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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 00:30

                                                  

 - Film américain sorti le 10 novembre 2010

 - Réalisé par Tony Scott

 - Avec Denzel Washington, Chris Pine, Rosario Dawson,…

 - Action, Thriller

            Un ingénieur et un chauffeur vivent une véritable course contre la montre. Les deux hommes tentent de stopper un train qui transporte des produits dangereux avant que celui-ci ne déraille et répande une flaque toxique qui décimera complètement une ville...


Denzel Washington. Twentieth Century Fox FranceChris Pine. Twentieth Century Fox France

            Après L'Attaque du métro 123 sorti l'année précédente, Tony Scott, décidément en forme, très productif et accumulant un paquet de projets en développement, retourne dans le milieu ferroviaire pour le film d'action Unstoppable avec un pitch des plus minimalistes. Et dans le rôle principal il retrouve le chevronné Denzel Washington, qui signe sa cinquième collaboration avec le cinéaste parmi lesquels on compte Man on Fire et Déjà Vu, accompagné du jeune Chris Pine, révélé par son interprétation du Capitaine Kirk dans le reboot cinématographique de Star Trek par J. J. Abrams.

            Si son frère a été reconnu très (trop ?) tôt comme un petit génie en signant les joyaux que sont Alien et le plus que sublime Blade Runner au début des années 80 avant de n'arriver à réaliser quelque chose d'un tant soit peu marquant qu'une fois tous les dix ans, Tony Scott a, tout le long de sa carrière, été le sujet de quolibets de la part de la presse spécialisée. Tout juste le reconnait-on comme un bon faiseur un peu trop obsédé par les effets de « clips » et qui tomberait souvent dans l'esthétique publicitaire. Certes il n'a probablement pas signé un seul chef d'oeuvre (quoique), à la différence de son frère, mais lui au moins a bâtit une filmographie cohérente dans laquelle il a pu développer un style bien à lui ; alors que Ridley Scott n'a aucune patte visuelle précise et que la réussite de ses films varie surtout en fonction du scénario qu'il illustre. Tony Scott est donc plus « modeste », puisqu'il a quand même osé s'atteler par exemple à un film comme Le Flic de Beverly Hills 2, et Unstoppable semble au premier abord s'inscrire dans cette volonté d'offrir un grand spectacle simple mais honnête.   

            La réalité est bien différente cependant. On pouvait légitimement craindre qu'Unstoppable ne tienne pas la route très longtemps tant sa trame est mince et les possibilités apparaissant comme assez limitées (le train ne pouvant quitter ses rails, il y a moins de liberté qu'avec un autre véhicule). On peut d'abord décrire le dernier film de Tony Scott comme une version ferroviaire du Speed de Jan de Bont. Le concept est similaire : un moyen de transport qui ne peut ou ne doit pas freiner et qui engendre un certain nombre de catastrophes dans tous les endroits où il passe. Et si les films arrivent pourtant à être des réussites dans leur genre c'est d'abord par leur capacité à créer des situations particulièrement tendues et qui ne se sont à aucun moment répétitives. Il n'y a jamais de temps morts mais les scénarios arrivent à ménager quelques séquences de dialogues afin d'approfondir la psychologie des personnages et les rapports qu'ils entretiennent entre eux. 

            Et si on peut regretter un manque de subtilité dans l'écriture de Galvin, personnage assez secondaire et peu sympathique incarné par Kevin Dunn, Unstoppable se révèle être une bonne surprise dans l'ensemble pour ce qui est des personnages. On se retrouve face à un « road movie » classique où deux antagonistes doivent faire équipe et surmonter leurs différences et divergences. Cependant les deux héros ne sont pas écrits à la truelle et vont au-delà des clichés que l'on retrouve trop souvent dans ce genre de film. Chacun a ses faiblesses et ses problèmes et sont loin de l'image d'Epinal du héros classique. Le premier est veuf, oublie l'anniversaire d'une de ses filles, appartient à la classe ouvrière, conduit des trains depuis plus de vingt-cinq ans et s'apprête à être mis de force à la retraite avec une pension dérisoire. Le second est un jeune qui a bénéficié d'un coup de piston et qui est en instance de divorce parce qu'il était d'une jalousie excessive envers sa femme. C'est la plus-value du film de Scott sur les autres productions de genre : son côté « portrait social » d'une partie de la population pas souvent mise en avant dans les grosses productions américaines. 

            Réquisitoire pour la revalorisation des vieux héros jetés à la poubelle dès la première occasion par une administration toujours plus inhumaine et ingrate, Unstoppable n'est pourtant pas un film qui tombe dans les « c'était mieux avant » et « les valeurs se perdent ». Unstoppable est la mise en scène d'une passation de pouvoir entre un jeune homme qui doit apprendre à accepter ses responsabilités, à grandir et un homme, certes âgé, mais qui n'a pas encore dit son dernier mot. Chacun aura donc son quart d'heure de gloire afin de se revaloriser aux yeux de ses proches et de sa hiérarchie. Cependant Unstoppable est avant tout un « film de monstre ». Le train 777 est un monstre mécanique, froid, immense, presque démoniaque de par sa capacité à surgir toujours aux mauvais moments. Un monstre « suicidaire » qui fonce d'une façon irrémédiable vers sa propre destruction et de ce qui l'entoure. Dans le genre, on n'avait pas rendu un véhicule aussi inquiétant et vivant depuis le camion psychopathe du premier chef d'oeuvre de Spielberg, Duel (qui partait lui aussi d'une idée scénaristique des plus simplistes). 

            Mais ce n'est pourtant pas lui le plus inquiétant dans l'histoire. La vraie catastrophe que relate Unstoppable ce n'est pas ce train fou en pleine zone urbaine, mais l'incapacité des autorités et de l'administration à trouver des solutions pour l'arrêter. Toutes les tentatives, parfois vraiment vaines ou absurdes, tombent à plat pendant que les pontes perdent le contrôle de la situation. Le tout étant en plus filmé en direct par une multitude de médias qui recherchent plus le spectacle mélodramatique de la mort et de la violence plutôt que d'essayer de trouver les raisons qui ont entrainé de telles négligences. Par sa mise en scène pertinente qui remet en question le média de la télévision-spectacle, Tony Scott nous pose en voyeur, en téléspectateur d'un drame déshumanisé à coups de prévisions dramatiques et d'images impressionnantes. Les scènes « intimistes », loin de ce que les caméras des journalistes peuvent atteindre, en deviennent donc d'autant plus importantes en donnant une dimension humaine et émotionnelle à cette mésaventure. Et si l'on a le droit de regretter quelques répétitions dans la mise en scène de Scott et quelques plans où le train fou avance bien trop lentement, Unstoppable reste un film d'action contenant quelques unes des scènes les plus intenses de l'année avec, entre autres, un déraillement scotchant et une séquence sur un viaduc qui vous fera frôler la crise cardiaque. 

            Mais s'il est dommage que Tony Scott soit obligé de céder à un « happy end » d'une conventionalité qui contraste avec le reste du long-métrage, son dernier film prouve bien une chose : depuis l'absence forcée de John McTiernan des écrans de cinéma, Tony Scott demeure actuellement l'un des meilleurs cinéastes de films d'action en activité. Clairement, Unstoppable est le meilleur représentant du genre cette année avec Inception

* * * * *

Denzel Washington et Chris Pine. Twentieth Century Fox FranceTwentieth Century Fox France

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commentaires

D
Bravo pour votre critique de unstoppable.<br /> elle est encore valable en 2017.
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