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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 23:13

                                                 

 - Film américain sorti le 29 décembre 2010

 - Réalisé par Edward Zwick

 - Avec Jake Gyllenhaal, Anne Hathaway, Oliver Platt,…

 - Romance, Comédie

            A New-York, durant les années 90, Jamie est un jeune commercial redoutable dont l'assurance - et le physique avantageux - sévissent aussi bien auprès des femmes que dans l'univers implacable de l'industrie pharmaceutique où, entre antidépresseur et dopants sexuels, il parvient finalement à tout vendre. Mais il y a une personne qui semble insensible aux charmes de Jamie : Maggie. Une jeune femme très séduisante et furieusement indépendante qui, comme Jamie, fuit l'engagement émotionnel, mais pour des raisons très différentes. Elle est atteinte d'une maladie chronique et a décidé de vivre uniquement au jour le jour. Malgré eux, ce qui devait être une histoire sans lendemain va alors s'intensifier. Tous deux vont bientôt voir leurs principes respectifs malmenés et devenir accros à la plus puissante des drogues qui soit : l'amour...

Anne Hathaway. Twentieth Century Fox FranceAnne Hathaway et Jake Gyllenhaal. Twentieth Century Fox FranceJake Gyllenhaal. Twentieth Century Fox France

            C'est la période des fêtes et quoi de mieux pour finir l'année que d'aller voir une comédie romantique pour se détendre avant une rentrée chargée ? Love, et autre drogues (drôle de titre mi-anglais et mi-français qui, espérons-le, ne lancera pas une nouvelle mode chez nos amis les distributeurs) semble un choix tout indiqué puisque la bande annonce laissait penser à une histoire assez classique avec en vedette deux jeunes acteurs doués. Mais si le film suit un schéma assez éculé, de nombreux rebondissements étant connus d'avance puisqu'étant récurrents dans bon nombre de film de ce type, il réserve néanmoins quelques surprises que ne laissaient pas présager la bande annonce, le titre peu engageant et l'affiche ignoble. 

            Edward Zwick n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un auteur, dans le sens où ses films n'ont quasiment jamais rien en commun que ce soit par leur sujet ou la façon dont ils sont mis en scène. Mais on peut plutôt le considérer au même titre que Ridley Scott, à un degré moindre puisque Zwick n'a jamais fait et ne fera probablement jamais de films atteignant le niveau d'un Alien ou d'un Blade Runner, comme un faiseur particulièrement doué. Il a donc une certaine aptitude, louable, à savoir bien illustrer et rendre justice aux scripts qu'il accepte de réaliser. Bien évidemment, rien ne rapproche son Love, et autres drogues aux autres de ses quelques grands faits d'armes que son Le Dernier Samouraï et Blood Diamond. Le film n'entrera clairement pas dans les mémoires puisqu'il ne révolutionne pas le genre et réutilise un certain nombre d'éléments déjà très employés dans d'autres films aux sujets similaires. Mais on peut au moins constater le grand effort d'écriture qui a été fait. Les personnages principaux sont bien caractérisés et ne cèdent à aucun instant à la caricature. La première qualité de Love, et autres drogues est que l'on croit au couple principal et à la crédibilité de leur relation, et qu'à aucun moment on éprouve l'envie d'étrangler les deux personnages principaux comme dans des long-métrages du type Valentine's Day

            La première démarcation du film de Zwick vis-à-vis des productions de ce genre est sa volonté de parler de la sexualité sans tabou. A l'inverse des nombreux long-métrages très prudes sur le sujet (car enquillant les stars et étant produit par les grands studios pour une distribution de masse), Love, et autres drogues parle de sexe sans langue de bois et n'hésite pas à montrer des corps (bien) dénudés. Rien d'obscène, mais juste des scènes de sexe crédibles et passionnées. Et pour le coup, le film de Zwick prend un grand contre-pied par rapport au reste des comédies romantiques grand public, surtout quand on remarque que celui-ci est quand même produit par la 20th Century Fox, réputé pour être un des studios les plus restrictifs en terme de libertés pour le metteur en scène (en plus d'avoir produit un paquet de films consensuels voire franchement ratés ces derniers temps). Preuve s'il en est que Love, et autres drogues est un film plus audacieux qu'il n'y parait. 

            L'autre point fort du long-métrage d'Edward Zwick est son aptitude à jongler savamment entre comédie vraiment drôle et drame très prenant et émouvant. Le premier aspect est en grande partie assuré par Jamie, savoureusement interprété par Jake Gyllenhaal qui se fait ici pardonner de s'être compromis cette année dans la production de Bruckheimer Prince of Persia. Ambitieux, séducteur insensible, beau, il représente à merveille le play-boy fade qui va enfin rencontrer le grand amour qui le changera à jamais. Cependant, Gyllenhaal ne le rend jamais détestable, bien au contraire même puisqu'il en fait un adolescent attachant dans le corps d'un adulte qui se montre pas si expérimenté sur les femmes qu'il en avait l'air de prime abord (excellente scène où, après avoir dit « Je t'aime » pour la première fois, il est pris d'une crise de panique). Il est accompagné de Josh Randall, son frère « geek » très collant qui vient de se faire larguer et qui est joué par Josh Gad (dont le rôle est marrant mais parfois un poil agaçant), et de Bruce Winston, son mentor dans la vente pharmaceutique bien plus complexe qu'il n'y parait et qui est incarné par Olivier Platt. 

            Mais la partie la plus réussie de Love, et autres drogues est lorsque le film lorgne davantage vers le drame. Ce que ne dit pas la campagne marketing, probablement pour ne pas effrayer les potentiels spectateurs qui trouveraient le sujet trop glauque, c'est que le personnage de Maggie, joué par une Anne Hathaway au sommet de sa forme, est atteint de la maladie de Parkinson. On craint un moment une seconde partie et une fin plus à l'eau de rose et tragique, un peu à la Love Story, mais le film de Zwick se montre assez intelligent en se focalisant plutôt sur le questionnement intérieur de Jamie : supportera-t-il la maladie de sa compagne toute sa vie alors qu'il peut être libre et vivre une vie « normale » avec une autre ? Ne passera-t-il pas alors à côtés de ses rêves pour rester « coincer » auprès d'elle car ne pouvant décemment l'abandonner ? De même, Maggie souffre de ce handicap puisqu'elle refuse de pourrir la vie de celui dont elle finit par tomber amoureux. Love, et autres drogues se montre donc bien mieux construit que beaucoup d'autres comédies romantiques opportunistes  se contentant du couple phare dont ils disposent. 

            Love, et autres drogues clôture ainsi cette année sur une note assez décente. Car si le film possède pas mal de défauts, dont beaucoup sont inhérents au genre même de la comédie romantique, et qu'il n'est vraiment pas un « film de mise en scène », il est suffisamment bien écrit et courageux pour mériter le détour. Et puis si vous voulez voir deux jeunes acteurs en pleine possession de leurs moyens et qui ont une vraie complicité bénéfique au long-métrage, au lieu de voir The Tourist, ruez vous vers le film de Zwick. 

* * * * *

Anne Hathaway et Jake Gyllenhaal. Twentieth Century Fox FranceAnne Hathaway et Jake Gyllenhaal. Twentieth Century Fox France

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