Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 juin 2011 7 26 /06 /juin /2011 00:27

                                                

 - Titre original : Insidious

 - Film américain sorti le 15 juin 2011

 - Réalisé par James Wan

 - Avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Ty Simpkins,…

  - Epouvante - Horreur 

              Josh, son épouse et leurs trios enfants vivent depuis peu dans leur nouvelle maison lorsque l'aîné tombe dans un coma inexpliqué. Etrangement, une succession de phénomènes paranormaux débute peu après. Un médium leur révèle alors que l'âme de leur fils se trouve quelque part entre la vie et la mort, dans la dimension astrale, et que les manifestations sont l'oeuvre de forces maléfiques voulant s'emparer de son enveloppe corporelle. Pour le sauver, Josh va devoir lui aussi quitter son corps et s'aventurer dans l'au-delà...

Patrick Wilson & Rose Byrne. Wild Bunch DistributionWild Bunch Distribution

            Au cours de la décennie précédente, le genre horrifique a connu deux séismes sans précédents. Le premier n'est pas directement lié au dernier film de James Wan. Il s'agit de Projet Blair Witch qui initiait la mode du film concept et du documenteur qui fut suivi de quelques longs-métrages plus ou moins aboutis : [Rec] étant le plus haut et le plus efficace des représentants et Paranormal Activity étant la preuve des très nombreuses limites de ce style. L'autre grand choc fut Saw qui était le premier film de James Wan et qui amena la suprématie dans les années suivantes du « torture porn » (films à la violence extrême, explicite, complaisante, voyeuriste...). Saw entraina une suite incalculable d'ersatz directs ou indirects, tous très souvent médiocres.  

            Insidious s'inscrit dans la démarche inverse ; démarche que Wan avait en parti et inconsciemment initié. Ce n'est pas un film concept. Ce n'est pas un film « caméra porté » où l'appareil joue d'une certaine manière un « personnage ». Et ce n'est pas un « torture porn ». Dans Insidious, rien n'est vraiment montré mais tout est brillamment suggéré. Wan revient à une tradition horrifique très seventies et eighties où le gore ne prenait pas le pas pour choquer les gens mais où le suspense et l'ambiance permettaient aux spectateurs de vivre viscéralement le cauchemar des personnages du film. Indirectement, Insidious est le remake d'une de ses fameuses productions de l'époque : le Poltergeist de Tobe Hooper où l'influence de son producteur et scénariste Steven Spielberg était très présente. Le film montre d'abord une belle famille typiquement étasunienne qui vient d'emménager dans une de ces milliers de maisons identiques, symboles de l'« American way of life ». L'unité de celle-ci va être mise à l'épreuve par l'arrivée inattendue d'un fantastique inquiétant et inexplicable.  

            Là où Insidious diverge avec Poltergeist, c'est que dans ce premier les esprits tourmentaient les mortels dans un but positif : celui de retrouver la paix (la « touche Spielberg »). Ce n'est pas le cas dans le film de James Wan. Ces fantômes qui errent dans le « Lointain » cherchent à assouvir un dessein plus noir et pervers : s'approprier les corps afin de vivre insidieusement dans ces enveloppes charnelles et bénéficier d'un surplus de temps. La mise en scène et la photographie prennent par conséquent une tonalité beaucoup plus sombre et réaliste. La première heure du film est réellement l'une des plus angoissantes de ces dernières années. Certains « jump scares », tombant au moment très opportun après une montée très maîtrisée du suspense, sont même vraiment terrifiants (dont une apparition absolument effrayante dans la chambre d'un bébé par le biais d'un plan séquence très approprié).   

            Le film se veut une modernisation de ce genre très codifié mettant en scène une maison hantée. La nouveauté ici est que ce n'est en fait pas la bâtisse qui l'est, mais le fils plongé dans un sommeil sans réveil qui sert d'intermédiaire aux esprits. Mais en soi, le film n'est pas une révolution. Il passe par tous les passages obligés mais il fait partie des rares récents films d'horreur à bien avoir su les employer. Tout arrive au bon moment (porte qui grince, alarme qui s'enclenche, lampe qui s'éteint, bruit dans le grenier...). Le tout devient très vite anxiogène, Wan refusant de relâcher la pression pendant plus d'une heure. Insidious ne cache pas ses influences : de Poltergeist donc, au Shining de Kubrick, avec un petit côté Exorciste de Friedkin. L'être démoniaque qui cherche à s'emparer du corps du jeune enfant est d'ailleurs un mix entre Dark Maul de Star Wars - La Menace Fantôme de George Lucas (la peau rouge et noir), Diablo dans X - Men 2 de Bryan Singer (les yeux et la queue fourchue) et de Freddie Krueger dans Les Griffes de la Nuit de Wes Craven (les lames faisant office de doigts).  

            Malheureusement Wan n'a pas réussi à maintenir ce rythme diabolique sur toute la durée d'Insidious. La seconde moitié du film, tout comme le Poltergeist de Hooper, voit l'arrivée de quelques exorcistes et chasseurs de fantômes. L'ambiance lorgne alors plus vers l'humour, qui détend (très légèrement) une atmosphère particulièrement lourde. Les deux chasseurs de fantômes semblent d'ailleurs tout droit tirés du Ghostbusters de Reitman. Insidious a même tendance à virer au grand guignol vers la fin. Car Wan commet une erreur qui plombe sérieusement son quatrième long-métrage : là où Poltergeist ne montrait jamais cet « au-delà » dans lequel l'enfant se retrouvait piégé, laissant le spectateur l'imaginer, Wan le montre de manière explicite. Cette incursion, à la fois beaucoup trop sobre (limitée par le budget minuscule attribué à Wan) mais aussi très « grotesque », constitue un virage trop violent qui « déréalise » l'intrigue, amenant le long-métrage à être beaucoup moins intense et à abuser de «  jump scares » moins efficaces et inattendus. Sans parler des cinq dernières minutes très faciles ponctuées par un retournement assez téléphoné.  

            Néanmoins, le film de Wan est encourageant à plusieurs niveaux. D'abord parce qu'il sait être angoissant par sa simple mise en scène et en refusant l'explicite. Mais aussi parce qu'il sait alterner les genres et arrive surtout à greffer un drame au sein de ce film fantastique (ce fantastique étant justement cette épreuve que les personnages doivent affronter pour pouvoir amener un retour à la normalité). Les acteurs sont donc assez justes dans ce film et ne se contente pas d'être des potiches « top models » chargés de se faire zigouiller les uns à la suite des autres dans un quelconque « slasher ». Si les seconds rôles, y compris les enfants, sont plutôt justes et même travaillés, c'est le rôle de la mère, parfaitement interprétée par l'excellente actrice Rose Byrne (actuellement à l'affiche dans le dernier X - Men mis en scène par Matthew Vaughn). Elle est parfaite en femme martyrisée par les esprits qui souffre en voyant son fils plongé dans un sommeil infini (métaphore du deuil qui destabilisera son couple et dont elle devra passer au-delà pour être plus forte). 

            Insidious est donc une de ses bonnes surprises qui permet de garder espoir dans le domaine du film d'horreur qui était parfois tombé bien bas entre les mains d'incompétents ces dernières années. Mais ce retour nostalgique, que laissait déjà augurer le Jusqu'en enfer de Sam Raimi, se révèle salvateur surtout lorsque de « jeunes » réalisateurs souhaitent rendre hommage à ce qu'ont apporté les « anciens » qui les ont inspiré tout en y greffant quelque chose de nouveau et de plus personnel. Si le film n'est pas exempt de défauts, surtout dans sa dernière demi-heure assez fragile, il demeure néanmoins un véritable « train fantôme », parfois grand guignol, mais furieusement divertissement et délicieusement effrayant. Une bien belle montée d'adrénaline pour un long-métrage honnête et très prometteur pour la suite de la carrière de Wan.   

NOTE à 7 / 10

Patrick Wilson. Wild Bunch DistributionWild Bunch Distribution

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : L'Ecran Masqué
  • : Un blog regroupant les critiques et les articles de deux frères, cinéphiles amateurs mais érudits (un peu, en tout cas)
  • Contact

Compteur de visites

Archives