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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 12:38

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Titre original : The Expendables 2

Film américain sorti le 22 août 2012

Réalisé par Simon West

Avec Sylvester Stallone, Jason Statham, Jean-Claude Van Damme

Action, Aventure

Les Expendables sont de retour, et cette fois, la mission les touche de très près... Lorsque Mr. Church engage Barney Ross, Lee Christmas, Yin Yang, Gunnar Jensen, Toll Road et Hale Caesar – et deux nouveaux, Billy The Kid et Maggie – l’opération semble facile. Mais quand l’un d’entre eux est tué, les Expendables jurent de le venger. Bien qu’en territoire hostile et donnés perdants, ils vont semer le chaos chez leurs adversaires, et se retrouver à tenter de déjouer une menace inattendue – cinq tonnes de plutonium capables de modifier l’équilibre des forces mondiales. Cette guerre-là n’est pourtant rien comparée à ce qu’ils vont faire subir à l’homme qui a sauvagement assassiné leur frère d’armes…

      

Il y a pile deux ans, de vieux papys que l’on croyait « has-been » refirent soudainement surface au cinéma dans un film d’action à gros budget conçu, produit et réalisé pour eux et par l’un d’entre eux. Une troupe de gueules cabossées que l’on imaginait bonnes pour l’hospice et qui fit brutalement trembler le box-office, faisant crouler par la même occasion certains projets filmiques élaborés par de jeunes « blancs-becs » (notamment Scott Pilgrim qui, même s’il fut avant tout mal vendu, pâtit sévèrement de cette concurrence inattendue). Sous un titre loin d’être anodin, Expendables signifiant « ceux que l’on peut sacrifier », « les dispensables » voire « les jetables », tout les « action heroes » des années 80-90 revenaient pour un ultime baroud d’honneur. Ils y apparaissaient tous : Dolph Lundgren, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Jet Li,… ainsi que Sylvester Stallone, initiateur de ce projet insensé et suicidaire à 80 millions de dollars.

Un film teinté d’une légère nostalgie envers cette période désormais révolue que la plupart des spectateurs avait relégué tout au fond de leurs souvenirs. Méprisés et critiqués par la presse pendant leur époque de gloire, ces « expendables » offraient à tous ceux qui les avaient aimés et qui avaient grandis avec eux un dernier cadeau en hommage au bon vieux temps. Mais à la surprise générale, ce qui ne devait être qu’un hommage aux séries B se transforma en gros succès estival. Par la même occasion, Expendables redora définitivement le blason de Stallone après son double retour en grâce avec Rocky Balboa et John Rambo où il concluait brillamment l’aventure de ses deux personnages-icones.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/34/03/20151134.jpgPas si expendables

Du statut de « has been irrécupérable », Stallone repassa à celui d’« acteur-producteur tout puissant sur la côte Ouest ». C’est ainsi que fut mis en branle Expendables 2. Car dans l’actuel Hollywood, un succès au box office ne peut rester unique. Il faut adjoindre un « petit frère » à ce miraculé. Une suite était donc inévitable pour Expendables, d’autant plus qu’il ne s’appuyait sur aucune franchise initiale qui aurait pu restreindre le nombre d’histoires à raconter. Le choix d’une suite est préjudiciable à plus d’un titre. D’abord parce que Stallone a apparemment choisi de se restreindre à nouveau. Après avoir réglé les démons de son passé (les super-rôles carnassiers de Rambo et de Rocky), il avait justement gagné la liberté de lancer des projets plus personnels qui le démarqueraient de ce qu’il avait fait auparavant (on peut penser entre autres à ce vieux projet d’un film sur Edgar Allan Poe). Pourtant Stallone choisit la sécurité en s’enfermant dans une nouvelle franchise à succès qui pourrait, à long terme, réduire à néant l’apport que son « come back » pouvait lui avoir procuré en termes de ravalement d’image.

L’autre revers de la médaille tient plus dans l’efficacité de son concept. Aussi imparfait dans sa conception était-il (scènes d’action brouillonnes, scénario rachitique bourré de raccourcis et de ficelles narratives grossières), Expendables dégageait une certaine honnêteté. Le film était une immense et sincère mise en abime. Des deux côtés de la caméra, il s’agissait du dernier tour de piste pour de vieux soldats rouillés. Une ultime tournée avant la fermeture du bar. Faire de cette histoire une franchise revient à annihiler le caractère unique et nostalgique du premier film. Expendables n’est plus le dernier tour de piste. Ce n’est que le début d’un nouveau spectacle qui cédera à son tour à l’hypertrophie du budget et du casting pour faire toujours plus gros et toujours plus fort à chaque nouvel épisode.

Là où la mélancolie prévalait dans Expendables, sa suite se voit surtout conduite par l’ambition formelle et pyrotechnique. Logiquement donc, il y a une (parait-il) légère augmentation du budget et un alourdissement du casting. Paradoxalement, les multiples personnages de l’intrigue sont mieux gérés que dans le précédent opus. A un ou deux personnages-fonctions près (Randy Couture et Terry Crews), le reste de l’équipe principale possède suffisamment de temps de présence pour développer son propre style et sa personnalité (y compris Jet Li qui, pour des raisons d’agenda, n’apparait que dans le long pré-générique d’Expendables 2).

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/34/03/20151136.jpgSang neuf

Si la plupart des anciens personnages n’ont pas besoin d’être réintroduits, les nouveau venus sont présentés assez efficacement et ne sont pas si en retrait par rapport à leurs monstrueusement célèbres et charismatiques coéquipiers (Jason Statham, trop présent dans le premier épisode, s’éclipse un peu pour laisser la place aux nouveaux). Il y a d’abord Billy the Kid, surnom très à la mode avec le personnage d’Adam dans le Magic Mike de Steven Soderbergh, interprété par le jeune Liam Hemsworth. Son rapport avec le personnage incarné par Stallone, Barney Ross, est assez évident puisqu’il s’agit bien sûr d’une relation maître/disciple. Une relation assez touchante esquissée pendant une émouvante séquence de dialogue se déroulant sur le parking d’un bar. De façon assez prévisible, ce jeune sniper prodige rechigne à suivre les mêmes traces qui ont conduit Stallone à la solitude. Et c’est de façon encore plus prévisible qu’il décède à la fin du premier acte, donnant ainsi à la mission de Ross, effectuée au départ sous la contrainte, un doux parfum de vengeance barbare.

La jeunesse est néanmoins très vite remplacée par le seul élément féminin de tout le long-métrage : Maggie Chang incarnée par l’actrice Yu Nan. Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, elle ne sert pas trop de faire-valoir pendant la majorité du long métrage et participe activement aux discussions et aux fusillades ; à l’exception de l’assaut final où la réunion de célébrités a vraiment tendance à éclipser ceux qui étaient pourtant les personnages principaux tout le long d’Expendables 2. La relation que Maggie Chang entretient avec Ross aurait pu être intéressante à approfondir (ce dernier souffrant de l’absence d’une femme dans sa vie, étant plus vieux qu’elle et refusant de trop s’attacher à ceux qu’il aime après la perte du jeune Billy) mais elle est finalement maladroitement expédiée pendant les dernières minutes du long métrage.

De tous les nouveaux arrivants, le célébrissime Jean-Claude Van Damme reste le plus marquant. Déjà parce qu’il incarne le rôle du méchant terroriste Jean Vilain (ça ne s’invente pas) que doivent affronter les Expendables. Aussi parce qu’à la différence de l’équipe des gentils il ne souffre pas trop de la concurrence dans sa propre armée. Bien que Scott Adkins joue son bras armé, Van Damme reste le seul à assurer le show du côté des « bad guys ». Une position privilégiée qui lui sied bien tant il fait preuve d’un humour et d’une cruauté outrancière absolument jubilatoire. Il compose une figure détestable bien plus marquante qu’Eric Roberts dans ce premier épisode auquel il manquait sérieusement un méchant de prestige pour que l’hommage aux « actioners eighties » soit véritablement complet.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/34/03/20159258.jpgUn plan sans accroc

D’un point de vue plus esthétique et narratif, Expendables 2 parait mieux équilibré que le précédent opus. Les baisses de rythmes sont moins fréquentes et la tenue du récit est clairement plus classique mais néanmoins beaucoup plus assurée. La présence de Jean-Claude Van Damme n’est pas étrangère à cela puisqu’elle permet l’arrivée d’un élément non négligeable. En effet, il manquait au premier épisode un véritable antagoniste, une menace angoissante qui puisse mettre en péril cette troupe de gros bras. Dans Expendables, Eric Roberts n’avait que peu de présence à l’écran et n’incarnait ni un danger physique, ni ue péril symbolique. Le personnage de Van Damme est à la fois dangereux, fou et imprévisible. Il possède certes une petite armée personnelle mais n’hésite pas, quand cela est nécessaire, à se salir les mains.

Mais on ne va pas voir Expendables 2 pour son histoire. Quid de la forme donc ? On se souvient que les séquences d’action réalisées par Stallone n’avaient pas particulièrement plu, d’autant plus qu’elles étaient filmées en gros plans, parfois en accéléré, et étaient hachées au montage. Dans le deuxième épisode, les séquences sont clairement plus posées au niveau de la mise en scène. Plus lisibles et agréables à l’œil, les scènes de fusillades et de combats à mains nues ne sont toutefois toujours pas iconisées comme il le devrait. Quoi de plus surprenant de la part du fade Simon West, réalisateur des pas très intéressants Tomb Raider et Les Ailes de l’Enfer ? Toujours filmées en plans américains, sans réelle inventivité du cadre et agrémentées de CGI parfois très douteux, ces scènes pourtant cruciales préfèrent être purement divertissantes et très vite oubliées plutôt que franchement mémorables.

Au mieux pourra-t-on se souvenir durablement de la très impressionnante ouverture d’un quart d’heure, sorte de prégénérique « bondien » timbré où les Expendables éradiquent à tout va une armée entière en employant tous les véhicules et armes imaginables. On retiendra aussi, pour d’autre raisons, l’assaut final dans l’aéroport. Mais cette raison est aussi la limite et la qualité du film. Car c’est au cours des vingt dernières minutes qu’a enfin vraiment lieu ce que l’on attend du film et ce sur quoi il est vendu. Ce dernier acte correspond en fait à la réunion de toutes les célébrités que les producteurs sont parvenus à réunir à grand coups de chèques aux sommes astronomiques.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/92/56/20137460.jpgLast Action Heroes

Le bon côté de ce procédé est qu’il perpétue le côté bon enfant et nostalgique d’un projet tel que Expendables. Le mauvais côté est que cela sort clairement le spectateur du long métrage puisque celui-ci perd complètement tout premier degré. A la fin, ce n’est plus Barney Ross qui mène l’assaut déterminant mais bien Stallone. Ce sont bien Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis et l'hilarant Chuck Norris qui fusillent à tout va dans un aéroport à coup de « I am back ! » (Terminator 2), « Yippee Kayee ! » (Die Hard) et de « Chuck Norris facts ». Sombrant dans l’autoréférence racoleuse et plus forcément très amusante, le film de West révèle au grand jour toute son artificialité et son intention purement pécuniaire.

La nostalgie et l’honnête du projet se retrouvent soudain sacrifiées sur l’autel de l’apparat pompeux, bien que l’ensemble soit encore une fois assez divertissant (mais dans un sens plus « comestible » qu’anthologique). On peut alors se demander si la démarche même du projet n’est pas dépassée. En effet, il existe depuis longtemps des pastiches de ces films d’action des années 80 qui soulignaient déjà leur quintessence mais aussi leurs limites. Il est vrai que passer vingt ans après des œuvres telles Commando de Mark L. Lester et surtout l’excellent Last Action Hero de John McTiernan amène Expendables 2 à être un peu obsolète. Le troisième épisode déjà prévu va continuer à poursuivre dans cette veine du « bigger and louder » puisque les producteurs commencent déjà à sortir le carnet de chèques pour essayer de réunir tout un tas de noms vendeurs comme Nicolas Cage, Steven Seagal, Jacky Chan ou encore le très improbable Clint Eastwood. Expendables n’est plus qu’une façade aguicheuse où viennent se retrouver quelques stars sur le déclin qui espèrent revigorer un court instant leurs carrières.

Encore une fois, il est bien triste que Stallone s’enferme à nouveau dans une « mythologie » dont toute la symbolique et la puissance émotionnelle a été dévoyée car exploitée jusqu’à l’os. Au moins pourra-t-on se rassurer en se disant que Stallone jouera prochainement dans Du Plomb dans la tête de Walter Hill et que Schwarzenegger aura enfin son vrai « come back » en tant que premier rôle dans le très attendu et prometteur Le Dernier Rempart de Kim Jee-woon (A Bittersweet Life, J’ai rencontré le diable). Les deux stars seront à nouveau face-à-face, et cette fois dignement puisqu’ils auront le même temps de présence, dans The Tomb de Mikael Hafstrom.

NOTE :  6,5 / 10

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/34/03/20086581.jpg

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