drame-thriller poignant et captivant intitulé Mother. A cette époque il essayait déjà de monter l’adaptation très ambitieuse, car assez couteuse, de la bande dessinée française « Le Transperceneige » de Jean-Marc Rochette, Jacques Lob et Benjamin Legrand. Le film se déroule dans un monde futuriste où la Terre est recouverte de neige et de glace après un terrible cataclysme climatique. L’humanité et la civilisation ont disparu à l’exception d’un groupe d’humains réfugiés dans un gigantesque train, le Transperceneige, qui roule éternellement et à pleine vitesse vers une destination inconnue. Ces quelques individus restants tentent de survivre dans ce lieu confiné qui accentue les tensions et qui est élaboré selon une hiérarchie sociale : l’aristocratie se retrouve près de la locomotive tandis que les pauvres sont relégués en queue de train.

Après plusieurs années passées à la recherche d’un plan de financement, Bong Joon-ho est parvenu à lancer le projet avec l’aide de Park Chan-wook qui produit et co-écrit le long métrage. Le scénariste Kelly Masterson, qui a écrit le script du dernier Sydney Lumet, 7h58 ce samedi-là, a aussi participé à l’élaboration du scénario. Le tournage de ce film à 35 millions de dollars s’est déroulé dans les studios de Prague et a été tourné en langue anglaise afin de maximiser son exploitation sur la scène internationale, le film étant une coproduction entre la Corée du Sud, les USA et la France. Le casting éclectique est des plus alléchants. Chris Evans (Captain America, Sunshine, Scott Pilgrim) tiendra le rôle principal (vraisemblablement celui de la bande dessinée) qui se prénomme Proloff, un membre de la caste pauvre qui remonte tout le convoi pour une raison qu’il garde secrète et qui découvre les rouages de cet univers clos.

Il sera accompagné d’une flopée de seconds rôles notamment interprétés par Tilda Swinton (Julia, L’Etrange Histoire de Benjamin Button), Jamie Bell (Billy Elliott, Tintin), John Hurt (Alien, Elephant Man, La Taupe), Octavia Spencer (récemment oscarisée pour La Couleur des Sentiments) ainsi que le sud-coréen Song Kang-ho. Ce dernier est l’acteur fétiche de Bong Joon-ho puisqu’il a été le héros de Memories of Murder et de The Host. Le réalisateur lui a réservé un rôle spécial puisqu’il jouera « un rôle à la Han Solo » (ce qui donne fortement envie d’en voir plus quand on sait le talent de Kang-ho). Malheureusement, il n’y a pour l’instant ni B.A., ni affiche, ni photo officielle du film pour donner une idée du résultat que l’on espère aussi enthousiasmant que les précédents longs métrages de Joon-ho.

 

http://image.toutlecine.com/photos/u/n/0/un-jour-sur-terre-earth-planet-earth-10-10-2007-16-g.jpg10 – Gravity d’Alfonso Cuaron (courant octobre-novembre)

J’avais déjà parlé de ce long métrage qui constitue pour moi rien de moins que le moment cinématographique le plus anticipé de l’année prochaine. Ce film était à l’origine prévu pour novembre dernier mais il a été repoussé d’un an. La raison n’est pas clairement connue. Elle peut déjà être entraperçue comme une crainte légitime des producteurs de sortir ce film à gros budget difficilement « marketable » et pas très grand public au milieu d’un James Bond, du nouveau Twilight et du dernier DreamWorks. Cet imposant projet de S.F. qu’est Gravity n’a pas eu une genèse facile, ce qui confirme la nature particulière mais aussi très ambitieuse et « casse-gueule » du nouveau film du plus grand réalisateur actuel : Alfonso Cuaron.

Fer de lance de la « triade » mexicaine comportant Del Toro et Alejandro Gonzales Inarritu, Cuaron fut un réalisateur remarqué après Y tu mama tambien et l’excellent Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban (le meilleur opus cinématographique mettant en scène le fameux sorcier de J.K. Rowling et le seul à être aussi bon que le livre qu’il adaptait). Mais sa très précoce consécration vint en 2006 avec le phénoménal chef d’œuvre d’anticipation Les Fils de l’Homme, malheureusement boudé à sa sortie alors qu’il est l’une des plus importantes œuvres de cinéma sorties depuis le début du XXIème siècle. Malgré le semi-échec au box-office de ce film à 80 millions de dollars, Cuaron s’est battu pour mettre au monde Gravity. Il est en effet habitué aux projets difficiles puisqu’il avait tourné autour de L’Odyssée de Pi (finalement réalisé par Ang Lee après une décennie de galères), de Speed Racer (Johnny Depp devait y incarner le rôle principal) ou encore du remake avec Tom Cruise et Charlize Theron du film français Anthony Zimmer (devenu le très médiocre The Tourist avec Depp et Angelina Jolie).

Gravity enquille les difficultés. Co-écrit par Alfonso Cuaron, son fils Jonas et Rodrigo Garcia, le film relate le chemin de croix d’une astronaute tentant de rejoindre toute seule la Terre après que l’équipage de sa navette ait été décimée par un accident. Le film, qui ne se base sur aucune franchise préalable, ne peut se vendre que sur une star « bankable » suffisamment célèbre pour déplacer le public et capable d’assumer le poids d’un film dans lequel elle sera à l’écran pendant la quasi-totalité du temps, sans l’appui d’un quelconque partenaire. Le film était donc tributaire d’une actrice et a failli ne pas se faire après les abandons successifs d’Angelina Jolie, de Scarlett Johansson, de Blake Lively et de Natalie Portman. Un mal pour un bien puisque c’est l’oscarisée Sandra Bullock, bien plus crédible que les autres dans le rôle d’une astronaute, qui a accepté à temps la proposition. George Clooney s’est ajouté au casting en prenant un second rôle laissé vacant par Robert Downey Jr.

Si Gravity sera le point final d’une grosse vague de S.F. (Looper, Oblivion, After Earth, Pacific Rim, Elysium, Le Transperceneige), il prendra moins la forme d’un film de divertissement que d’une expérience sensorielle aussi radicale et immersive que le 2001 : L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. Cuaron entend employer une mise en scène réaliste à base de plans séquences suivant le personnage en temps réel ; une rumeur persistante voudrait que le plan d’ouverture ait une durée de vingt minutes. Le long métrage sera en 3D post-produite pour des raisons budgétaire mais aussi technique car au moins 60% du long métrage serait en images de synthèse. Et à ce sujet, Del Toro et James Cameron, soit les deux meilleurs employeurs d’effets spéciaux à l’heure actuelle, ont révélé que Cuaron disposait d’outils ayant cinq années d’avance sur le reste de la profession (y compris Del Toro et Cameron, ce qui file le vertige quant au résultat final).

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