Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 21:00
http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/59/47/20102703.jpg

Titre original : Safe

Film américain sorti le 27 juin 2012

Réalisé par Boaz Yakin

Avec Jason Statham, Catherine Chan, Robert John Burke,…

Action, Thriller

Un ancien agent secret sauve une petite fille à la mémoire exceptionnelle, déclenchant ainsi une guerre des gangs entre les Triades, la mafia russe et des policiers new-yorkais corrompus. Tous veulent mettre la main sur l'enfant, la seule à détenir la combinaison d'un coffre-fort très convoité. 

    

Il est peut-être légèrement hasardeux de l’affirmer mais Jason Statham pourrait être perçu comme l’équivalent des vieux Sylvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger aux yeux de la génération 2000s. C’est du moins ce que laisse entendre le dyptique Expendables qui confronte Stallone et Statham dans une sorte de rapport maître/disciple. Cependant la réalité est un poil plus nuancée. Car Statham ne peut pour l’instant pas encore se vanter d’avoir eu un rôle fédérateur voire iconique comme Stallone en a eu dans les années 80 avec le vétéran Rambo ou le boxeur Rocky. Il peut encore moins se vanter d’avoir travaillé avec de grands metteurs en scène, à la différence d’un Schwarzenegger qui avait été engagé par de grosses pointures tels James Cameron, Paul Verhoeven, John McTiernan ou encore Kim Jee-woon.

Au mieux, Jason Statham peut bien se vanter d’avoir intégré quelques castings luxueux chez Guy Ritchie (ce qui n’est pas spécialement glorieux vu le talent extrêmement limité du metteur en scène) ou encore chez Michael Mann pour un quasi caméo dans le magistral Collateral. Un bon réalisateur ayant un point de vue et un style : c’est ce qui manque principalement dans le parcours de Statham qui se contente bien trop souvent de participer à des projets de cinéma certes réguliers mais ayant tout juste assez de pognon pour ne pas passer directement par la case DVD.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/54/45/20026039.jpgSauvetage

C’est là que Safe se démarque d’une certaine façon du reste de sa filmographie. Sur le papier, ce nouveau long-métrage a pourtant tout de la série B avec un concept initial des plus simples. Un agent sur le carreau, cherchant à se venger d’un groupe de mafieux russe qui a assassiné sa femme et l’a contraint à une forme d’exil social, rencontre une petite chinoise surdouée poursuivie par ce même groupe de mafieux, cherchant à récupérer la combinaison d’un coffre renfermant plusieurs millions de dollars, et dont la mémoire est le seul lieu où est encore conservé ce précieux code excessivement complexe. Cela donne évidemment lieu à un « buddy movie » apparemment classique entre deux héros antagonistes : l’un est une petite fille et l’autre est un homme adulte ; l’un a des compétences intellectuelles très développées tandis que l’autre dispose d’une force qui permet de combler les lacunes « physiques » de la jeune gamine.

A eux deux, ils vont pouvoir se compléter l’un l’autre par leur association et devenir une sorte d’ennemi suffisamment dangereux et intelligent pour pouvoir parer la mafia. Une alchimie qui fonctionne à ce point que les deux héros finissent par se gangréner : le personnage de Statham finit par faire preuve d’une intelligence retorse tandis que la petite fille n’hésitera pas à employer les mêmes moyens violents que les adultes. Le tandem fonctionne ainsi très bien et Statham refait preuve d’une certaine présence nécessaire pour ce type d’« actionner » bourrin mais efficace. De même, il est aussi plutôt agréable de revoir des films d’action durant moins de deux heures à une époque où l’on est envahi de blockbusters friqués prétentieux considérant à tort qu’ils ont tellement de choses à dire et à montrer qu’ils tournent à vide sur près de deux heures et demi souvent insupportables. Dans Safe, dont le titre fait référence à la fois au coffre-fort et à la protection de la petite fille, tout est carré, efficace et va à 100 à l’heure. Pas de fioriture ou de dialogues inutiles puisque, si c’est possible, les personnages se définissent et évoluent dans l’action.

De même que pour The Raid, on pourra lui faire le reproche de favoriser l’efficacité à la psychologie de comptoir. Hors les films de Gareth Evans et de Boaz Yakin se déroulent tous les deux sur une courte durée d’à peine plus de quelques heures. A l’exception notable des dix premières minutes de Safe qui introduisent plus qu’efficacement les personnages et les traumatismes qu’ils ont subi et qui sont devenus le moteur de leurs existences. Les deux films accumulent aussi un « body count » assez admirable puisque dans Safe les morts s’enchainent par dizaines pendant près de trois quarts d’heure. Pourtant, l’ambiance n’est pas vraiment à la rigolade et à l’esbroufe décomplexée, bien que quelques « punchlines », marque de fabrique du justicier « bad-ass » et cool, interviennent de temps à autres à la fin d’une scène d’action ou d’un corps-à-corps particulièrement intense.

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/54/45/20035521.jpgRétro

L’atmosphère de Safe se rapproche plus du polar américain musclé comme on en faisait dans les années 70. On pense régulièrement, certes dans une moindre mesure, au génial French Connection de William Friedkin dans la façon que Yakin a de manier la caméra à l’épaule ainsi que dans sa vision de la mégalopole de New York City. La musique de Safe est tellement inspirée des sonorités de l’époque que l’un des thèmes est, à la note près, le même que celui du chef d’œuvre de Friedkin. Le côté « course contre la montre » plaide aussi pour cette impression rétro ainsi que sa violence assez réaliste puisqu’on n’est surement pas dans un film d’action « PG-13 ». Occasionnellement, on retrouve aussi des traces du plus récent mais non moins magistral Die Hard 3 de John McTiernan dans sa description d’un antihéros déchu cherchant la rédemption et dans son utilisation spatiale et ludique de New York pour dynamiser les scènes d’action.

Mais là où le film surprend vraiment c’est dans sa mise en scène qui n’est pas aussi fonctionnelle que l’on pouvait le craindre. Si bon nombre de films d’actions de Statham sont platement illustrés et au service de sa star principale, Safe se démarque en instaurant dans ses séquences de combats et de poursuites quelques audaces inattendues. Deux ou trois plans-séquences viennent ainsi aérer le long-métrage, dont un particulièrement inattendu et réussi dans une voiture où la caméra se sert des rétroviseurs comme autant de points de vue de l’action et restant de cette façon collé à ce que voit le personnage principal. Immersion et efficacité garantie. De même, l’utilisation de la caméra à l’épaule n’est que rarement abusive et la majorité de l’action reste appréciable tout en gagnant cet aspect sec et nerveux qui a été porté à son apogée avec les longs-métrages de Paul Greengrass.

On pourrait donc résumer Safe à la bonne petite surprise de cette fin de premier semestre 2012. Une moitié d’année en demi teinte qui avait vu s’enchainer quelques très grands films pendant ses trois premiers mois avant de laisser la place à un calme plat entaché par quelques superproductions honteuses et ringardes pendant le printemps. Les sorties rapprochées de quelques films jubilatoires comme 21 Jump Street, The Raid ou bien ce Safe indiquent peut-être un nouveau dynamisme chez ce cinéma de divertissement un tant soit peu ambitieux qui avait perdu quelques unes de ses lettres de noblesses après Prometheus ou Dark Shadows. Un signe annonciateur et optimiste pour cet été pourtant assez pauvre en films devant apparemment mêler intelligence du propos, maitrise de la mise en scène et sensations fortes pour le public si l’on excepte The Dark Knight Rises de Christopher Nolan ou Rebelle, le dernier Pixar.

NOTE :  6,5 / 10

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/86/54/45/20026038.jpg
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : L'Ecran Masqué
  • : Un blog regroupant les critiques et les articles de deux frères, cinéphiles amateurs mais érudits (un peu, en tout cas)
  • Contact

Compteur de visites

Archives