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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 20:12

C’est une question qui agite l’actualité cinématographique ces derniers jours tant les annonces, parfois contradictoires, se sont succédées au sujet du metteur en scène de ce vingt-quatrième épisode de James Bond dans lequel devrait encore jouer Daniel Craig. Si la réponse pourrait ne pas être encore tranchée dans les prochaines semaines, rien ne nous empêche de faire un tour d’horizon des postulants plus ou moins sérieux et avérés pour le poste. Bond 24 ne pourra pas arriver avant au moins l’automne 2014 ; la date la plus probable étant même une sortie courant octobre-novembre 2015.

 

LE PLUS DESIRE

Sam Mendes : C’est pour l’instant le choix le plus probable. Et le fait que les producteurs de la série le harcèlent littéralement n’y est pas pour rien. Le réalisateur oscarisé d’American Beauty, des Sentiers de la Perdition, de Jarhead et des Noces Rebelles n’est pas étranger à James Bond puisque c’est lui qui a mis en scène le dernier épisode, SkyFall. Et dire que ce dernier a été une réussite et qu’il a été très bien reçu relèverait de l’euphémisme. Avec son casting et son équipe de rêve (dont le chef opérateur Roger Deakins qui n’est pas pour rien dans la réussite du long métrage puisqu’il livrait l’une des plus belles photographies du cinéma d’action), Mendes élabora un épisode de haut standing qui fut le premier de la franchise à dépasser la barre du milliard de dollars de recettes au box-office mondial. Il est donc logique que les producteurs essayent de l’appâter à nouveau car on ne change pas une équipe qui gagne, son retour impliquant probablement celui de Deakins et du compositeur Thomas Newman. Néanmoins, Mendes hésite encore à signer. S’il ne souhaite pas quitter l’aventure, il a avoué être un peu « malade » à l’idée de directement rempiler pour trois années de suite. D’autant plus qu’il est occupé par d’autres projets, dont une adaptation théâtrale de « Charlie et la chocolaterie ». Mais il a récemment reconnu qu’il envisageait de nouveau à reprendre son siège de réalisateur. Une position stressante puisqu’il aura la pression de faire aussi bien, sinon mieux, que SkyFall. Ça ne sera pas une mince affaire. Ayant fait ses preuves, on aura du mal à critiquer ce choix, même si l’on peut lui préférer un changement de tonalité qu’impliquerait un nouveau cinéaste.

 

LES AUTRES ANGLAIS

Christopher Nolan : Le metteur en scène de The Dark Knight, d’Inception et du Prestige réalisera tôt ou tard un James Bond. C’est inéluctable tant l’influence de la franchise est forte dans ses derniers films par le biais de citations plus ou moins évidentes. Il a déjà commencé les pourparlers avec les producteurs afin de prendre temporairement les rênes de la franchise. Et ceux-ci ne trouveraient rien à redire : il est anglais (la nationalité est toujours prédominante dans le choix du metteur en scène), il est aimé de la critique, il est adoré par le public, et il a un style bien à lui. L’ennui est double en ce qui concerne Bond 24. Nolan a d’abord d’autres obligations en ce moment. Cet automne, il commencera le tournage de l’épopée de science-fiction Interstellar, prévu à l’origine pour Spielberg, avec Matthew McConaughey qui voyagera dans d’autres dimensions à travers des trous noirs. Cela impliquerait que Bond 24 ne sortent pas avant fin 2015, au mieux, dans le cas hautement improbable que Nolan enchaine directement entre le tournage d’Interstellar et celui du James Bond. L’autre ennui est que, comme tout auteur exigeant, Nolan veut amener à cette occasion son équipe habituelle et souhaite écrire le scénario. Il souhaiterait aussi changer d’acteur afin de faire un nouveau Bond Begins lui donnant les coudées franches pour remodeler l’univers de la franchise à son image. Avec probablement Michael Caine en méchant et Anne Hathaway/Marion Cotillard en Bond Girls. On en salive d’avance, même si la crainte d’une redite avec The Dark Knight et Inception est forte tant Nolan y avait déjà repris les codes « bondiens ». Et pas sûr que son épisode brillerait par sa sensualité, son humour et son exotisme.

Guy Ritchie : Le mieux placé selon les « bookmakers » anglais. Malléable, sans style, mais « cool » (un sous-Tarantino), l’ex de Madonna n’est en rien un grand cinéaste et son choix serait regrettable mais pas surprenant. Il a réalisé deux relectures modernes (et peu mémorables) de Sherlock Holmes avec le duo Robert Downey Jr./Jude Law qui ont remporté un certain succès. Son nom attirerait un casting sans nul doute glamour. De plus, le bonhomme patine avec son film d’espionnage The Man from U.N.C.L.E., qu’il a repris au nouvellement retraité Steven Soderbergh. Tom Cruise devait y jouer le rôle principal mais il vient de faire défaut pour tourner Mission Impossible 5 (il pourrait être remplacé par le nouveau Superman, Henry Cavill… qui faillit être James Bond lors du casting de Casino Royale). L’agenda de Ritchie peut donc se libérer. Pas sûr qu’il faille s’en réjouir.

Matthew Vaughn : On pourrait le voir comme l’inévitable de la période Daniel Craig. C’est en effet ce cinéaste qui révéla l’acteur sur la scène britannique avec le fantastique film de gangster « scorseséen » Layer Cake. Un premier rôle de premier plan qui permit à Craig d’aller chez Spielberg pour Munich et de coiffer au poteau Clive Owen en devenant le nouveau James Bond. Depuis, Vaughn a réalisé un chouette film de super-héros intitulé Kick-ass, adapté du « comic book » de Mark Millar, et le meilleur épisode de X-men à ce jour avec le très « bondien » X-men le commencement. Il a aussi raté de peu la possibilité de mettre en scène le prochain Star Wars au profit du plus consensuel J.J. Abrams. Il travaille actuellement sur le projet d’adaptation d’un autre « comic book » de Millar, plus centré sur l’espionnage et doté d’un humour très « british », intitulé The Secret Service. De là à passer dans le monde de Fleming, il ne pourrait y avoir qu’un pas. Nul doute que Craig tachera de l’approcher et de plaider en sa faveur si le jeu de chaises musicales venait à s’éterniser. Et Vaughn ne semble pas très enclin à refuser une telle proposition.

David Yates : Ce réalisateur est connu pour deux faits de gloire en Angleterre. D’abord pour avoir dirigé la série « Jeux de pouvoir », qui fut ensuite l’objet d’un « remake » américain par l’écossais Kevin MacDonald avec Ben Affleck et Russell Crowe. Ensuite pour avoir réalisé toute la seconde moitié de la série Harry Potter au cinéma (très inférieure qualitativement parlant à la première moitié). S’il a prouvé son aptitude à gérer les gros budgets, il a aussi fait montre d’une absence totale de génie. Mou, ce qui l’a amené à être conservé par les producteurs d’Harry Potter alors que ceux-ci proclamaient auparavant vouloir un réalisateur différent par épisode, les détenteurs de 007 pourraient le choisir pour garder le contrôle de leur franchise. D’autant plus que Yates galère à enchainer sur l’après-Potter avec l’abandon successif de son projet sur Al Capone avec Tom Hardy, son adaptation du « Fleau » de Stephen King, depuis reprise par Ben Affleck, et son drame avec Emma Watson qui s’est vu départir de son actrice principale,…

Tom Hooper : Celui-ci sera approché même s’il est peu probable qu’il soit intéressé. Les producteurs de James Bond, persistant dans cette politique d’un réalisateur anglais à tout prix et peu importe sa médiocrité (sa nationalité suffisant soi-disant à lui faire comprendre ce qu’est 007), ne pourront pas faire l’impasse sur le réalisateur oscarisé du surestimé Le Discours d’un roi. Adepte de la courte-focale et du gros plan, et par extension du manque de rythme et d’audace, Hooper a prouvé son aptitude à s’atteler à de grands sujets avec des films de grandes ampleurs. Cela a donné l’atroce comédie musicale Les Misérables qui parvint miraculeusement jusqu’aux oscars. Peut-être qu’un « blockbuster » comme Bond 24 redorerait son blason terni par cet échec artistique et critique. Pas sûr que la franchise ait besoin d’un si mauvais réalisateur après s’être enquillée cinquante années de « yes men ».

Danny Boyle : Candidat qui aurait pu être très sérieux s’il ne s’était pas échiné à répéter qu’il ne le voulait pas. Approché dès qu’il reçut son oscar pour Slumdog millionaire, Boyle s’est souvent dit flatté mais trop angoissé par la complexité d’un film de studio. Non pas que le bonhomme n’ait pas l’aptitude nécessaire pour s’atteler à un film d’espionnage (il a fait de la S.F., du drame, du thriller, de la comédie, du film d’horreur,…). Mais s’il devait en faire un, ce serait avec un petit budget. Bien qu’il ne ferme pas la porte à toute éventualité (il s’est même amusé à faire ce fameux « clip » lors de la Cérémonie d’ouverture des J.O. de Londres voyant le saut en parachute de 007 avec la reine d’Angleterre), il est peu probable qu’il cède. On pourra en être soulagé, sa filmographie étant loin d’être parfaite, mais on ne peut nier qu’un épisode réalisé par Boyle aurait été au minimum singulier.

Joe Wright : Etonnement, ce nom n’est jamais évoqué alors qu’il apparait comme l’un des plus évidents et surtout l’un des plus souhaitables. Outre le fait qu’il soit le réalisateur anglais le plus talentueux du moment, qu’il sache gérer des films conséquents et que ceux-ci aient été plusieurs fois nommés aux oscars, Wright s’est à la fois montré brillant formaliste et grand directeur d’acteurs. S’il est d’abord connu pour ses magnifiques films à costumes (Orgueil et Préjugés, Anna Karenine et le somptueux Reviens-moi), il a aussi montré son aptitude à faire un film d’action avec Hanna, un mélange entre drame poignant, objet expérimental et divertissement jouissif très inspiré (la baston d’Eric Bana filmée en plan séquence). On peut toujours rêver que les producteurs retrouvent leur bon sens et qu’ils lui confient les manettes d’un épisode (Wright étant un bon ami de Benedict Cumberbatch, cela pourrait amener ce dernier à incarner le « bad guy » comme le sous-entendait certaines rumeurs).

 

LA CINQUIEME ROUE :

Martin Campbell : Il n’est toujours rappelé qu’en dernier recours et sa filmographie est plus qu’aléatoire en termes de qualité. Mais quand il s’agit de James Bond, Martin Campbell semble toujours très inspiré. S’il s’est planté avec des navets comme Green Lantern, Zorro 2 ou encore Hors de contrôle, il s’est toujours montré étonnement convaincant lorsqu’il dirigeait 007. Après les ennuis juridiques qui faillirent couler la licence après Permis de tuer, c’est Campbell qui fut appelé pour remodeler le personnage et le faire entrer dans un monde post-Guerre Froide. Cela donna GoldenEye qui initia brillamment une période Pierce Brosnan qui fut surtout décevante. Quand l’après-Meurs un autre jour se révéla compliqué, c’est lui qui fut appelé pour élaborer une forme de « reboot » de 007 coïncidant avec la première venue de Daniel Craig dans le smoking de l’agent secret. Le résultat, longtemps raillé avant sa sortie, fut une grande claque qui s’est imposée comme l’un des meilleurs épisodes de la saga. Si Campbell ne sera jamais un grand réalisateur, il est un artisan capable pouvant tirer un bon script vers le haut. Du travail propre et sans bavure. Une caution au minimum rassurante.

 

LES CHOIX IMPROBABLES

Nicolas Winding Refn : Le nom suivant est un rumeur qui a surgi récemment lors d’une interview à Cannes voyant le réalisateur de Drive et d’Only God Forgives devenir mutique lorsqu’un journaliste lui annonça qu’il avait lu quelque part qu’il pouvait être en lice pour le poste de metteur en scène sur Bond 24. Si l’arrivée d’un cinéaste aussi particulier que Refn dans la franchise serait une première, il faut la prendre avec beaucoup de pincettes. D’abord parce que Refn n’a visiblement pas très envie d’aller faire un tour dans la grosse production : son « remake » de Logan’s Run patine, son film sur Wonder Woman est au point mort et Only God Forgives détruit sciemment ce que Drive avait pu lui apporter commercialement parlant. Si le choix du cinéaste n’est pas absurde quant à la capacité de ce dernier à filmer les fusillades, les scènes de bagarre et de tension (d’autant plus qu’il s’intéresse en ce moment à l’accomplissement héroïque de figures charismatiques), il devrait considérablement brider sa liberté artistique. Ce que Refn ne concèdera en aucun cas. On peut néanmoins rêver pour deux raisons. Il est très ami avec Mads Mikkelsen, immortel Le Chiffre dans Casino Royale qu’il contribua à révéler. On peut s’imaginer que l’acteur n’a pas tarit d’éloges au sujet de Refn auprès des détenteurs du personnage de 007. Mais la seconde raison est plus forte : Refn travaille actuellement sur une série télévisée, « Barbarella », avec les scénaristes Robert Wide et Neil Purvis qui avaient auparavant écrit tous les scripts de James Bond depuis Demain ne meurt jamais à SkyFall.

Shane Black : Celui-ci est un choix à la fois saugrenu et malgré tout complètement évident. Scénariste de L’Arme Fatale, du Dernier Samaritain et de Last Action Hero, le réalisateur du cultissime Kiss Kiss Bang Bang était tombé en disgrâce avant de revenir dominer le box-office mondial avec Iron Man 3 et son milliard de dollars de recettes. Sachant que Black fait de nombreuses références à James Bond, notamment dans son dernier film, il n’est pas surprenant qu’il soit appelé malgré sa nationalité américaine. Mais il y a plusieurs « hics ». Black est avant tout un brillant scénariste et il n’écrira pas Bond 24, le script étant élaboré par John Logan. Ses aptitudes de cinéaste laissent davantage à désirer. De plus, le succès d’Iron Man 3 lui a permis de lancer son projet d’adaptation de Doc Savage qu’il porte depuis longtemps. Pas sûr qu’il concède à le repousser encore une fois maintenant qu’il a toutes les cartes en main. Enfin, Iron Man 3 était pour beaucoup une déception tant le cynisme et le second degré annihilaient constamment les enjeux de son récit. Black apparait davantage en accord avec la période « cool » et référentielle d’un Roger Moore qu’avec celle, plus dramatique et violente, d’un Daniel Craig (bien que l’alliance des deux styles pourrait potentiellement être intéressante en plus de ne pas être complètement antinomique). Et il n’est pas certain que les fans se réjouiront de voir le parcours rédempteur d’un James Bond alcoolique, accompagné d’un Felix Leiter noir, au cours d’une aventure à base d’hélicoptères et de réveillons de Noël.

Ang Lee : Ce dernier est très étonnant mais il a été annoncé dans la « wish-list » d’Eon qui produit la série. Le cinéaste taïwanais deux fois oscarisé a déjà fait preuve d’un éclectisme admirable (Tigre et Dragon, la romance gay Brokeback Mountain, le drame historico-érotique Lust Caution, le film d’aventure onirique L’Odyssée de Pi). Capable de tirer le meilleur de ses acteurs, sachant maitriser ses récits et n’ayant pas peur de s’atteler à des projets de grande ampleur nécessitant des effets spéciaux novateurs, Ang Lee remplit bon nombre de qualités pouvant faire de son James Bond un épisode somptueux (si Lee est à ce moment-là plus proche de Pi que de Hulk ou de Hotel Woodstock). Mais il est peu probable qu’il délaisse ses péplums épiques en préparation, Cleopatra et le film sur Moïse Gods and Kings que Spielberg devait réaliser, pour une aventure de 007.

 

Au final, ce ne sera peut-être aucun de ceux-là. Dans ce cas, quel autre cinéaste pourrait décrocher le poste ? Lequel est préférable selon vous ? Et pourquoi ?

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commentaires

E
Slt Dimitri,<br /> <br /> Je te trouve très sévère en ce qui concerne Guy Ritchie ce n'est pas que l'ex de madonna c'est aussi le réalisateur de snatch et arnaques crimes et botaniques qui sont deux film mythiques.<br /> En ce qui concerne James Bond j'aimerais une réalisation de Christopher Nolan car c'est incontestablement le réalisateur qui amènerait plus de réflexion au film (memento, inception) tout en conservant le coté action (Batman) pourquoi pas en faire un mind fuck, lui donner une autre dimension.<br /> Mon autre choix relève plus du fantasme mais je suis persuadé qu'un américain tel Fincher serait génial le seul souci c'est qu'il n'a jamais réalisé de film d'action donc se serait une première mais ce type est tellement fort qu'il t'en ferait un chef d'oeuvre.<br /> <br /> ps: J'viens de penser à un truc et si on attendais la sortie de prison de john mctiernan pour qu'il nous en fasse un à la sauce die hard sa le ferait. James Bond pieds nuset en marcel qui tue les méchant sa le fait.
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D
Nolan, je suis assez confiant même si, après Batman, j'aimerai qu'il continue à développer des projets originaux. Et j'ai vraiment peur d'une redite sur certains aspects. Mais je suis quasiment certain qu'il le sera tôt ou tard. Ca le démange vraiment et il remplit absolument toute les qualifications aux yeux des producteurs. A priori c'est finalement bien Sam Mendes qui rempilera et qui réalisera les deux prochains James Bond avec Daniel Craig (et normalement ses derniers). Je vois bien Nolan pour Bond 26 avec l'introduction d'un nouvel acteur.<br /> <br /> Dans l'idéal aussi, les producteurs (pourtant américains) arrêteraient aussi leur fixette sur les cinéastes britanniques. Effectivement, David Fincher sur un James Bond serait cool (je crois qu'il a un temps été prévu pour faire Mission Impossible 3). Sinon, Kathryn Bigelow serait un choix d'autant plus intéressant qu'elle serait la première femme à réaliser un film sur un figure aussi &quot;machiste&quot; que 007. Toujours dans les évidents, je verrai bien un Brad Bird avec Michael Giacchino à la bande originale.<br /> <br /> Pareil pour John McTiernan. A une époque, sachant qu'il avait dirigé Sean Connery et Pierce Brosnan, je me demande s'il n'avait pas été approché dans les années 90. Je suis moins sûr qu'après son séjour en prison, il soit encore désiré par les producteurs sur un tel projet.

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