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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 00:02

                                                    

 - Titre original : Blue Valentine

 - Film américain sorti le 15 juin 2011

 - Réalisé par Derek Cianfrance

 - Avec Ryan Gosling, Michelle Williams, Mike Vogel,…

 - Romance, Drame 

              Dean et Cindy se remémorent les bons moments de leur histoire et se donnent encore une chance, le temps d'une nuit, pour sauver leur mariage vascillant.

Ryan Gosling et Michelle Williams. Films sans FrontièresRyan Gosling. Films sans Frontières

            S'il y a bien une chose qui ne sonne que rarement juste au cinéma ce sont les histoires d'amour. D'autant plus lorsque le metteur en scène entend les aborder de manière réaliste. Comment réussir à se démarquer des innombrables productions ayant le même sujet ? Le metteur en scène, Derek Cianfrance, arrive à surprendre néanmoins alors que son film avait tout du long-métrage agaçant façon « festival Sundance » (par lequel il est passé). Le film ne se complait pas dans une mise en scène réaliste (comprendre sous le sens d'images moches) et misérabiliste.  

            Si le constat final est très amer, Blue Valentine n'hésite pas à montrer les instants joyeux, merveilleux qui permettent de bâtir une relation. Pour cela, le réalisateur construit son film par le biais d'un montage parallèle qui montre à la fois la façon dont le couple s'est créé et comment celui-ci a finit par se dissoudre. Ce montage est particulièrement bien pensé et d'une certaine logique puisqu'il permet d'expliquer par exemple la relation qu'entretient un personnage introduit dans une séquence auparavant. De même, le film sait alterner les points de vue et montrer ce que ressentent les deux protagonistes ce qui lui évite d'être trop centré sur l'un des membres du couple. D'un point de vue visuel, Blue Valentine est aussi réussi avec évidemment une prédominance du bleu et une grande importance donnée aux couleurs chatoyantes, lumineuses au fur et à mesure que le couple se forme, et afin de d'opposer ses séquences à la noirceur et aux ombres qui prédominent lors des scènes de disputes. 

            Le scénario est d'une grande précision et chaque dialogue ou séquence possède une réelle efficacité. On ressent bien le long travail de réécriture sur lequel Cianfrance s'est beaucoup appliqué au point d'écrire plus d'une cinquantaine de versions de cette histoire. Mais si Blue Valentine sonne aussi juste c'est avant tout grâce à l'immense talent de son duo de « jeunes » acteurs. Cela fait quelques temps qu'on le sait : Ryan Gosling est vraisemblablement l'un des acteurs américains les plus talentueux de sa génération. Et Michelle Williams a réussi à se dégager de l'emprise de la série « Dawson » pour s'affirmer comme l'une des actrices les plus intéressantes du moment (elle privilégie quelques projets de films indépendants et apparait dans un second rôle marquant dans Shutter Island de Martin Scorsese).  

            Tous les deux ont été obligé de vivre quelques temps sous le même toit afin de se préparer à leur rôle et à y apporter une forme d'intimité, d'alchimie. En résulte donc un couple très crédible, très juste ce qui confère une force à Blue Valentine que beaucoup de films romantiques n'ont pas. Le long-métrage n'aurait très certainement pas pu être aussi réussi et touchant avec d'autres acteurs. Tous les deux se montrent très impliqués dans leur rôle et arrivent à rendre attachant leurs personnages sans pour autant masquer leurs défauts : Dean a un penchant pour la bouteille qui l'a abimé après quelques années et souffre de quelques tocs ; Cindy a parfois une attitude méprisante et blessante au fur et à mesure que son couple se dégrade. Gosling et Williams, lors de quelques scènes, jouent avec un tel naturel que l'on peut parfois supposer qu'elles découlent de l'improvisation. Il faut aussi noter que cette promiscuité préparatoire amène ainsi les scènes de sexe à être étonnamment réalistes et fortes, le réalisateur n'ayant pas peur d'une certaine explicitation qui les rend plus belles et jamais vulgaires.  

            Le récit de Blue Valentine passe par toutes les grandes étapes d'une relation solide : le coup de foudre (« love at first sight ») que l'on voit du point de vue des deux protagoniste, les moments de séduction qui montre Ryan Gosling à son meilleur niveau de jeu, la « première fois », l'annonce de la grossesse (sûrement l'une des meilleures de l'histoire du cinéma), l'acceptation du statut de parents (d'autant plus compliqué pour le personnage joué par Gosling), le mariage, la jalousie, la routine, la déception, le dernier espoir et la peur de la rupture. Le film passe par tout un spectre d'émotions soutenu par des changements de couleurs et de lumières. Le récit est construit comme une forme de boucle puisque le personnage de Gosling, d'abord victime de la jalousie de l'ancien amant de sa compagne, va finir par agir exactement de la même manière (à agresser physiquement celui qu'il soupçonne d'être le nouvel amant, à espérer une seconde chance qui ne viendra pas) et à ressentir ainsi la même douleur insupportable. L'amour n'est qu'un éternel recommencement, une forme de cycle où chaque partenaire finit par être remplacé par un autre.   

            Blue Valentine est le récit d'un vague espoir. Un espoir qui tire sa force des souvenirs des personnages lorsqu'ils étaient heureux et confiants dans leur avenir. Une illusion qu'ils vont garder encore le temps d'une nuit (la séquence du motel qui se déroule dans une chambre à l'ambiance futuriste où le bleu est encore omniprésent) mais qui finira par éclater au grand jour. Et le déni du personnage de Gosling, venant de l'immaturité qu'il affiche dès la première scène, n'y changera rien. Les dix premières minutes se centrant sur la disparition du chien de la famille est assez symbolique de ce qui va suivre : quelque chose est mort ou s'est perdu en cours de route. Quelque chose qui faisait le ciment de cette famille. Le film retrace la recherche de cette chose qui n'aboutira qu'à un résultat funeste. Il est trop tard. Et le dernier plan, à la fois sublime et terrible, conclura cette histoire sur une note très amère. L'amour, de façon inéluctable, fait souffrir tous ceux qu'il a touché. Mais l'amour n'est pas pour autant un piège puisqu'elle permet la naissance de beaux « fruits » (une petite fille aimante dans le cas-présent). Et toute la beauté de cet amour réside, comme le montre le judicieux générique de fin, dans ces souvenirs de bonheur qui surgissent de la mémoire comme quelques feux d'artifices colorés et éphémères  

            Malgré son côté désespéré, sans illusion, Blue Valentine s'impose comme l'une des plus belles et l'une des plus justes histoires d'amour que le cinéma nous ait proposé ces dernières années. Une histoire qui, malgré sa volonté d'être réaliste et de mettre en scène un couple comme les autres, n'est pas dénué d'une certaine forme romanesque. Et en plus d'une élégante mise en scène et d'un scénario minutieux très émouvant, Blue Valentine est l'occasion de nous montrer un duo d'acteurs magnifiques dont les carrières ne sont pas prêtes de s'arrêter. On retrouvera d'ailleurs bientôt Ryan Gosling dans le Drive de Nicolas Winding Refn et la comédie Crazy, Stupid, Love de John Requa et Glell Ficarra.   

NOTE à 7,5 / 10

Michelle Williams. Films sans FrontièresMichelle Williams & Ryan Gosling. Films sans Frontières

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