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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 18:30

                                                    

 - Film franco-canadien sorti le 30 juin 2010

 - Réalisé par Vincenzo Natali

 - Avec Sarah Polley, Adrian Brody, Delphine Chaneac,…

 - Science Fiction

            Clive et Elsa sont des superstars de la science : ils ont réussi à combiner l'ADN de différentes espèces animales pour obtenir de fantastiques hybrides. Ils sont amoureux l'un de l'autre autant que de leur travail et veulent à présent passer à l'étape suivante : fusionner de l'ADN animal et de l'ADN humain. Lorsque le laboratoire pharmaceutique qui les finance refuse de les soutenir, Clive et Elsa décident de poursuivre leurs expériences en secret. Ils créent Dren, une créature étonnante dont la croissance rapide la fait devenir adulte en quelques mois. Alors ils redoublent d'efforts pour préserver leur secret, leur intérêt scientifique pour Dren se mue peu à peu en attachement. Dren finira par dépasser les rêves les plus fous du couple... et leurs pires cauchemars...

Sarah Polley et Adrien Brody. Gaumont DistributionGaumont Distribution

            Que donnerai une adaptation modernisée de  l'histoire de Frankenstein par David Cronenberg ? Le Splice de Natali peut en donner une bonne idée. Mais ici il ne s'agit pas tant ici de pure (re)création d'un être humain mais de clonage et du danger du mélange des espèces, la fabrication d'hybrides. Et Splice est avant tout une déclaration d'amour des monstres de la part du réalisateur de Cube mais aussi de son producteur exécutif Guillermo del Toro.

            En premier lieu, Natali a choisi de privilégier l'aspect « huis clos » et intimiste (très peu de personnages) ce qui lui permet de se distinguer des productions de genre. Ce choix n'est pas sans rappeler celui qu'avait fait Cronenberg pour son célèbre film de monstre, La Mouche, qui se passait quasiment dans la même pièce avec presque exclusivement trois personnages. Cependant on distingue bien deux actes dans ce film. La première heure se déroule presque entièrement dans le laboratoire où est crée Dren. C'est celle qui est la plus réussie et la plus réaliste. C'est elle aussi qui soulève le plus de questions et problématiques éthiques intéressantes par rapport à l'expérience des deux scientifiques. Le second acte se passe essentiellement dans la grange d'une ferme où le couple de scientifiques a décidé de cacher et d'élever Dren. Et là où le premier acte privilégiait l'aspect « science-fiction réaliste », le second dérive, de manière parfois pas très convaincante, vers le drame intimiste.

            Comme La Mouche, Splice se base avant tout sur l'interprétation du trio principal. Celui qui s'en tire le mieux est Adrien Brody car il est un peu le personnage auquel le spectateur, et le réalisateur parait-il, peut le mieux s'identifier (du moins jusqu'à un certain point du long métrage). C'est lui qui est constamment réticent face aux dérives de l'expérience mais qui éprouve aussi une fascination malsaine envers la créature difforme. Sarah Polley possède un rôle nettement plus difficile car plus directement liée à la créature : psychologiquement car elle lui fait office de « mère » et physiquement car c'est elle-même qui a donné l'ADN humain pour la création du monstre. Si l'écriture de son personnage dans sa relation avec Clive est plutôt correcte, elle est un peu plus réussie dans son rapport maternel avec Dren. Elle est par exemple impressionnante dans les rapports violents qu'elle va peu à peu entretenir avec sa « fille », allant jusqu'à mutiler cette dernière dans un moment de vengeance afin de « déshumaniser » le monstre. Delphine Chaneac hérite du rôle-pilier de ce trio, celui de Dren. Rôle ultra-complexe, autant émotionnellement que physiquement puisqu'elle est obligée d'adopter une démarche, une attitude non-humaine sans pour autant rendre son interprétation involontairement comique. A sa décharge disons que c'est presque souvent réussi, et qu'elle est bien aidée par de brillants effets spéciaux, et que ce n'est qu'à de rares moments que le spectateur peu tiquer face à son jeu.

            Cependant le film n'arrive au final à se montrer qu'à moitié convaincant. C'est dans sa partie « thriller dérangeant », celle qui est la plus influencée par la filmographie de Cronenberg, que le film est le plus réussi. L'oppression de ce laboratoire étroit et sombre, la fascination mêlée de dégout pour le spécimen, la peur de l'inconnu rendent la première partie de Splice assez réussie. On y retrouve aussi la même fascination ambiguë, et souvent sexuelle, de la chair, de ses mutilations et malformations. On peut par exemple penser à Vidéodrome ou à Crash, et Natali utilise cette connotation sexuelle dans la caractérisation même des hybrides : les deux premiers, Fred et Ginger, ressemblant clairement à des phallus. Dans cette même première partie on peut aussi noter une scène qui fait un léger clin d'oeil au Aliens de James Cameron lorsqu'Elsa se retrouve dans un sas avec la créature, dont on ignore alors si elle est dangereuse, et séparée de son fiancé par une vitre indestructible. C'est du second acte, glissant vers le drame quasiment freudien, que certaines scènes peuvent paraitre un peu plus ridicules ou ennuyeuses. Le film maintient pendant un temps une ambiance encore dérangeante en se focalisant sur l'attirance sexuelle entre Clive et sa « fille ». Natali prend des risque en faisant des séquences qui pourraient sombrer dans le ridicule, comme celle où Dren observe ses « parents » en train de faire l'amour, celle où Clive apprend à Dren à danser ou encore celle où ces deux derniers couchent ensemble (l'influence de Crash se ressent surtout ici), mais arrive à y échapper. Le film dérive alors vers une représentation métaphorique du mythe d'Oedipe, avant d'en devenir carrément une représentation concrète après un retournement de situation malvenu qui fait plonger le dernier quart d'heure dans la surenchère et le risible ; ce que Natali avait auparavant réussi à éviter en y ajoutant de temps à autre une légère touche de second degré.

            Natali livre donc un exercice de style osé, qui bénéficie d'effets spéciaux réussi rendant assez crédible le personnage de Dren, mais qui ne tient pas complètement la route, surtout dans le dernier quart d'heure où Splice devient malheureusement involontairement drôle.

* * * * *                                                                                                     

Sarah Polley et Adrien Brody. Gaumont DistributionAdrien Brody et Delphine Chaneac. Gaumont Distribution

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