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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 12:18

L’année 2011 s’achevant, il est grand temps de se tourner vers 2012 et voir ce qu’elle nous annonce. Du lourd, voire du très lourd. De mémoire, il faut au moins remonter à 2006 pour retrouver une année aussi stimulante et riche en potentiels chefs d’œuvres. De nombreux réalisateurs talentueux comptent bien revenir comme William Friedkin avec Killer Joe, Francis Ford Coppola et son film d’horreur gothique Twixt, Wong Kar-wai et son film de kung-fu The Grand Master ou encore Terrence Malick et son drame mystérieux pour le moment intitulé The Burial. Cette année on espère aussi le retour en forme de quelques cinéastes qui s’étaient dernièrement un peu perdu. Parmi eux on compte Oliver Stone (Savage), Tim Burton (le doublé de Dark Shadows et Frankenweenie), David Cronenberg (Cosmopolis) ou encore Baz Luhrmann (réadaptation du classique Gatsby le Magnifique). Au niveau des autres évènements potentiellement majeurs, on compte Le Territoire des Loups de Joe Carnahan, le Cogan’s Trade d’Andrew Dominik, The Wettest County de John Hillcoat, Moonrise Kingdom de Wes Anderson, The Place Beyond the Pines de Derek Cianfrance ou encore le retour au « live » de Robert Zemeckis avec Flight. Dans les autres tendances de 2012, on retrouvera évidemment des biopics entre La Dame de Fer de Phyllida Lloyd, J. Edgar de Clint Eastwood et surtout Cloclo de Florent Emilio Siri. Les super-héros seront de la partie avec The Amazing Spider-man de Marc Webb et Les Avengers de Joss Whedon et la « fantasy médiévale » est aussi prévue au programme avec le traditionnel Pixar intitulé Brave et surtout le retour en fin d’année dans La Terre du Milieu avec Bilbo le Hobbit – partie 1 : Un voyage inattendu de Peter Jackson. Néanmoins ce ne sont pourtant pas les projets cinématographiques qui m’enthousiasment le plus à l’heure actuelle. Voici donc un petit tour d’horizon des dix projets que j’attends le plus pour cette année à venir (dans le doute, je n'ai pas rajouté les sorties de Passion de Brian de Palma et de Cloud Atlas des Wachowski qui ne sont pas sur d'arriver cette année).

 

1 – Millenium de David Fincher (18 janvier)

Le premier grand moment de l’année 2012 sera sans aucun doute le retour de David Fincher près d’un an après son immense The Social Network. Le réalisateur des célébrissime Se7en, Fight Club et Zodiac arrive avec l’adaptation du premier livre de la trilogie de « best-sellers » suédois de Stieg Larsson intitulée « Millenium ». Très schématiquement, l’histoire suivra le journaliste Mikael Blomkvist et la jeune Lisbeth Salander qui enquêteront sur la disparition et le meurtre supposé d’une jeune fille il y a plus de vingt ans, et ce, à la demande de son père, le riche Henrik Vanger.

L’œuvre avait été, il y a à peine quelques années, adaptée pour une série télévisée suédoise par Niels Arden Oplev. Découpé pour former trois films distincts, le travail accompli par Oplev se révélait malheureusement assez quelconque et ne permettait pas de comprendre l’engouement du public pour ses livres, qui apparaissaient comme des polars assez basiques. Fincher entend donc faire bien mieux avec une adaptation directement prévue pour le grand écran et disposant d’un gros budget lui donnant une plus grande liberté.

C’est là l’un des grands intérêts de ce The Girl with the Dragon Tattoo (titre original) : être une grosse production hollywoodienne pour adultes. Un peu comme le furent des films tels que Le Parrain ou Basic Instinct. Casting de star donc avec Daniel 007 Craig dans le rôle du journaliste Mikael Blomkvist, Stellan Skarsgard, Christopher Plummer ou encore Robin Wright. Mais la véritable attraction risque bien d’être la jeune Rooney Mara qui succède à l’excellente Noomi Rapace dans le rôle de la jeune hackeuse/détective/gothique (entre autres) Lisbeth Salander.

On peut ajouter que le scénario est signé par Steven Zaillian (La Liste de Schindler, Gangs of New-York et American Gangster quand même), que la musique est composée par le duo oscarisé Trent Reznor/Atticus Ross (déjà à l’œuvre dans Social Network) et que les premières images suintent une ambiance glauque, morbide et glacial. Si le film arrive à atteindre un dixième de l’intensité sous-entendue par les excellentes bande annonces,  on peut dors et déjà affirmer que ce Millenium risque bien d’être le thriller évènement de l’année, et un parfait mélange entre Se7en et Zodiac.

 

2 – La Taupe de Thomas Alfredson (8 février)

Le second grand évènement cinématographique vient d’un réalisateur d’origine suédoise justement. Si le nom de Thomas Alfredson peut ne pas dire immédiatement grand-chose à l’inconscient cinéphile, son premier film est par contre loin d’être passé inaperçu puisqu’il s’agit du film de vampires Morse. Il revient donc avec un film britannique adapté d’un roman d’espionnage, « Tinker Tailor Soldier Spy », écrit par John Le Carré.

Pas encore intéressé ? Alors ajoutons que La Taupe dispose de l’un des plus beaux castings masculin jamais réunis sur un écran. On retrouvera donc Gary Oldman (Dracula, Léon) Colin Firth (oscarisé pour Le Discours d’un roi), Tom Hardy (Bronson, Warrior), John Hurt (Alien, Elephant Man), Toby Jones (The Mist, Tintin), Mark Strong (Kick-ass), Ciaran Hinds (Munich) et Benedict Cumberbatch. Ce dernier commence d’ailleurs à avoir une belle carrière entre sa révélation dans la série « Sherlock », Reviens-moi de Joe Wright, Cheval de Guerre de Spielberg (qui sortira ce même mois de février) et le futur Bilbo le Hobbit - partie 1 à la fin de l’année.

Le film d’Alfredson suivra George Smiley (Oldman), un agent tout juste à la retraite, soudainement chargé d’une mission de la plus haute importance : débusquer une « taupe » russe ayant infiltrée le « Cirque », le quartier général des services secrets britanniques, et qui se trouve être l’un de ses anciens collègues. Va s’en suivre donc un jeu du « chat et de la souris » particulièrement tendu.

Les premières images sentent bon les « seventies », pas très loin de quelques classiques réalistes  comme Les Trois Jours du Condor de Sydney Pollack, tandis qu’Alberto Iglesias a composé une bande originale jazzy des plus envoutantes. Les critiques anglo-saxonnes sont plutôt dithyrambiques à son encontre, il n’y aurait donc pas de raison pour que La Taupe ne soit pas LE film de février. Avant une probable présence à la prochaine cérémonie des oscars.

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/32/85/20022460.jpg3 – Prometheus de Ridley Scott (30 mai)

C’est probablement le blockbuster de l’année prochaine dont on sait le moins de choses actuellement. Pendant de nombreuses années, la 20th Century Fox a tenté de mettre en place un Alien 5 avec de nouveau Sigourney Weaver. Après un « development hell » assez conséquent, le projet semble avoir abouti à ce Prometheus : un prequel d’Alien sans pour autant être un nouvel Alien. Difficile à comprendre ? Disons qu’à première vue Prometheus se déroulera bien dans l’univers d’Alien (même design, le retour de la Weyland Company, présence d’un androïde et des mystérieux Space-Jockey), quelques années avant le premier épisode, sans pour autant aborder les mêmes codes narratifs que les quatre films précédents (bien que le premier teaser donne l’impression inverse).

Là peut déjà se poser un problème : dévoiler les mystères de l’excellent premier film, dont l’ambiance se basait avant tout sur les suppositions et l’imagination, n’est-il pas une entreprise futile, voire plus que risquée ? D’autant plus que pour se justifier, la Fox a placé à la tête du projet Ridley Scott, caution artistique un peu roublarde. En effet, c’est lui qui a brillamment initié cette saga. Quoi de mieux pour justifier le projet que de se faire adouber par l’un de ses plus éminents fondateurs ?

Le seul hic, c’est que le Ridley Scott des années 80, brillant metteur en scène qui comptait à son actif des films souvent magnifiques (Les Duellistes, Alien, Blade Runner, Thelma et Louise), semble mort artistiquement depuis une bonne vingtaine d’années. Depuis il n’y a bien que les brillants Gladiator et American Gangster qui surnage de cette flopée de semi-échecs (1492, La Chute du Faucon Noir, Kingdom of Heaven) et de ratages absolus et indignes (A Armes Egales, Hannibal, Une Grande Année, Mensonges d’Etat et Robin des Bois). Cette volonté de retourner dans ce qui a fait sa gloire (Scott s’apprêtant à faire la même chose avec l’univers Blade Runner) ne ressemble-t-elle pas à la tentative désespérée d’un metteur en scène has-been de retrouver sa splendeur d’antan ? Au risque de se bruler les ailes ?

Pourquoi croire à ce projet ? Tout d’abord parce qu’il semble y avoir un sujet terriblement ambitieux qui se cache derrière cette grosse production. Prométhée est en effet celui qui créa les Hommes et qui leur donna le feu après l’avoir volé à Zeus, ce dernier le punissant en l’enchainant et en lui faisant dévorer éternellement le foie par un aigle. Doit-on s’attendre à une relecture S.F. à très gros budget de ce mythe mélangeant origine de la vie et châtiment céleste ?

Avec un casting réunissant des pointures comme Noomi Rapace dans le rôle-titre, Charlize Theron,  l’excellent Michael Fassbender, Idris Elba et Guy Pearce, il est difficile de faire la fine bouche. Et si en plus Ridley Scott a pour ambition de faire le plus grand blockbuster 3D depuis Avatar, on se dit qu’on peut être rassuré quand à la bonne volonté de l’équipe. Le premier teaser est d’ailleurs d’une efficacité redoutable : un savant mélange entre l’ambiance crade de la quadrilogie matinée à du space-opéra épique. Jusqu’à la désillusion face à la version apparemment « PG-13 » (là où les alien était tous classé R, donc interdit aux mineurs) qui risque de se pointer sur les écrans ?

 

4 – The Dark Knight Rises de Christopher Nolan (25 juillet 2012)

Pour celui-ci, il s’agit très clairement du film le plus attendu de 2012 par la communauté cinéphile. Les raisons sont multiples. D’abord il y a la présence derrière la caméra de Christopher Nolan, un des très rares jeunes cinéastes à avoir les pleins-pouvoirs à Hollywood comme ce fut par exemple le cas de Steven Spielberg au cours des années 70 et 80. Réalisateur des impressionnants Memento, Insomnia, Le Prestige et Inception, Nolan entend bien finir en beauté la trilogie « Batman » qu’il avait initié avec Batman Begins et The Dark Knight.

Si le premier épisode, bien qu’assez imparfait, avait su intelligemment rebooter un personnage qui avait été, lui et son univers, dévoyé par les incommensurables navets constitués du dyptique de Schumacher et du Catwoman de Pitof, c’est clairement avec sa suite que Nolan a permis à sa saga de véritablement décoller. Un épisode fiévreux, dense, sombre, porté par une impressionnante interprétation d’Heath Ledger en Joker (carrément oscarisé pour le rôle), qui était plus proche  de la fresque policière que du film de super-héros à proprement parler.

Ce troisième épisode devait initialement retracer le procès du Joker mais, face à la mort précoce de Ledger qu’il était inconcevable de remplacer, Nolan a décidé de placer l’histoire huit ans après le deuxième film. Un Batman plus âgé devra ainsi faire face au colosse Bane, insensible à la douleur et disciple du défunt maître de la Ligue des Ombres, Ra’s Al Ghul, qui fut vaincu par Batman qui en avait été lui-aussi l’élève. On raconte aussi que sa fille, Talia Al Ghul, viendrait à Gotham sous les traits de la « frenchy » Marion Cotillard pour venger son père. Et la dernière nouvelle arrivante sera la très attendue Catwoman, incarnée par une Anne Hathaway qui va avoir du mal à succéder à Michelle Pfeiffer (ce que l’on disait aussi de Ledger qui reprenait un rôle popularisé au cinéma par Jack Nicholson).

Certes, s’il y a bien deux choses que Nolan ne sait pas filmer ou écrire, ce sont les personnages féminins et les corps-à-corps. Choix suicidaire ou véritable volonté du metteur en scène de dépasser ses points faibles ? Si les premières images ayant filtrées ne sont pas rassurantes (notamment au niveau du costume de Catwoman, un prologue un peu mou qui reprend le prégénérique d’un épisode de James Bond), on peut laisser le bénéfice du doute à Nolan qui a bien l’intention de faire les choses en très grand. D’autant plus qu’il dispose de son équipe habituel (Wally Pfister à la photographie, Hans Zimmer à la musique) et d’un casting impressionnant entre les vieux routards qui rempilent (Christian Bale, Michael Caine, Gary Oldman et Morgan Freeman) et les nouveaux venu avec Tom Hardy en Bane, Cotillard, Hathaway, Joseph Gordon-Levitt, Matthew Modine et Juno Temple. Sans aucun doute le blockbuster de l’été qui écrasera toute la concurrence.

 

5 – SkyFall de Sam Mendes (24 octobre 2012)

Quatre ans. Il aura fallu quatre longues années de déboires financières de la MGM pour qu’un nouvel épisode de la saga mythique et inépuisable puisse voir le jour. Quatre années après le décevant Quantum of Solace, Daniel Craig rempile pour la troisième fois dans le smoking de l’agent secret le plus sexy et le plus célèbre de la planète. Moqué lorsqu’il fut annoncé pour le rôle, acclamé lorsque le magnifique Casino Royale s’imposa comme l’une des plus belles relectures du personnage et l’un des meilleurs épisodes de la série, Daniel Craig a su imposer un style bien à lui : viril, sombre, sensible, plus brut de décoffrage mais surtout beaucoup plus axé sur la psychologie de James Bond.

Et Craig entend bien continuer de travailler son personnage. Visiblement plus « vieux » et portant un léger collier de barbe pour quelques scènes (ce qui constitue déjà en soit un changement presque hérétique pour les « fans »), ce James Bond sera donc plus mature et plus proche de l’idée que l’on se fait du héros. D’ailleurs ce SkyFall sera une histoire autonome de Casino Royale et de Quantum of Solace (qui se suivaient et qui avait pour lien l’organisation criminelle « Quantum », sorte d’ersatz du « SPECTRE »). Un peu comme si Daniel Craig faisait son propre Goldfinger.

Si un nouveau James Bond constitue toujours en soit un évènement, cet épisode risque bien de faire beaucoup parler. C’est d’abord le premier James Bond à être réalisé par un metteur en scène oscarisé : Sam Mendes à qui l’on doit American Beauty, Les Sentiers de la Perdition, Jarhead ou Les Noces Rebelles. Grande nouveauté et belle volonté d’améliorer qualitativement la série (en la prenant plus au sérieux) qui a permis la plus belle réunion de casting de l’histoire de la série. Daniel Craig donc, Judi Dench qui reprend son rôle de M, Javier Bardem en méchant, Ralph Fiennes, Naomie Harris en Bond Girl, Albert Finney, Ben Whishaw dans celui de Q, ainsi que la française et inconnue Bérénice Marlohe.

Ajoutons à cela que le directeur de la photographie est l’incroyablement talentueux Roger Deakins (neuf fois nominés et directeur attitré de Mendes et des frères Coen), que David Arnold ne rempilera pas (probablement au profit d’un autre collaborateur habituel et lui-aussi récompensé : Thomas Newman) et que le scénario est écrit par le duo habituel Neal Purvis/Robert Wade ainsi que par John Logan (L’Enfer du Dimanche, Gladiator, Le Dernier Samouraï, Aviator, Rango, Hugo Cabret et bien d’autres projets somptueux à venir). On devrait donc avoir un prochain épisode de très haut standing (peut-on même rêver de James Bond aux oscars ?), intelligemment écrit, mais qui ne délaissera pas les grands morceaux de bravoure (dont une séquence de train et une autre de poursuite en plein Londres).

 

6 – Gravity d’Alfonso Cuaron (28 novembre 2012)

L’intérêt du long-métrage suivant tient d’abord dans le nom de son réalisateur. Pour les deux ou trois cinéphiles encore à la traine, Alfonso Cuaron est le membre le plus éminent du « trio mexicain » qu’il compose depuis une quinzaine d’années avec Guillermo Del Toro et Inarritu. Réalisateur remarqué de Y tu mama tambien, il s’était fait un nom en réalisant le troisième opus de la saga Harry Potter, Le Prisonnier d’Azkaban, accessoirement l’unique film de la série à avoir été à la hauteur du livre qu’il adaptait. Mais son plus grand coup d’éclat fut son dernier film, Les Fils de l’Homme, chef d’œuvre d’anticipation injustement boudé lors de sa sortie qui n’était rien de moins que l’une des quatre ou cinq œuvres cinématographiques les plus importantes de la décennie précédente.

Sa dernière œuvre ayant été un échec au box office, il a mis plusieurs années à faire aboutir un projet de S.F. pour le moins ardu à financer à la base. Ecrit avec son fils Jonas Cuaron et Rodrigo Garcia, Gravity racontera en effet l’aventure d’une femme astronaute qui essaye de regagner la Terre après que l’équipage de sa navette ait été décimé par un accident. Désormais seule à bord, l’astronaute va tout tenter pour regagner les siens. On voit donc bien là le premier problème qui a refroidit les producteurs : Gravity ne peut se vendre que sur un nom d’actrice, qui doit évidemment être à la fois « bankable » et avoir suffisamment de charisme et de talent pour rester toute seule à l’écran pendant près de deux heures.

Un rôle difficile donc qui a vu passer le tout Hollywood. C’était d’abord Angelina Jolie qui devait incarner le personnage principal avant de jeter l’éponge. A eu lieu ensuite un immense casting en catastrophe afin de retrouver la perle rare qui allierait succès au box-office et une certaine carrière qui lui donnerait de l’assurance. Ont donc convoité le rôle Scarlett Johansson, Blake Lively ou encore Natalie Portman qui, surfant à cette époque sur la vague « oscar » de Black Swan, finit par décliner l’offre. Alors que le projet était sur le point de s’effondrer, l’actrice oscarisée Sandra Bullock, ayant retrouvée la grâce des producteurs avec ses deux gros succès commerciaux La Proposition et The Blind Side, arriva sur le film tel un « Deus ex machina ». En parallèle, l’un des rares seconds rôles masculin est attribué à George Clooney après que Robert Downey Jr. ait préféré se fourvoyer dans ses rôles d’Iron Man et de Sherlock Holmes.

Gravity constitue un des autres signes du retour en grâce de la S.F. sérieuse depuis le combo District 9 et Avatar. Le film de Cuaron prendrait néanmoins plus le chemin du 2001 : L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. Cuaron souhaite en effet filmer cette histoire avec le plus de réalisme possible, multipliant les plans séquences immersif dont il est friand (le plan d’ouverture ferait une vingtaine de minutes) et convertissant son long-métrage en 3D (que les réticents ne s’inquiètent pas trop, le film devant être à 60% numérique ce qui facilite la tache). Nul doute que l’on se dirige vers une expérience qui promet d’être hors du commun, d’autant plus que Del Toro et James Cameron, grands manitous des effets spéciaux, ont annoncé que l’équipe disposait d’appareil n’ayant rien de moins que cinq années d’avance sur le reste de la profession.

 

7 – Django Unchained de Quentin Tarantino (décembre 2012)

Le film suivant constituera rien de moins que l’un des points d’orgue de cette année 2012. Car c’est à Noël que devrait sortir le prochain Quentin Tarantino, metteur en scène dont chacun des films est précédé d’une attente importante. Celui-ci n’a aucune raison de déroger à la règle. D’abord parce qu’il succède à l’excellent Inglourious Basterds qui avait été le plus gros succès au box-office de Tarantino. Aussi parce qu’il y abordera pour la première fois un genre autour duquel il a souvent tourné sans jamais s’y plonger directement : le western.

Quoique ce Django Unchained pourrait être plus subtil que ça : Tarantino parle en effet de « southern » à son sujet. Le héros sera Django, un esclave noir dans le sud des Etats-Unis, qui a réussi à se libérer et qui est aidé par un chasseur de prime allemand qui va lui apprendre son métier. Une fois qu’il le sera devenu, Django partira avec son mentor libérer sa femme, toujours soumise à un terrible propriétaire et à ses acolytes cruels. Le scénario, déjà en ligne sur le net, serait à la fois très ample et riche en personnages secondaires marquants.

Comme toujours, Tarantino a réussi à réunir un casting cinq étoiles devant sa caméra. Après un casting très médiatique, c’est Jamie Foxx (Collateral, Ray) qui écope du rôle principal tandis que Christoph Waltz (le terrible Hans Landa dans Inglourious Basterds) jouera le chasseur de prime allemand. Leonardo DiCaprio continuera de casser son image de gentil garçon en interprétant le méchant propriétaire, Kurt Russell remplace au pied levé un Kevin Costner trop occupé par Man of Steel de Zack Snyder dans le rôle de l’homme de main sadique, et Samuel L. Jackson revient de nouveau dans un film de Tarantino.

Le tournage ne devrait plus tarder à débuter (peut être a-t-il même déjà commencé) et devrait réunir l’équipe habituelle de Tarantino, à l’exception de sa monteuse Sally Menke décédée l’année dernière. On raconte aussi que son scénario est l’un des plus matures qu’il ait écrit et pallierait enfin à cette vacuité référentielle qu’on lui reprochait. On ignore encore si Tarantino utilisera des morceaux de musique d’Ennio Morricone pour composer sa bande originale.

 

8 – The Master de Paul Thomas Anderson (décembre 2012)

Paul Thomas Anderson est très clairement l’une des figures de proue de la nouvelle génération de cinéastes américains qui a émergé à partie des années 90. Son parcours est pour le moment assez exemplaire. Après le très grand Boogie Night, œuvre influencée par Scorsese retraçant le parcours d’une petite équipe spécialisée dans le porno à la toute fin des années 70, Anderson avait réalisé le magnifique Magnolia puis le surprenant Punch-Drunk Love. Son dernier film There Will Be Blood avait fait, à juste titre, sensation en 2008 avec nominations aux oscars et dithyrambes de la part des critiques à la clé (accompagné en plus d’une interprétation en tout point monstrueuse de Daniel Day Lewis).

Pas vraiment commercial, Anderson a eu quelques difficultés à monter son  nouveau long-métrage qui a un sujet pour le moins sensible. The Master suivra le parcours d’un homme charismatique, qui va devenir le gourou d’une secte à partir des années 50, et de son acolyte. Le premier sera joué par Philip Seymour Hoffman (jouant déjà dans les quatre premiers films d’Anderson) tandis que le second sera incarné par Joaquin Phoenix, remplaçant Jeremy Renner, et dont ce sera le grand retour au cinéma depuis Two Lovers (il avait fait croire qu’il arrêtait de tourner pour les besoins du docu-menteur I’m Still Here). Ils seront entre autres entourés d’Amy Adams, de Laura Dern et de Rami Malek.

On comprend aisément pourquoi The Master a été si difficile à réaliser : le film risque bien d’être une chronique indirecte de la création de l’Eglise de la Scientologie (qui a mis son grain de sel pour stopper la production du projet). Le film s’est vu néanmoins débloqué par l’aide de la riche héritière Megan Ellison. The Master s’inscrit parfaitement dans cette fascination d’Anderson pour les figures charismatiques, presque déifiée (Lewis dans There Will Be Blood, Cruise dans Magnolia, Reynolds dans Boogie Nights), les groupes fermés (l’église de Paul Dano dans There Will Be Blood et l’équipe de tournage ressemblant à un monde miniature dans Boogie Nights), et la question d’un destin incontrôlable (Adam Sandler voyant sa vie lui échapper dans Punch-Drunk Love, Magnolia qui montre l’immiscions du passé dans le présent entrainant une perte de contrôle des personnages).

Comme le Tarantino et le film de Spielberg dont je vais parler, The Master risque d’être l’un des gros évènements de la fin de 2012 et va être sans aucun doute l’un des gros morceaux pour la compétition aux oscars de l’année prochaine. Celle-ci risque bien d’être assez épique si les long-métrages atteignent ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’ils promettent.

 

9 – Lincoln de Steven Spielberg (décembre 2012)

Steven Spielberg a cessé ses vacances prolongées. Habitué à des pauses de quelques années, lui permettant ensuite souvent de sortir trois ou quatre films à quelques mois d’intervalle, Spielberg n’avait signé qu’Indiana Jones et le Royaume du Crane de Cristal depuis son Munich au tout début de 2006. Il est tout récemment revenu en grâce il y a deux mois avec son vieux rêve, longtemps attendu par la communauté cinéphile et les lecteurs de bande dessinées, Tintin et Le Secret de la Licorne et reviendra dans très peu de temps avec Cheval de guerre. Mais ce n’est pas ce dernier qui fera vraiment l’évènement en 2012, mais plutôt son film suivant : Lincoln.

Celui-ci est l’une des nombreuses arlésiennes que traine Spielberg depuis plus d’une dizaine d’années. Le plus célèbre et aimé des présidents américains, figure passionnante aux parcours à la fois complexe et impressionnant, avait déjà eu l’honneur de quelques films, dont deux de John Ford et un beaucoup plus récent de Robert Redford (bien que ce dernier s’intéressait surtout à ce qui s’était passé après son assassinat). Cette année 2012 verra aussi Abraham Lincoln : Vampire Hunter, un film fantastique imaginant le président en chasseur de vampire ; probablement une future grosse gaudriole embarrassante produite par un Tim Burton ringard et dirigé par le réalisateur de l’inepte Wanted.

La version de Spielberg est nettement plus sérieuse et marque un retour à un cinéma plus adulte après son intermède Indiana Jones 4/Tintin/Cheval de guerre. Adapté du livre « Team of Rivals » de Doris Kearns Goodwin par le scénariste Tony Kushner (Munich) et sur lequel avait travaillé auparavant John Logan, Lincoln s’intéressera aux deux derniers mois de la vie du président (se concentrant donc plus sur la fin de la Guerre de Sécession et sa réélection, et sera ainsi dénué de séquence de bataille).

A l’origine, et pendant de nombreuses années, c’est Liam Neeson qui devait jouer Abraham Lincoln. Il devait un peu y faire son grand retour, puisqu’abonné assez régulièrement à des productions indignes de son talent. Manque de pot, il finit par abandonner le rôle, se trouvant trop vieux après que la production ait beaucoup trop tardée. Il est donc remplacé par un acteur qui, s’il ne nous fera pas oublier un Neeson fait pour ce rôle, ne nous fera pas non plus perdre au change : le très rare et exigeant Daniel Day Lewis. Inutile de dire que les rares premières photos et les rumeurs de son implication toujours aussi « extrême » laissent présager une interprétation pour le moins ébouriffante.

 Il sera entouré de l’un des plus beaux castings masculins que Spielberg ait réuni (avec Munich). Outre Sally Field qui incarnera sa femme, Lewis sera rejoint par Joseph Gordon-Levitt (qui est aussi dans Inglourious Basterds), Tommy Lee Jones, Hal Holbrook, James Spader, John Hawkes, Jackie Earle Haley et David Strathairn. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, Spielberg sera accompagné de ses collaborateurs habituels : John Williams à la musique, Janusz Kaminski à la photographie ou encore Michael Kahn au montage. Nul doute qu’avec un sujet aussi fort, une équipe aussi talentueuse et une sortie en décembre, Spielberg livrera l’un des très sérieux concurrents pour le meilleur film l’année prochaine.

 

10 – Kill Bin Laden de Kathryn Bigelow (décembre 2012)

Le dernier projet évènement de 2012 sera évidemment le nouveau film de Kathryn Bigelow. Plus grande réalisatrice de tous les temps, elle est aussi la première femme à avoir reçu l’oscar du meilleur réalisateur pour son très intéressant Démineurs. Elle a mise en scène quelques uns des plus grands films d’action de ces vingt dernières années parmi lesquels on compte Point Break, Strange Days ou K-19.

Son nouveau film est prévu comme étant un « petit » budget, comme l’avait été Démineurs, et est basé sur un scénario de Mark Boal qui avait écrit son précédent film. Celui-ci s’intéressera cette fois à une autre unité militaire : les « Black Ops ». A la base, le film devait s’intéresser à une mission visant à tuer le célèbre terroriste Ben Laden mais qui échouerai à la fin. Manque de chance, la nuit où cette précision du synopsis est faite, le leader charismatique du réseau Al Qaida est réellement abattu.

A l’origine, le rôle principal avait été proposé à l’overbooké Michael Fassbender puis à l’australien Joel Edgerton (Animal Kingdom, Warrior) qui a du ensuite le refuser. Mais si le premier rôle n’est toujours pas attribué, il n’en va pas de même pour les personnages secondaires. Certains d’entre eux devrait être incarnés par des acteurs talentueux comme Tom Hardy, Guy Pearce, Idris Elba, Mark Strong ou encore Jessica Chastain.

Le film a ainsi été mis quelques peu en péril par la réalité, qui avait pour le coup dépassé la fiction. Le scénario a ainsi été remodelé pour faire apparaitre à la fin ce fameux et mystérieux assaut qui a abouti à la mort de Ben Laden. Et donc d’un film sur une défaite, Kill Bin Laden est devenu un long-métrage racontant une victoire galvanisante qui « conclue » en partie une guerre contre Al Qaida déclarée une décennie auparavant. Quoi qu’il en soit, le long-métrage risque de faire parler de lui à sa sortie (d’autant plus qu’il sortira un peu après les élections américaines). Mais cela risque aussi d’être un film captivant de part la maîtrise dont a toujours fait preuve Bigelow.

 

Bonus : Only God Forgives de Nicolas Winding Refn (date inconnue) et John Carter d’Andrew Stanton (mars 2012)

Et un petit mot sur deux projets qui auraient pu se retrouver dans mon classement. D’abord le Only God Forgives de Nicolas W. Refn qui racontera la confrontation entre un policier et un gangster sur le ring lors d’un tournoi de boxe thaï à Bangkok. Un projet mystérieux mais alléchant qui mêlerait thriller, « western » et film de boxe. On y retrouverait au casting Ryan Gosling, et Kristin Scott Thomas. Tous ceux qui ont vu Drive, mais aussi Bronson, savent pourquoi ce film sera immanquable.

L’autre projet rate de peu le classement car ses promesses immenses ne se retrouvent pas vraiment dans ses bandes annonces (il faut dire que la campagne marketing aura grandement contribué à son flop très probable au box-office). Il s’agit de John Carter, adaptation de la série de romans cultes de S.F. « John Carter from Mars » d’Edgar Rice Burroughs. Première production « live » de Pixar, coproduite avec le studio Disney, elle marque aussi la première réalisation « live » d’Andrew Stanton (qui a écrit et réalisé quelques Pixar majeurs comme Le Monde de Nemo, Wall-e et les scénarios de Mille et une pattes, Toy Story 1 et 2). Au casting on retrouve notamment Taylor Kitsch, Mark Strong et Willem Dafoe. Si les images ne sont pas rassurantes, le talent immense de Stanton peut néanmoins faire présager un spectacle de S.F. à la fois ambitieux et étourdissant (Brad Bird ayant passé avec succès son baptême « live »). La question est maintenant : souffrira-t-il de la concurrence de gros morceaux comme Avatar et Star Wars qui pillaient déjà en grande partie l’œuvre originale ?

 

Alors plus que jamais : en 2012, allez au cinéma !

 

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